Inventaire des archives de la F.E.B. (Fédération des Entreprises de Belgique) et du Comité National Belge de la Chambre de Commerce Internationale, 1897-2007.

Archive

Name: Fédération des Entreprises de Belgique (FEB).

Period: 1897 - 2007

Inventoried scope: 116 linear meters

Archive repository: National Archives 2 - Joseph Cuvelier repository

Heading : Associations

Inventory

Authors: BRION René — HENDRICK Annette — MOREAU Jean-Louis

Year of publication: 2012

Code of the inventory: I 019

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Producteur d'archives

Nom

Fédération des Entreprises de Belgique (F.E.B.), en néerlandais : Verbond van Belgische Ondernemingen (V.B.O.).

Historique

Création d'une fédération interprofessionnelle patronale en 1895

En 1895, la situation économique s'améliore lentement, au terme d'une crise économique qui a duré quelque 20 ans. Cette crise a vu naître ou se développer les innovations techniques qui ont assuré le démarrage de la deuxième révolution industrielle (industrie de l'électricité et nouvelles applications de la chimie). La structure sociale du pays atteint à cette époque un point de non-retour : la fraction de la population active occupée dans l'industrie dépasse désormais celle occupée dans l'agriculture.

Cette période de crise a été marquée par des événements sociaux d'une gravité exceptionnelle. L'opinion publique et les partis politiques chrétiens et libéraux prennent brusquement conscience de l'acuité de la question sociale. Deux organismes tripartites sont créés en 1892, le Conseil Supérieur de l'Industrie et du Commerce et le Conseil Supérieur du Travail. Les premières lois sociales sont votées ; elles concernent notamment l'abolition du " truck system ", l'incessibilité et l'insaisissabilité des salaires et le travail des femmes et des enfants.
En 1894, les premières élections législatives sous le régime du vote plural aboutissent à l'entrée massive de mandataires socialistes au Parlement. Ce succès de la gauche oblige le gouvernement (de majorité catholique) à pratiquer une politique sociale interventionniste. Mais les initiatives des pouvoirs publics sont perçues par les patrons comme des immixtions injustifiables dans la vie des entreprises. L'efflorescence de nouvelles réglementations sociales s'accélère après 1895, date de la création du ministère de l'Industrie et du Travail. C'est dans le cadre des débats qui ont amené la formation de ce nouveau département ministériel que le patronat belge a ressenti la nécessité de créer une association commune, qui serait son porte-parole et lutterait contre le " socialisme d'État ", autrement dit l'interventionnisme débridé de l'administration en matière sociale.

Jusque-là, l'organisation professionnelle des entreprises industrielles était structurée par secteurs ou par régions. C'est à quelques-uns de ces groupements sectoriels et régionaux que revient l'initiative de la création d'une confédération nationale. Le 13 février 1895, le C.C.T.I. (Comité Central du Travail Industriel) est formé comme organisation intersectorielle du patronat industriel belge. Il est fondé par 183 entreprises, déjà affiliées à huit syndicats industriels. Ceux-ci représentent essentiellement trois branches de l'industrie lourde : l'extraction houillère, la sidérurgie et l'industrie du verre. Le C.C.T.I. se donne pour objectif d'assurer la défense des intérêts généraux de l'industrie et des ouvriers qu'elle emploie. Dès son origine, l'étude, la définition de positions communes et l'information constituent ses fonctions essentielles.

L'étude tout d'abord. Le C.C.T.I. examine et discute, sans préjugé d'ordre politique, les projets de lois qui seraient de nature à influer sur la production industrielle nationale. Elle doit mener d'abord un travail de documentation, de réflexion, de débats internes entre les représentants des différentes fédérations sectorielles affiliées. Puis, pour éclairer l'opinion publique et diffuser ses prises de position, la fédération interprofessionnelle patronale use de différents moyens. Dès sa création, elle publie un bulletin, adressé d'office à la presse, aux hauts fonctionnaires de tous les ministères et à la majeure partie des parlementaires. D'autre part, le C.C.T.I. organise des cycles de conférences et n'hésite pas, le cas échéant, à mener de véritables campagnes de propagande, suivant au jour le jour les débats parlementaires, distribuant des tracts, opposant " aux erreurs et hérésies " des députés " l'implacable logique des chiffres ". Sous certains aspects, son programme de travaux est très proche de ce qu'on attend aujourd'hui encore d'une fédération interprofessionnelle. Il s'agit notamment " 1° [des] rapports à établir et entretenir avec les départements ministériels, et notamment avec la direction de l'Office du Travail, pour être au courant des études, projets de lois, propositions, arrêtés royaux ou ministériels, réclamations de patrons et d'ouvriers, Conseils de l'Industrie et du Travail, et en général de tout ce qui intéresse les industries représentées par le Comité ; 2°, [des] relations à établir dans le pays et à l'étranger, avec les associations, les comités locaux et groupes qui s'occupent des questions qui font l'objet des études du Comité Central... ".

Dès sa création, le C.C.T.I. se pose en conciliateur social et pas exclusivement en un organe de combat. C'est ainsi que le 20 février 1895, lors d'une entrevue avec le ministre des Travaux publics Léon de Bruyn, les représentants du C.C.T.I. lui exposent " le but de conciliation et de pacification entre patrons et ouvriers qu'ils se proposent de poursuivre. Ils ont rappelé les conditions de solidarité qui existent entre des intérêts qu'on s'efforce de présenter comme opposés et contradictoires et combien le bien-être des classes laborieuses est fatalement lié à la prospérité des industries. Dans ce moment de crise intense, le devoir de tous est d'abord d'assurer une entente intime qui permette de lutter avec succès contre la concurrence étrangère et de forcer par la perfection et le bon marché des produits, l'entrée des marchés voisins et exotiques malgré les barrières que la protection à outrance ne cesse de nous opposer ". Néanmoins, le C.C.T.I. n'envisage pas la conciliation comme une négociation entre des forces organisées. Il se fait le ferme défenseur de la liberté individuelle et s'oppose absolument à toute forme de contrat collectif, car il répugne à donner une trop grande rigidité au contrat de travail. Les quelques conventions passées avant la Première Guerre mondiale ne règlent guère que la question du montant des salaires.

L'élargissement de la fédération interprofessionnelle patronale durant ses 40 premières années d'existence

À sa création, le C.C.T.I. n'était pas représentatif de l'ensemble de l'industrie belge, loin s'en faut. En 1907, la Fédération des Constructeurs, créée l'année précédente par une trentaine d'entreprises de construction métallique, s'affilie à la fédération interprofessionnelle patronale. Et l'adhésion, six ans plus tard, de trois fédérations du secteur textile va augmenter encore la représentativité de la fédération, notamment dans le nord du pays. Pour marquer d'ailleurs cette évolution, le C.C.T.I. change de nom et devient en 1913 le Comité Central Industriel (C.C.I.). Celui-ci regroupe désormais des délégués de 14 associations patronales, représentants elles-mêmes 301 entreprises.

La Première Guerre mondiale va déboucher sur un renforcement sensible de l'organisation du mouvement interprofessionnel patronal. Convaincus de la nécessité de relancer le plus rapidement possible l'économie nationale, les patrons belges, ou du moins les représentants de la grande industrie, tentent de donner un caractère beaucoup plus systématique à l'organisation des différents secteurs de la production. Un regroupement des fédérations existantes en branches industrielles devrait faciliter selon eux une rationalisation plus poussée, voire la cartellisation de la production et de la vente des produits manufacturés.

Le C.C.I. va jouer un rôle moteur dans l'élaboration de ce projet, notamment pour circonscrire les sphères d'activités des différents secteurs industriels ou " groupements " et pour déterminer des positions communes. Ce sera également pour lui l'occasion d'accroître sa représentativité à l'ensemble du monde industriel belge. Au total, 17 " groupements " sont constitués, pour les secteurs du charbon, de la fabrication du coke, des carrières, de la métallurgie, des métaux façonnés, de la céramique, du verre, de la chimie, des industries alimentaires, de la construction, du bois, des cuirs et peaux, des transports et services publics, du papier, du textile et du vêtement.

Fin 1918, la structure du C.C.I. est remaniée. Sauf exceptions, les affiliations des entreprises sont désormais indirectes : ce sont les fédérations sectorielles elles-mêmes qui s'affilient. Les cotisations sont perçues par le C.C.I. auprès des associations affiliées. L'assemblée générale est formée par les délégués des fédérations (78 délégués pour représenter 57 associations sectorielles et 31 sous-groupements). Les membres du conseil d'administration sont au nombre de huit et nommés de façon à représenter les principaux secteurs industriels du pays.

Mais cette restructuration de l'organisation professionnelle va susciter les appréhensions des petites et moyennes entreprises, qui craignent l'influence de la grosse industrie dans les groupements sectoriels. Des débats houleux s'ensuivront. En quelques années, le rôle des groupements sectoriels va aller en s'amenuisant, tandis que le nombre de fédérations sectorielles très spécialisées ne va cesser d'augmenter jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. En 1927, avec 125 fédérations sectorielles affiliées représentant plus de 3.000 firmes, le C.C.I. représente pratiquement l'ensemble de la grande et de la moyenne industrie du pays. Dix ans plus tard ces chiffres se sont encore accrus : le C.C.I. compte alors 179 groupements affiliés, dont 160 fédérations professionnelles et 19 associations interprofessionnelles régionales. Au 9 mai 1940 enfin, il " chapeaute " 330 groupements affiliés, dont 308 fédérations et associations professionnelles et 22 chambres de commerce. Cette multiplication des associations patronales est liée directement à celle des commissions paritaires dans les années 1935-1939.
À la veille de la guerre, plusieurs fédérations sectorielles ne sont pas encore affiliées au C.C.I. Certaines d'entre elles sont affiliées à une association interprofessionnelle catholique, l'Algemeen Christelijk Verbond van Werkgevers (A.C.V.W.). Fondée en 1926, cette fédération et l'Association des Patrons et Ingénieurs Catholiques (A.P.I.C.), créée en 1920, sont inspirées par l'encyclique " Rerum Novarum " et fédérées au sein de la Fédération des Patrons Catholiques (Fepac). Par ailleurs, une autre association interprofessionnelle, le Vlaams Economisch Verbond (V.E.V.), s'est constituée en 1926 dans le but de promouvoir le devenir économique de la Flandre. Ces deux associations ont dès l'entre-deux-guerres des contacts avec le C.C.I., en vue de collaborations ponctuelles ou systématiques.

L'avènement des conventions collectives après 1919

Au lendemain de la Première Guerre, la Belgique est frappée par un important mouvement de grèves, spécialement dans la métallurgie et les charbonnages. Les revendications des grévistes sont le doublement des salaires, l'obtention immédiate de la journée des huit heures et la reconnaissance syndicale. Le gouvernement s'interpose comme médiateur entre les ouvriers et les patrons. Dans le cadre d'un cabinet d'union nationale, le ministre (socialiste) de l'Industrie et du Travail, Joseph Wauters, invite fermement les deux parties à se soumettre à un arbitrage. En avril 1919, après quatre mois d'agitation, deux " commissions d'études " nationales sont mises sur pied pour organiser la réduction de la durée du travail dans les usines sidérurgiques et dans les mines. Ces deux organismes sont les prototypes des commissions paritaires modernes. De 1919 à 1922, 17 commissions paritaires sectorielles sont créées. Le mouvement se ralentit ensuite, dans un contexte économique défavorable.

La grande concession à laquelle le patronat a dû se plier, en acceptant de siéger au sein des commissions paritaires, c'est d'y négocier directement avec des syndicats ouvriers considérés comme représentatifs. Ceux-ci sont désormais appelés à jouer officiellement un rôle dans la législation économique et sociale. Au sein des commissions paritaires, ils sont amenés à négocier des questions aussi importantes que celle de l'indexation automatique des salaires ou l'application de la loi du 14 juin 1921, instaurant la journée des huit heures. Les commissions deviennent le lieu par excellence où se négocient les conventions collectives sectorielles. Les chefs d'entreprises s'efforcent néanmoins de limiter strictement la compétence des commissions et de réduire autant que possible la durée des conventions conclues en leur sein, de façon à garder un maximum de flexibilité dans les conditions de travail.

Globalement, l'attitude du patronat vis-à-vis de la législation sociale reste très critique. Respectueux de l'ordre établi, il s'efforce de suivre scrupuleusement les règles qui lui sont imposées. Mais il déplore les entraves apportées aux nécessités de l'exploitation industrielle, notamment par une application exagérément sévère de la loi des huit heures, qui place l'industrie belge dans des conditions plus difficiles que celles des autres pays. Il dénonce sans relâche les dangers de la semaine légale des 40 heures. Celle-ci sera néanmoins mise en application en 1936 lors des premiers accords interprofessionnels passés en Belgique. Le 17 juin 1936, le C.C.I. est appelé à participer, au nom de l'ensemble de l'industrie, à la première Conférence Nationale du Travail. Alors que le C.C.I. n'avait jusque-là jamais négocié directement la solution de problèmes sociaux, il se trouve d'un seul coup plongé dans l'ère de la concertation sociale. Son rôle représentatif s'en trouve nettement élargi. Sous l'impulsion du gouvernement, les commissions paritaires connaissent ensuite un regain d'activité. Elles s'attachent notamment à négocier par branche d'industrie l'application des lois sociales nouvelles et des augmentations salariales. Fin novembre 1938, il en existe 155, soit nationales, soit régionales. L'ère des conventions collectives a cette fois bel et bien commencé.

Les fondements de la sécurité sociale dans l'entre-deux-guerres

Au XIXe siècle, sous un régime de laissez faire, laissez passer général, l'État n'intervenait pas dans l'organisation ou le financement des différentes formes de prévoyance sociale que nous connaissons actuellement. À partir de la crise sociale de 1886, l'État commence à subsidier, moyennant certaines conditions, les caisses de retraite et les sociétés de secours mutuels. La première intervention coercitive de l'État en matière de prévention sociale remonte à 1903, date de la loi sur la réparation des accidents du travail. En 1911, une seconde loi rend obligatoire l'assurance vieillesse des ouvriers des mines. Le développement des assurances sociales obligatoires se poursuit durant l'Entre-deux-guerres.

Le C.C.I. est opposé à l'essor de cette législation, estimant qu'elle porte atteinte à la liberté individuelle et que les charges qu'elle engendre pour l'industrie handicapent la compétitivité des entreprises belges. Il demande qu'on tienne compte de la précarité de la prospérité industrielle lorsqu'on donne aux conquêtes sociales un caractère permanent en les consacrant par une loi. Et de réclamer un " équilibre entre la variabilité du profit des entreprises et la fixité des charges sociales obligatoires ".

Pour battre en brèche l'influence des syndicats dans le domaine de la prévoyance sociale, les patrons créent eux-mêmes des mutualités et des caisses de chômage au sein de nombreuses entreprises. Mais, le succès de ces initiatives patronales restera mitigé. Par contre, l'essor des allocations familiales est dû pour une part essentielle à l'initiative du patronat. Les caisses d'allocations familiales sont apparues immédiatement après la Première Guerre mondiale et leur essor a été stimulé par une propagande délibérée du C.C.I. lui-même. C'est d'ailleurs sous les auspices du C.C.I. qu'est créée l'Association des Caisses d'Allocations Familiales. En 1929, cette fédération regroupe 44 caisses de compensation, comportant 3.800 firmes affiliées, avec près de 600.000 ouvriers inscrits. La même année, le Parlement vote une loi rendant les allocations familiales obligatoires.

Au total, l'évolution des assurances sociales dans les années 1930 préfigure la conclusion d'un accord complet de sécurité sociale en 1944.

L'action du C.C.I. en faveur de l'ouverture des marchés durant l'entre-deux-guerres

Au point de vue commercial, l'entre-deux-guerres se caractérise par la volonté des gouvernements européens de rétablir la libre circulation des personnes et des capitaux qui prévalait avant 1914. La Belgique, qui est bien trop petite pour envisager de vivre en autarcie, avait profité plus que tout autre pays de ce régime de liberté commerciale. Aussi la voit-on après la guerre œuvrer activement au rétablissement du libre-échange. Sur ce point, le C.C.I. soutient la politique du gouvernement. En 1927, il applaudit à proclamation, par la Conférence économique internationale de Genève, de la nécessité de mettre fin à l'accroissement des tarifs douaniers ; et il approuve le vote de la convention internationale pour l'abolition des prohibitions et des restrictions à l'importation et à l'exportation. Dans les années 1930, il encourage aussi les prémisses de l'unification économique de l'Europe.
Malgré ces efforts, d'importantes distorsions se maintiennent dans le régime des échanges internationaux. Sur le plan des exportations belges, la période 1920-1930 marque déjà une réduction sensible par rapport au début du siècle. Et ce n'est pas faute de propagande ! Dès cette époque, à la requête du C.C.I., des délégués des fédérations sectorielles accompagnent des missions économiques officielles à l'étranger. Le C.C.I. organise aussi ce qu'on appellera plus tard le " corps diplomatique " de la fédération patronale, c'est-à-dire son réseau de correspondants à l'étranger, chargé de suivre la marche des affaires dans le monde entier et d'indiquer les possibilités d'expansion du commerce belge. Dans les années 1930, les industriels belges sont obligés d'adapter leur doctrine libre-échangiste aux contingences du temps. Devant l'augmentation démesurée des droits de douane, les entraves aux importations décrétées par les pays susceptibles de représenter des débouchés, le développement du nationalisme économique sous ses formes extrêmes, il a fallu qu'ils organisent une stratégie défensive et protectionniste contraire à leurs traditions. Le C.C.I. n'a pu ni voulu empêcher le gouvernement national de relever les droits de douanes sur un nombre sans cesse croissant de produits à la demande d'ailleurs des fédérations sectorielles elles-mêmes.

L'intervention de l'État dans l'économie durant les années de crise

La crise des années 1930 provoque indirectement un renforcement sensible des interventions de l'État dans l'économie. Bien sûr, on peut trouver de nombreux précédents, qui attestent du développement progressif de la politique économique des pouvoirs publics depuis le XIXe siècle. Quelques étapes de ce processus sont : la création du Crédit Communal, en 1860, et de la Caisse Générale d'Épargne et de Retraite, cinq ans plus tard ; le rachat des chemins de fer à partir de 1870 environ ; la fondation de la S.N.C.V. (en 1884) ; puis celle de la S.N.C.I. en 1919, avec le soutien d'ailleurs du C.C.I.

Dans le domaine du contrôle des prix, la crise a aussi entraîné l'État dans un interventionnisme plus systématique. À partir de 1935, les prix à l'exportation sont bloqués à leur niveau antérieur à la dévaluation monétaire, niveau exprimé en francs d'avant la dévaluation. Le but poursuivi est double : éviter d'une part de donner prise à l'accusation de dumping que pourraient former certains états étrangers, ce qui pourrait provoquer une surenchère entre états concurrents sur les marchés internationaux, et d'autre part, maintenir une certaine rentabilité des entreprises par l'augmentation des profits en francs. Quoique le C.C.I. ne conteste pas le bien-fondé de ces mesures, il considère que seules des circonstances exceptionnelles ont pu entraîner l'intervention du gouvernement dans cette matière.

Mais pour le C.C.I., les interventions directes de l'État dans la production industrielle représentent un danger plus considérable encore pour l'économie de marché que son intervention dans le domaine des prix. Or, en 1933, décidé à venir en aide à certaines entreprises en difficultés, l'État crée le Comité A.N.I.C. (Association Nationale des Industriels et Commerçants) et fait passer une loi permettant l'utilisation d'un portefeuille détenu par l'État. Le C.C.I. craint que le gouvernement, " en s'appuyant sur une documentation essentiellement théorique ", ne s'érige en juge " au point de savoir quelles industries nouvelles on pourrait éventuellement faire naître, et moyennant quels encouragements ". La fédération patronale estime que l'État contractera nécessairement des obligations au moins morales envers les entreprises appelées par lui à la vie, son prestige sera lié à leur succès et il risque d'être entraîné à des interventions de plus en plus larges et peut-être de plus en plus onéreuses, jusqu'à l'échec final.

Dans les années 1930, un important mouvement doctrinal se développe, favorable à l'organisation corporatiste de l'économie. Cette tendance s'accentue surtout après l'octroi au Roi, en 1934, de pouvoirs étendus dans le domaine économique. L'arrêté royal du 13 janvier 1935 prévoit la possibilité d'établir une réglementation de la production et de la distribution en permettant aux groupements professionnels de producteurs de demander au gouvernement l'extension, à toutes les entreprises de leurs branches, de certains obligations restrictives auxquelles leurs membres se sont soumis, que ce soit en matière de production, de distribution, de vente, d'exportation ou d'importation. Il faut noter par ailleurs que le C.C.I. encourage explicitement dans les années de crise " les ententes régularisatrices de la production ". La déclaration ministérielle du 24 juin 1936 consacre le principe d'une législation d'ensemble sur l'organisation des professions. Il s'agit " de systématiser et régulariser la collaboration et la liaison entre les organes politiques et les forces économiques ". Une série de projets de lois et de propositions voient le jour. Le C.C.I. se déclare exempt de toute hostilité préconçue à l'égard de l'essai de réglementation proposé par le Gouvernement mais s'attache à rechercher si les sacrifices demandés à la liberté des industriels seront compensés " par les avantages pouvant dériver d'un développement de la discipline professionnelle ou de l'amélioration escomptée des relations du travail ".

L'élaboration d'un pacte social pendant la Seconde Guerre mondiale

Comme pendant les années 1930, de nombreuses voix se font entendre durant la Seconde Guerre mondiale en faveur d'une organisation professionnelle plus rationnelle et plus dirigiste. En 1943-1944, alors que l'issue de la guerre se rapproche, un débat s'engage entre les principaux chefs de file des organisations patronales sur la forme que devrait prendre l'organisation professionnelle après la victoire.

" Selon une première thèse, l'organisation professionnelle constituerait un moyen de réaliser une réforme profonde de notre vie politique. C'est, sous un autre nom, du corporatisme ou du précorporatisme. Les assemblées de producteurs, d'ouvriers, de consommateurs, représenteraient réellement, en fait ou en droit, un quatrième pouvoir. Certains voient dans l'organisation professionnelle, vue sous cet angle, la panacée qui changera l'atmosphère des relations sociales, ce mot étant pris dans son sens le plus large... ".

" Selon une autre thèse, l'organisation professionnelle doit être comprise plutôt comme une organisation d'ententes de producteurs au sens le plus large. Que cherchons-nous en effet? Nous cherchons à remettre la Belgique au travail dans une atmosphère d'ordre et de paix sociale. Nous savons bien que dans un monde appauvri, il est impossible de laisser repartir l'économie sans discipline. Faute de celle-ci, nous retomberions dans les exagérations commises après l'autre guerre en matière de prix, d'investissements nouveaux, de salaires... ".

L'industriel Léon Bekaert, à l'époque chef du groupement principal des fabrications métalliques (plus tard Fabrimétal), veut donner la priorité à la paix sociale. Il estime nécessaire d'ouvrir aussi vite que possible un dialogue réel entre patrons et syndicats. Dès 1941, il prend contact avec d'autres patrons. Son groupe de travail, connu sous le nom de " commission Bekaert ", étudie ce que pourraient être les rapports sociaux dans une économie de paix restaurée. Sans vouloir imposer partout le système de comités d'usines qui existait de longue date dans un certain nombre d'établissements, la commission Bekaert prône néanmoins leur généralisation, de façon à promouvoir la confiance dans les rapports entre la direction et le personnel.

L'institution de conseils d'entreprises est également prévue dans le projet de " Pacte de Solidarité Sociale " élaboré pendant la guerre par Georges Velter et Paul Goldschmidt-Clermont. Ceci mérite quelques précisions.

Avant la guerre, Velter et Goldschmidt étaient délégués patronaux au sein de l'O.N.P.C. (Office National du Placement et du Chômage). Ils y avaient noué des rapports étroits avec certains syndicalistes qu'ils retrouvent pour des conversations informelles pendant la guerre. Ensemble, ils rédigent un mémoire concernant " les principes et méthodes de collaboration paritaire " (1942). Par la suite, ces conversations s'orientent sur le thème des assurances sociales. À ce moment, Velter et Goldschmidt se tournent vers le C.C.I. pour lui demander la position des patrons dans ce domaine. Au début de 1943, le gouverneur de la Société Générale, Alexandre Galopin, estime qu'il y a danger à évoquer la sécurité sociale en dissociant cette question de celle des salaires. Le 2 février 1943, Gaston Blaise, vice-gouverneur à la Générale, demande à Gustave-Léo Gérard, administrateur-directeur du C.C.I. et membre de la commission Bekaert, s'il n'est pas possible d'élaborer une position patronale en matière de salaires. Gérard se fait prier, parce qu'il tient à ce que le C.C.I. lui-même dialogue avec les syndicats. Velter et Goldschmidt continuent alors leurs conversations sous le seul mandat d'informateurs et, le 2 octobre 1943, ils remettent un rapport résumant leurs entretiens avec les syndicalistes. Les 1er et 8 décembre 1943, deux réunions de première importance du Comité Permanent élargi du C.C.I. se déroulent sur la question des assurances sociales. Alexandre Galopin insiste à nouveau pour que soit abordée la question des salaires. Cette fois, Velter et Goldschmidt reçoivent le mandat d'aborder cette question avec les " économistes ouvriers ". Il s'agit d'élaborer de commun accord une méthode quant à la détermination des salaires, et de réfléchir à l'organisation de l'économie dans l'immédiat après-guerre.

Le 20 avril 1944, coup de théâtre : Georges Velter et Paul Goldschmidt déposent au C.C.I. un projet complet de pacte de solidarité sociale, qui va nettement plus loin que les seules questions de salaires et d'assurances sociales. Le préambule du pacte présente l'esprit nouveau qui devrait présider désormais aux relations entre travailleurs et employeurs. " Les travailleurs respectent l'autorité légitime des chefs d'entreprises et mettent leur honneur à exécuter consciencieusement leur travail. Les employeurs respectent la dignité des travailleurs et mettent leur honneur à les traiter avec justice. Ils s'engagent à ne porter, directement ou indirectement, aucune entrave à leur liberté d'association, ni au développement de leurs organisations ". Cette reconnaissance des syndicats ouvriers ne sera plus jamais remise fondamentalement en cause. Le pacte insiste également sur " la restauration ou l'instauration de méthodes de collaboration paritaire entre les organisations d'employeurs et organisations de travailleurs ". C'est dans l'esprit d'une collaboration " franche et loyale " que la fédération interprofessionnelle patronale et les syndicats ouvriers abordent l'après-guerre. Les délégations syndicales deviennent les interlocuteurs privilégiés du patronat, que ce soit à l'échelle de l'entreprise (reconnaissance des délégations syndicales en 1946), à l'échelon sectoriel (renforcement du rôle des commissions paritaires) ou interprofessionnel.

La création de la F.I.B. (Fédération des Industries Belges) en 1946


Un nouvel ordre économique est établi dans les années qui suivent la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il recevra le nom d'" économie sociale de marché " et se caractérise à la fois par de nouvelles tentatives pour rétablir le libre-échange à l'échelle internationale, un régime d'économie de concertation et par un système de solidarité sociale.

Libre-échangisme international tout d'abord. Sous l'égide des États-Unis de nouvelles institutions internationales sont créées dans le but de restaurer la libre circulation des marchandises et des services. C'est l'objectif assigné au Fonds Monétaire international, au G.A.T.T., à l'Organisation Européenne de Coopération Économique, à l'Union Européenne de Paiements... Parallèlement, les États-Unis fournissent aux États affaiblis par la guerre des moyens substantiels pour le redémarrage de leur économie : c'est le plan Marshall.

La politique économique a été également sensiblement revue, essentiellement pour tenir compte de l'expérience pénible subie par l'économie capitaliste durant la crise des années 1930. Il est désormais admis que l'État peut organiser la lutte contre la dépression par l'élaboration de programmes de travaux publics, voire d'une certaine planification de l'économie. Mais l'intervention régulatrice des pouvoirs publics va rapidement dépasser la lutte contre les crises. Elle va devenir un mode d'organisation de la croissance. En cela, cette évolution est directement liée au règlement de la question sociale.

Sur le plan social, l'État reconnaît la nécessité d'une concertation des partenaires sociaux et l'encourage par la constitution d'une gamme d'organismes nouveaux comme le Conseil Central de l'Économie (1948) et le Conseil National du Travail (1952).

Le patronat se devait d'adapter ses structures à la nouvelle donne économique et sociale. En avril 1946, le C.C.I. est dissout mais ressuscité aussitôt dans un organisme nouveau, le Fédération des Industries Belges (F.I.B.). Son objet social est notamment de " rechercher, avec les pouvoirs publics et les organisations syndicales de travailleurs fédérés sur le plan national et interprofessionnel, toutes solutions permettant le maintien et le développement de la paix sociale et de la prospérité économique du pays ".

Par ailleurs, la création de la F.I.B. répond aussi au besoin de créer une structure renforcée du patronat en vue d'une certaine institutionnalisation du dialogue entre l'État et les organismes représentatifs de l'activité économique. Pour s'affirmer comme l'interlocuteur valable, les fondateurs la F.I.B. passent des accords avec le V.E.V., le Conseil Économique Wallon et la Fédération des Patrons Catholiques de façon à assurer un caractère représentatif indiscutable au nouvel organisme.

La F.I.B. s'est également fixé comme objectif de représenter l'industrie toute entière. Cela suppose notamment une évolution dans son attitude vis-à-vis des petites et moyennes entreprises. Elle s'efforce notamment d'assurer en son sein une meilleure représentation des P.M.E. Cette tendance se concrétisera en 1959 par la création d'une commission de la F.I.B. spécialisée dans les problèmes rencontrés par ce type d'entreprises. Cette " commission P.M.E. " sera restructurée en 1971. À cette date, les petites et moyennes entreprises (moins de 10 et 50 travailleurs) représentent 80% de l'ensemble des entreprises affiliées aux fédérations sectorielles.
Par ailleurs, un dialogue est instauré avec les entreprises de services. Celles-ci sont confédérées à partir de 1947 au sein d'un comité informel, qui devient six ans plus tard la Fédération des Employeurs du Commerce, des Banques et des Assurances (Fédération CBA). Un comité de liaison entre F.I.B. et la Fédération CBA est créé en juin 1957. À cette occasion cette fédération change de nom et devient la Fédération des Entreprises Non Industrielles de Belgique (F.E.N.I.B.).

L'effort de coordination de l'ensemble des organisations patronales s'étend également aux fédérations régionales et aux fédérations de classes moyennes. À partir d'avril 1957, des réunions " interpatronales " ont lieu entre représentants de la F.I.B., du V.E.V., de l'Union Industrielle Wallonne (créée en 1954), de la Fepac et de la F.E.N.I.B. sur des questions comme les prélèvements fiscaux ou la majoration des charges sociales.

La sécurité sociale dans le troisième quart du XXe siècle

Le système " belge " de sécurité sociale reste étroitement lié aux principes qui prévalaient avant guerre : il demeure, du moins dans les premières années de l'après-guerre, exclusivement lié au travail et au salaire. Il ne concerne d'ailleurs dans un premier temps que les citoyens travaillant comme ouvrier ou employé. La formule imaginée par les négociateurs du pacte social reste fortement entachée d'empirisme et ne constitue en aucune façon une table rase du passé. Deux différences essentielles toutefois avec la situation qui prévalait avant guerre : d'une part, l'assurance maladie-invalidité et l'assurance-chômage viennent s'ajouter, parmi les branches obligatoires, à l'assurance vieillesse-décès prématuré et aux allocations familiales ; d'autre part, le financement de la sécurité sociale est désormais assuré par un organisme unique, l'Office National de Sécurité Sociale (O.N.S.S.), qui centralise des cotisations ouvrières et patronales beaucoup plus élevées qu'avant guerre. Pour la F.I.B. - et cette critique revient de façon récurrente dans la bouche de ses porte-parole - le défaut fondamental du système mis en place en 1944 est d'avoir amoindri la responsabilité des assujettis à la sécurité sociale dans le financement de l'O.N.S.S. En somme, la F.I.B. estime que les flux financiers qu'entraîne la mise en place du réseau d'assurances sociales déresponsabilise ceux qui en bénéficient mais accroît dans des proportions trop importantes les charges de ceux qui la financent : l'État et les entreprises. Et la fédération patronale interprofessionnelle réclame à partir de 1949 environ qu'on rétablisse une distinction entre la solidarité sociale, qui concerne l'ensemble des citoyens et s'exprime par l'assurance maladie, et la sécurité sociale proprement dite, qui couvre les risques strictement professionnels et finance les pensions de vieillesse et allocations de chômage. Aussi la verra-t-on réclamer à de multiples reprises, la scission entre le secteur des soins de santé et celui des indemnités aux travailleurs salariés.

Le point de vue de la F.I.B. sur la sécurité sociale a été exposé en détail dans le Livre Blanc publié en 1955 par la F.I.B. : " Le patronat entend rester fidèle à l'esprit de solidarité sociale qui a présidé durant la guerre à l'élaboration du régime de la sécurité sociale. Celui-ci confère au travailleur la sécurité indispensable à son existence, en le garantissant contre les conséquences des risques que ses ressources sont incapables de couvrir. L'organisation de la sécurité sociale ne peut cependant tenir lieu de la responsabilité personnelle des travailleurs eux-mêmes, à qui incombe en premier lieu de montrer de la prévoyance. Ce principe s'applique en tous les domaines de la sécurité sociale [...] ; il tend à distinguer dans chaque secteur la fraction de la charge qui doit incomber à la collectivité, de celle qui doit rester supportée par le travailleur [...]. Quant aux cotisations, elles doivent être établies en tenant compte de la nécessité sociale de maintenir un juste équilibre entre le salaire direct et le salaire différé [...]. Les prestations doivent être établies de façon à répondre aux besoins les plus impérieux. Ces prestations minima seront utilement complétées par une assurance libre prolongeant l'assurance obligatoire ".

De la concertation à la programmation sociale (1945-1973)

En marge des efforts de l'État pour créer un cadre institutionnel propice à des négociations sociales encadrées par les pouvoirs publics, les partenaires sociaux prennent après la guerre de nombreuses initiatives qui se situent dans le prolongement des négociations directes qui ont conduit pendant la guerre à l'élaboration du pacte social. Fédérations patronales et ouvrières mènent par exemple dès la fin de la guerre une action commune contre le marché noir et le travail en noir et contre la vie chère. En 1952, elles s'engagent à œuvrer ensemble en faveur de la stabilisation des salaires et " à examiner dans le calme, sans aucune pression extérieure, une série de problèmes d'ordre général qui conditionnent la vie économique et sociale du pays ". Deux ans plus tard, ces conversations se concrétisent par la signature du protocole sur l'accroissement de la productivité. L'année suivante, c'est la création en commun du Comité de Contrôle de l'Électricité, chargé de veiller à l'élaboration et à l'application d'un tarif national d'électricité. Puis, en 1959, c'est l'accord concernant la création d'un Directoire de l'Industrie Charbonnière où siégeront syndicats et organisations patronales...

Toutes ces conventions, conclues sans l'intervention des autorités publiques, préfigurent l'accord de programmation sociale signé en mai 1960. Celui-ci est une tentative de systématiser des négociations informelles et ponctuelles dans le cadre d'une planification économique plus poussée. Il faut souligner l'esprit d'ouverture remarquable qui a présidé, aussi bien du côté patronal que syndical, à l'élaboration au niveau le plus élevé d'un projet de concertation sociale méthodique. Cette formule de collaboration a d'ailleurs amené progressivement, tant à la F.I.B. que dans les syndicats de travailleurs, certaines tensions entre les affiliés et leurs représentants. En attendant, la programmation sociale va permettre une paix sociale remarquable durant les " golden sixties ", même si la F.I.B. a toujours regretté qu'on n'ait pas mesuré l'impact global sur les entreprises des différents acquis sociaux consacrés par les accords interprofessionnels.

Les avantages sociaux obtenus par les travailleurs dans le cadre des accords interprofessionnels conclus entre 1960 et 1975 sont considérables, tant sur le plan des salaires et des avantages extralégaux qu'en terme de durée effective du temps de travail. Vers 1960, le temps de travail est partout tombé en dessous des 48 heures. Les accords interprofessionnels de 1971 et 1973 prévoient une réduction progressive de la durée du travail à 40 heures semaines. Par ailleurs, dès 1950, la Belgique est devenue un pays à hauts salaires. La part relative de la rémunération des travailleurs assujettis à la sécurité sociale passe de 31% du revenu national brut à 37% entre 1955 et 1972. C'est le résultat d'un partage des fruits de la croissance tel que les fondateurs du pacte social l'avaient espéré.

Le clivage progressif entre les syndicats de travailleurs et leur base va amener, au commencement des années 1970, une surenchère sociale qui va contribuer à essouffler puis à enrayer le système de la programmation sociale. Les syndicats vont parfois appeler l'État à la rescousse pour obtenir des avantages non prévus dans les accords interprofessionnels. C'est le cas notamment lors de la Conférence Économique et Sociale de 1970. Par ailleurs, la F.G.T.B. et la C.S.C. se lancent dans la recherche de formules originales de participation des travailleurs à la gestion des entreprises. Sur ce point, l'opposition de la F.I.B. est nette. Même la définition du contenu des renseignements concernant la vie de l'entreprise que la direction doit fournir aux travailleurs siégeant aux conseils d'entreprises pose problème.

De l'État garant à l'État gérant (1945-1973)

Même si le pacte de solidarité sociale de 1944 résulte essentiellement de l'initiative du patronat et des syndicats, les partenaires sociaux se sont adressés très vite à l'État pour lui demander de prendre les mesures nécessaires à la mise en œuvre de leurs propositions.

On connaît l'articulation en trois époques qui marque l'essor progressif du rôle de l'État dans l'économie entre 1945 et 1980. La première période irait de 1945 à 1959. Ce serait celle de la restauration de l'économie de marché. De 1959 à 1968, on aurait vécu l'avènement de l'économie mixte (État-Patronat-Syndicat). La troisième période irait de 1969 à la résurgence du libéralisme (environ 1981) et a été qualifiée de l'" État à tout faire ".

Durant les années 1945-1959, l'État ne s'occupe guère que de ses fonctions traditionnelles dans l'économie : le crédit, l'épargne, la monnaie, le budget, les travaux d'infrastructure... Il s'attelle néanmoins à la maîtrise de la conjoncture. L'un de ses objectifs prioritaires est de restaurer le fonctionnement du marché, notamment par la suppression aussi rapide que possible des contingentements et des contrôles de prix. Par contre, il ne s'immisce guère dans le fonctionnement des organes consultatifs paritaires comme le Conseil Central de l'Économie. Il reste en marge de leurs négociations et s'érige en représentant de l'intérêt général pour entériner ou rejeter les propositions de ces institutions.

À partir de 1959 et de la création du Comité National d'Expansion Économique, l'État accorde une place croissante à la programmation économique. L'État arbitre devient l'État partenaire, soucieux encore d'entendre les partenaires sociaux mais décidé à faire entendre son point de vue dans un nombre croissant de domaines. Les lois d'expansion économique générale et régionale (juillet 1959) mettent en place une panoplie très diversifiée de dispositions susceptibles de favoriser la croissance, mais qui accordent aux pouvoirs publics une autorité nouvelle en matière d'infrastructures, d'aides aux investissements, d'encouragements aux petites et moyennes entreprises, de coordination de la recherche... D'autres lois obligent les entreprises à notifier au pouvoir central et à justifier les hausses de prix qu'elles décident. L'État peut aussi intervenir directement dans la création d'entreprises par le biais de la Société Nationale d'Investissements (S.N.I.) créée en 1959. Ces mesures faussent évidemment dans une certaine mesure le libre jeu de la concurrence, instaurant parmi les entreprises une course aux subsides, justifiant le contrôle de l'État dans l'utilisation des fonds qu'il avance. L'État en arriverait-il progressivement à reproduire au niveau des entreprises la redistribution des revenus que le système de sécurité sociale a mis en place au niveau des citoyens ?

Il faut souligner que la F.I.B. a été associée à toutes les discussions qui ont présidé à la mise en place de la programmation économique. La F.I.B. l'a soutenue et a parfois eu du mal à la justifier auprès des fédérations affiliées.

À partir de 1970 environ, parallèlement à l'essoufflement du consensus social, le système belge d'économie concertée devient de plus en plus fragile et oblige l'État à prendre des responsabilités accrues en matière économique. Progressivement, le rôle de l'État garant se modifie en " État à tout faire ".
C'est ainsi qu'il tente de contrôler les prix par voie coercitive. Le ministre des Affaires économiques dispose à partir de 1971 de la possibilité de fixer des prix maxima individualisés.

Plus importante encore est l'évolution enregistrée en juillet 1970. Des modifications fondamentales sont apportées à l'époque à la structure de l'État belge : il est décidé de créer trois communautés culturelles et de régionaliser certaines compétences de l'État central. Parallèlement, une loi sur la planification et la décentralisation de l'économie est votée le 15 juillet 1970. Cette loi, préparée avec le concours des fédérations régionales d'entreprises, le V.E.V. et l'Union Wallonne des Entreprises (U.W.E.), organise la décentralisation économique et la création de conseils économiques régionaux et de sociétés de développement régional. Elle durcit les principes qui avaient conduit à élaborer une programmation économique jusqu'à envisager une planification systématique de l'économie. Elle rend contractuellement obligatoire le plan élaboré par le " Bureau du Plan " pour les entreprises qui reçoivent des aides de l'État. Par ailleurs, les holdings sont désormais associés aux plans.

La F.I.B. n'oppose pas de veto de principe à cette nouvelle orientation de la politique économique. Mais elle entend que l'État commence par balayer devant sa propre porte et veille à une application correcte de la planification impérative dans le secteur public avant de multiplier les interventions directes dans le monde de l'entreprise.

C'est dans le cadre de la loi de 1970 qu'il faut remettre le " protocole de comportement " conclu l'année suivante entre la F.I.B. et les organisations patronales régionales. La compétence de la F.I.B., organisation intersectorielle nationale, est reconnue sur toutes les questions de caractère national, qu'elles soient sectorielles ou intersectorielles. Quant au V.E.V., à l'U.W.E. et à l'Union des Entreprises Bruxelloises (créée en 1971), elles sont désormais définies comme des organisations interprofessionnelles compétentes pour toutes les questions de caractère régional interprofessionnel. Il est décidé que la collaboration entre ces quatre organisations se réalisera désormais par des concertations régulières sur toutes questions d'intérêt commun. La désignation des délégations patronales aux organismes économiques régionaux revient dorénavant aux associations régionales.

Au-delà des frontières (1945-1973)

Comme le C.C.I. durant l'Entre-deux-guerres, la F.I.B. se montre favorable à toutes les constructions institutionnelles qui favorisent la libre circulation des capitaux et des personnes. C'est ainsi qu'elle a soutenu la construction progressive du Benelux entre 1944 et 1951. Elle a créé en son sein une " commission spéciale Benelux " pour favoriser les contacts directs entre industriels et groupements industriels des deux pays.

Dès la création en avril 1951 de la C.E.C.A. (Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier), la F.I.B. collabore étroitement avec les fédérations patronales des cinq autres pays de la Communauté. Elle participe alors à la fondation de l'Union des Industries des six pays de la Communauté Européenne (UNICE), créée pour agir auprès des institutions communautaires. Quelle est l'attitude de l'industrie belge vis-à-vis de la construction de l'Europe économique? Elle est favorable à une certaine égalisation des conditions de concurrence pour les industries des six pays (et en particulier en ce qui concerne le prix du charbon). Mais de nombreuses fédérations sectorielles, parmi lesquelles Fedechar, estiment dangereuse l'étendue des pouvoirs dont dispose la Haute Autorité, pouvoirs " qui dépassent de loin ceux accordés au gouvernement " et ne sont pas sanctionnées par le corps électoral.

En 1958, la création de la Communauté Économique Européenne (C.E.E.) va multiplier les activités de l'UNICE et entraîner sa restructuration. Logée au siège de la F.I.B., celle-ci permet aux six fédérations patronales de la C.E.E. de confronter leurs points de vues avant d'élaborer des positions communes, transmises ensuite aux autorités communautaires. Au poids qui s'attache à de pareils avis communs s'ajoute, pour les Communautés Économiques Européennes, l'avantage de n'avoir à compter que sur un seul interlocuteur au lieu de six.
Sur le plan social, le patronat industriel belge souscrit pleinement au programme défini par le Traité de Rome en vue de l'amélioration constante des conditions de vie et d'emploi de la population des États membres. Néanmoins, pour la F.I.B., " l'harmonisation sociale ne peut être l'œuvre d'un dirigisme supranational imposant du dehors des solutions préfabriquées ". Pragmatique, la F.I.B. estime que le rapprochement des différentes législations nationales se fera progressivement et par corrections successives. Le premier président du Conseil Économique et Social européen a d'ailleurs été Roger De Staercke, à l'époque administrateur délégué de la F.I.B.

Depuis toujours, la F.I.B. considère que l'avenir de l'Europe passe inévitablement par son élargissement. C'est ainsi qu'elle prend très nettement position au cours des années 1960 en faveur de l'admission de la Grande-Bretagne. En 1969, elle adhère aussi à un programme de relance économique européenne pour " achever avec décision l'Union douanière et construire parallèlement l'Union économique ".

Création de la F.E.B. en 1973

Le renforcement d'une " conscience patronale collective " est encore accentué en 1973, lors de la fusion de la F.I.B. et de la F.E.N.I.B. (Fédération des Entreprises Non Industrielles de Belgique) pour former la Fédération des Entreprises de Belgique (F.E.B.). En somme, leur rapprochement - négocié depuis plusieurs années - résulte de l'identité croissante des problèmes économiques et sociaux auxquelles les entreprises sont confrontées, qu'elles produisent des biens ou des services. La F.E.B. naît aussi de la volonté patronale de rationaliser encore sa représentation et de rallier toutes les forces qui s'emploient " à maintenir en Belgique une économie de marché ", à une époque où le poids des entreprises de services ne cesse d'ailleurs d'augmenter. C'est en effet surtout dans le secteur tertiaire que des emplois nouveaux sont créés. Il emploie d'ailleurs près de la moitié de la population active en 1973. La montée du secteur tertiaire est depuis le début du XXe siècle un mouvement lent mais aussi irréversible que le développement de l'industrie au siècle précédent.

La F.E.B. réunit désormais la variété des entreprises belges en 48 organisations sectorielles spécifiques dans leurs activités mais que ses dirigeants veulent solidaires dans leur finalité. Elle reprend les objectifs tels que poursuivis depuis 1895 par la fédération interprofessionnelle patronale : " Il s'agit d'abord et avant tout d'affirmer la liberté, le droit et le devoir d'entreprendre, qui sont la vocation primordiale du chef d'entreprise et le fondement de sa moralité. Il s'agit de veiller à ce que, dans le contexte politique, social, juridique de chaque jour, cette liberté, ce droit, ce devoir puissent être valablement pratiqués. Il s'agit aussi de veiller incessamment à la liberté internationale du commerce, à la circulation sans entraves, des biens, des personnes, des idées aussi. C'est une nécessité absolue pour la Belgique...Il s'agit enfin d'entretenir et d'adapter les équilibres internes de la société industrielle, de régler l'affectation du produit collectif de son action, d'en débattre avec le pouvoir politique et...avec les organisations représentatives des travailleurs ".

La concertation socioéconomique : un modèle en mutation (1976-2000)

À peine sortie des limbes, la F.E.B. va être confrontée à une crise économique d'une ampleur et d'une durée sans précédent. Celle-ci va marquer une rupture dans l'histoire économique mondiale et remettre en question l'économie mixte et son fondement théorique, le keynésianisme. Le nouveau défi de la fédération interprofessionnelle patronale, c'est la gestion du système d'économie sociale mis en place après la Seconde Guerre mondiale, et ce malgré une croissance lente, une inflation difficilement maîtrisable, un taux de chômage élevé, un souci croissant de préserver l'environnement et la crainte d'un approvisionnement énergétique insuffisant.

La crise économique des années 1975-1980 va surtout profondément bouleverser le système de concertation sociale mis en place au début des années 1960 par les organisations professionnelles patronales et syndicales. Elle s'accompagne de la fermeture de nombreuses entreprises et de l'arrêt des investissements étrangers. L'emploi se dégrade de façon drastique et chaque année la compétitivité de l'industrie belge connaît un recul important, dû au dérapage sans précédent des charges des entreprises.

C'est dans ce contexte que le modèle de concertation sociale s'est enlisé, n'arrivant pas à trouver de solutions à la crise économique et sociale que le pays traversait. Un dernier accord interprofessionnel paritaire de programmation sociale est conclu le 10 avril 1975. Il n'y en aura plus d'autres avant 1986, si l'on excepte celui de 1981, accord tripartite conclu sous la conduite des pouvoirs publics. Le système de la concertation sociale ne pouvait-il fonctionner convenablement que dans une période de croissance économique avec comme objectif une répartition harmonieuse des fruits de la croissance ? Pouvait-il être également efficace en période de récession ? Quoiqu'il en soit de la réponse à ces questions, la négociation sociale sera dans la première moitié des années 1980 subordonnée aux objectifs macroéconomiques du gouvernement qui dictait ses vues aux partenaires sociaux et décidait unilatéralement de l'espace de négociation qui leur était laissé : son objectif majeur étant l'emploi.

L'interventionnisme croissant des pouvoirs publics s'était fait aux dépens de l'autonomie des interlocuteurs sociaux. L'accord du 7 novembre 1986 consacrera un certain retour à la liberté des négociations. Mais, même si les interlocuteurs sociaux tentent de s'affranchir de la tutelle des pouvoirs publics, leur autonomie retrouvée sera désormais relative : le gouvernement a désormais l'initiative. Son intervention qui aurait pu être liée aux années de crise est devenue structurelle et à partir de 1986, c'est le gouvernement qui sensibilise désormais les partenaires sociaux à ses desiderata et se réserve la possibilité de donner son aval à la mise en œuvre des propositions. Dans les faits, il intervient presque systématiquement pour faciliter la conclusion d'un accord interprofessionnel et pour préciser les sujets qui doivent y être traités (1). Les relations entre les partenaires sociaux et le gouvernement deviennent de plus en plus décisives et la priorité absolue est donnée à l'emploi. Depuis 1986, les négociations menées tous les deux ans aboutissent à un accord, sauf en 1996 et en 2005.
Un autre souci majeur de la F.E.B. a été le maintien de la compétitivité des entreprises. D'après la fédération interprofessionnelle, celle-ci n'a pu être maintenue après 1988. Même si les facteurs nationaux (dévaluation en 1982, blocage des salaires et des prix) et internationaux (diminution massive des prix de l'énergie) ont contribué pendant les années 1982 à 1987 à rétablir les grands équilibres de l'économie belge, la F.E.B. s'est montrée favorable à la loi du 6 janvier 1989 qui créait une législation permanente sur la compétitivité de l'économie belge et incitait les interlocuteurs sociaux et le cas échéant le gouvernement à prendre les mesures nécessaires pour sauvegarder la compétitivité des entreprises du pays par rapport à ses principaux partenaires : il s'agissait essentiellement de garantir les entreprises contre les dérapages des coûts salariaux par rapport à ceux rencontrés chez les principaux partenaires commerciaux du pays. Ces dérapages pouvaient se produire d'autant plus facilement, estimait la F.E.B., que la Belgique connaissait un régime d'indexation automatique des salaires.

Ce type d'intervention du législatif persiste dans les années suivantes et notamment avec la loi du 26 juillet 1996 sur la promotion de l'emploi et la sauvegarde préventive de la compétitivité. Celle-ci limite l'autonomie de la négociation salariale grâce à un mécanisme ayant pour objectif que la hausse des coûts salariaux soit plus rapide en Belgique que la moyenne de l'Allemagne, de la France et des Pays-Bas : il s'agit par ce plafond d'empêcher les hausses salariales excessives résultant de l'indexation et des différentes négociations sectorielles. Depuis 1996, la concertation socio-économique interprofessionnelle met donc l'accent sur la création d'un cadre pour les négociations sectorielles.

L'adhésion de la Belgique à l'E.U.M. (Union Économique et Monétaire) et les obligations découlant du pacte de stabilité ont par ailleurs dicté au cours des années 1990 une attitude convergente avec la politique socio-économique menée dans les pays voisins qui est devenue le cadre de référence des décisions socio-économiques belges. L'Europe connaît d'autre part des avancées importantes en matière sociale et, à partir de 1997, des lignes directrices pour lutter contre le chômage sont définies à l'attention des États membres. Dès cette époque, la F.E.B. cherche à maintenir les efforts destinés à réduire les délais de transposition des directives européens, tout en veillant à ne pas aller au-delà du prescrit européen afin de ne pas pénaliser les entreprises belges face à leurs concurrents européens. Au total, la F.E.B. s'est efforcée durant ces années de s'adapter en portant son champ d'activité sur tous les domaines susceptibles d'être affectés par le mouvement de convergence européenne.

Impact de la régionalisation et développement des activités à l'international (1980-2000)

La régionalisation de la Belgique a transféré un ensemble de leviers économiques et sociaux aux trois régions du pays, caractérisées par des évolutions divergentes. Le partage des compétences entre la F.E.B., nationale et fortement centralisée, et les organisations régionales (V.E.V., U.W.E. et U.E.B.) a été réglé par un protocole signé entre ces associations le 21 avril 1981. Celui-ci stipule que la F.E.B. est compétente pour les " matières nationales et internationales " tandis que la V.E.V., l'U.W.E. et l'U.E.B. " représentent les entreprises vis-à-vis des autorités publiques et au sein des institutions publiques compétentes pour les matières régionales et communautaires ", qui seront de fait en augmentation constante dans les années 1980-1990. Pratiquement, les trois organisations régionales siègent dans les organismes de consultation régionaux, mais par une participation " croisée " au niveau des conseils d'administration et des comités de direction des quatre organisations, les membres de la F.E.B. siègent dans les organisations régionales. Un comité de contact composé de membres des quatre organisations patronales a été créé pour assurer la concertation et la coordination de leurs activités. Au surplus, la F.E.B. multiplia ses relations avec les groupements de classes moyennes et des agriculteurs.
Mais c'est surtout à l'international que la F.E.B. développera largement ses compétences dans les années 1980 et 1990. Sur ce plan, la F.E.B. intervient au niveau de la Communauté Économique Européenne (C.E.E.), de l'Organisation de Coopération et de Développement Économique (O.C.D.E.), de l'Accord Général sur les Tarifs Douaniers et le Commerce (G.A.T.T.), de l'Organisation Internationale du Travail (O.I.T.). Elle agit soit directement, soit par le biais des organisations internationales d'employeurs auxquelles elle est associée : le Comité Consultatif Économique et Industriel auprès de l'O.C.D.E. (B.I.A.C. pour Business and Industry Advisory Committee), la Chambre de Commerce Internationale (C.C.I.), l'Organisation Internationale des Employeurs (O.I.E.), le Comité Économique et Social Européen, soit (et surtout) au niveau de l'Union des Industries de la Communauté européenne (Unice).

L'Unice, qui a récemment pris la dénomination de " Business Europe " est la principale organisation représentative des milieux d'affaires à l'échelle européenne. Elle regroupe 39 fédérations nationales de l'industrie et des employeurs issus de 33 pays européens, soit quelque 20 millions d'entreprises de toutes tailles. Sa principale mission est d'influencer les décisions prises à l'échelle européenne afin que les politiques et propositions de législation qui affectent les entreprises tiennent compte de leurs besoins. Face à l'importance croissante de la législation européenne dans la vie des entreprises, la F.E.B. y collabore activement à la défense des intérêts de ses membres parallèlement à une action propre de lobbying direct auprès du Parlement européen, de la Commission européenne et du Conseil des ministres. Dans de nombreuses matières, on assiste à un glissement du pouvoir de décision vers l'Union Européenne et c'est à ce niveau que se détermine de plus en plus le cadre dans lequel les entreprises doivent opérer.

Enfin, comme par le passé, la F.E.B. continue à être attentive à la poursuite du processus d'intégration européenne.

Au cours des trente dernières années, la F.E.B. s'est également efforcée de développer encore son rôle de promoteur de l'entreprise privé et de la liberté de marché. Dans les années 1970, celles-ci furent en butte à des attaques sévères : on dénonçait leur manque de dynamisme ou la responsabilité des entreprises dans les mauvaises performances de l'économie belge. Parallèlement, la F.E.B. elle-même souffrait parfois d'un déficit d'image auprès des entreprises où elle était perçue comme trop éloignée des problèmes journaliers. La fédération a réagi en mettant en œuvre une vaste programme d'action afin d'intensifier l'information de l'opinion publique sur la contribution irremplaçable des entreprises " au développement économique et au progrès social " et en affirmant " sa capacité de rencontrer les aspirations légitimes de ceux qui œuvrent dans l'entreprise ou sont concernées par elle ".

Soucieuse d'établir et de valoriser un consensus aussi large que possible, la F.E.B. tente dans les années 1980 et 1990 de mieux communiquer, expliquer et justifier ses attitudes. Ses interventions auprès des membres du gouvernement, des cabinets ministériels, des administrations et des organismes publics ont progressivement amélioré son audience. À chaque scrutin électoral et à l'occasion de la formation des gouvernements, la F.E.B. adresse un mémorandum aux candidats et au gouvernement où elle rappelle ses préoccupations et ses propositions. Au fil du temps, les références aux actions de la F.E.B. et le degré de pénétration des idées patronales ont augmenté dans la presse écrite, parlée et télévisée. La F.E.B. ouvre aussi un site Internet en 1996. Parallèlement, un changement se produit dans l'attitude de l'opinion publique à l'égard de l'entreprise. Les crises économiques l'ont sensibilisé au rôle indispensable de l'entreprise dans le monde économique. Globalement, sa fonction est mieux perçue qu'autrefois.

Pour pouvoir assumer son rôle de représentant de la vie économique dans ses multiples facettes, la F.E.B. n'a de cesse aussi de regrouper les nombreuses associations professionnelles qui se sont créées dans le secteur tertiaire au cours du dernier quart du XXe siècle et plus particulièrement dans le secteur des services aux entreprises. La F.E.B. cherche notamment à représenter les nouvelles entreprises fondées sur le développement technologique et qui ne sont pas intégrées dans les structures patronales traditionnelles.

Archives

Historique

Les archives de la Fédération des Entreprises de Belgique étaient conservées au siège de la Fédération, rue Ravenstein, jusqu'à leur versement aux A.G.R. Un état des lieux des archives de la F.E.B. a été dressé en 1995-1996 après la rédaction d'un livre sur le centenaire de la F.E.B. Dès cette époque, les destructions et éliminations successives avaient fait leur œuvre : on ne trouvait plus guère, dans les caves de la F.E.B., de documents antérieurs à la Seconde Guerre mondiale. On regrettait déjà, par exemple, la destruction des archives du Comité Central Industriel, l'organe qui avait fédéré le patronat belge avant 1945. Il n'en reste plus rien aujourd'hui, si ce n'est le Bulletin que le C.C.I. publiait.

L'hémorragie a continué durant les années suivantes. C'est ainsi que les archives de nombreuses commissions internes et groupes de travail qui avaient été repérées en 1996 n'ont plus été retrouvées par la suite. L'A.V.A.E. et les A.G.R. se sont émus de cette évolution. Elles ont heureusement pu compter en 2006-2007 sur l'appui du baron Tony Vandeputte, administrateur délégué de la F.E.B. jusque 2004, qui défendit devant les instances de la F.E.B. le projet de faire déposer aux A.G.R. les archives historiques de la confédération patronale. Compte tenu de la pratique en usage au sein des services de la F.E.B., ont été considérés comme tels tous les documents antérieurs à 2001. L'idée est aussi d'accroître ce patrimoine historique par des dépôts successifs dans les prochaines années.

Acquisition

Les archives de la Fédération des Entreprises de Belgique ont été cédées en don aux Archives générales du Royaume en 2008 et aussitôt traitées.

Contenu

L'inventaire des archives de la F.E.B. a été organisé en fonction des organigrammes successifs de l'organisation patronale. Elles ont en effet été créées et gérées par les différents organes directeurs et services de la Fédération : avant leur versement aux A.G.R., elles n'avaient jamais été l'objet d'un classement central et les plans de classement, quand ils existaient, n'étaient guère satisfaisants. Celui que nous avons adopté tient compte de cette situation et il nous semble utile d'en passer rapidement les grandes divisions en revue.

Première partie : les archives du C.C.T.I. (Comité Central du Travail Industriel) devenu C.C.I. (Comité Central Industriel) en 1913 puis F.I.B. (Fédération des Industries Belges) en 1946 et F.E.B. (Fédération des Entreprises de Belgique) en 1973

Les archives du conseil d'administration et du comité de direction

Les rapports annuels de la F.E.B. donnent une vue synthétique de ses activités. Pour aller plus loin dans l'analyse de la politique et de la stratégie de la Fédération, les procès-verbaux et documents annexes aux réunions du conseil d'administration et du comité de direction sont la source par excellence.

Les fédérations sectorielles affiliées, qui sont les membres effectifs de la F.E.B., sont aujourd'hui au nombre de 33. Ce sont : la Fédération de l'Industrie Alimentaire (Fevia) ; l'Union Royale des Armateurs Belges ; l'Union Professionnelle des Entreprises d'Assurances (Assuralia) ; l'Union Professionnelle des Courtiers d'Assurance (U.P.C.A.) ; la Fédération Belge de l'Industrie de l'Automobile et du Cycle (Febiac) ; la Fédération Financière Belge (Febelfin) ; la Fédération de l'Industrie du Béton (Febe) ; la Fédération Belge de l'Industrie du Bois et de l'Ameublement (Febelbois) ; la Fédération Belge de la Brique (F.B.B.) ; l'Organisation des Bureaux d'Ingénieurs-Conseils, d'Ingénierie et de Consultance (Ori) ; la Fédération des Industries Extractives et Transformatrices de Roches non Combustibles (Fediex) ; la Fédération des Industries Chimiques de Belgique (Fedichem) ; la Fédération de l'Industrie Cimentière Belge (Febelcem) ; la Confédération Construction ; l'Union de la Tannerie et de la Mégisserie Belges (Unitan) ; la Fédération Belge des Entreprises de Distribution (Fedis) ; la Fédération Belge des Entreprises Électriques et Gazières (Febeg) ; la Fédération Pétrolière Belge (F.P.B.) ; l'Union Professionnelle des Producteurs Belges de Fibres-Ciment ; Creamoda (habillement et confection) ; la Fédération des Partenaires de l'Emploi (Federgon) ; la Fédération Belge des Industries Graphiques (Febelgra) ; la Fédération Multisectorielle de l'Industrie Technologique (Agoria) ; l'Union Générale Belge du Nettoyage (U.G.B.N.) ; l'Association des Fabricants de Pâtes, Papiers et Cartons de Belgique (Cobelpa) ; la Fédération des Industries Transformatrices de Papier et de Carton (Fetra) ; la Fédération Patronale des Ports Belges ; le Groupement des Sablières ; le Groupement de la Sidérurgie (G.S.V.) ; le Centre de Services pour l'Industrie du Tabac (Tabaserv) ; la Fédération Textile (Febeltex) ; la Fédération d'Employeurs pour le Commerce International, le Transport et les Branches d'Activité Connexes ; la Fédération de l'Industrie du Verre (F.I.V.).

À côté des membres effectifs, la F.E.B. compte également des membres adhérents, à savoir : le Groupement des Activités Diverses, l'Union Professionnelle des Agences de Paris (U.P.A.P.) ; le Groupement Attractions et Tourisme ; la Société Belge des Auteurs, Compositeurs et Éditeurs (Sabam) ; le Groupement Belge des Banques d'Épargne ; le Conseil National du Bois ; l'Association Belge des Conseils en Organisation et Gestion (Ascobel) ; l'Union Professionnelle du Crédit (U.P.C.) ; la Fédération Générale des Employeurs Eupen-Malmédy-Saint-Vith (Allgemeiner Arbeitgeberverband Eupen-Malmedy-Sankt Vith) ; VAL-I-PAC (organisme agréé pour la gestion des emballages industriels) ; la Fédération des Industries Céramiques de Belgique et du Luxembourg (Fedicer) ; la Fédération Belge de l'Industrie de la Chaussure (Febic) ; le Syndicat de l'Industrie Diamantaire Belge (S.B.D.) ; l'Association Belge des Institutions de Pension (A.B.I.P.) ; le Groupement des Producteurs Belges de Matériaux de Construction (P.M.C.) ; l'Association Professionnelle de Fabricants, Importateurs et Distributeurs de Dispositifs Médicaux (Unamec) ; la Fédération Belge des Entreprises Audiovisuelles (Febelav).

Ensemble, membres effectifs et adhérents représentent au total plus de 30.000 entreprises, dont 25.000 P.M.E.

Le conseil d'administration, organe souverain de la F.E.B. et qui définit sa politique, est composé uniquement de représentants des fédérations sectorielles affiliées comme membres effectifs. Les différents secteurs y participent sur pied d'égalité, ce qui renforce l'aspect représentatif de la F.E.B. et permet d'exprimer et défendre les positions définies démocratiquement en son sein par tous les secteurs d'activité.

Le conseil est conduit par le président de la F.E.B., un chef d'entreprise choisi pour sa réputation et élu pour une période de trois ans non renouvelable. Le président est choisi alternativement au sein du patronat francophone et du patronat flamand.

Ce président est assisté par un comité de direction et par une équipe de permanents animée par un administrateur délégué. Les archives du comité de direction retiendront particulièrement l'attention du chercheur. Statutairement, il s'agit d'une instance consultative, qui assiste le président et l'administrateur délégué dans leur charge. Composé des chefs d'entreprises qui comptent dans le pays, il a dans la pratique un rôle vraiment essentiel dans l'orientation des prises de positions de la F.E.B.

Les séries de procès-verbaux des réunions du conseil d'administration (numéros 13 à 81 de l'inventaire) sont quasi complètes pour la période 1953-1999, celles des procès-verbaux des réunions du comité de direction (numéros 82 à 153) le sont pour la période 1946-2000. On pourra cependant compléter ces séries par quelques liasses tirées des archives de l'administrateur délégué (numéros 182-187) et de celles du secrétariat général (530-531 et 553).

Les archives des administrateurs délégués

Les directeurs généraux et administrateurs délégués successifs de la F.E.B. ont joué un rôle considérable dans son histoire. Malheureusement, leurs archives ont quasi disparu. Il reste seulement quelques liasses des papiers de Raymond Pulinckx et - heureusement - les archives de son successeur, Tony Vandeputte.

Raymond Pulinckx (1924-2000), licencié en sciences commerciales et financières, est entré à la F.I.B. comme conseiller en 1946. En 1958, il devint chef de cabinet de Jacques van der Schueren, ministre des Affaires Économiques. À ce titre, il dut faire face notamment à la crise charbonnière, à la crise congolaise, au vote de la loi unique et aux grèves qui l'ont suivie. Il fut l'un des artisans des lois d'expansion économique et a vécu les premiers pas de la programmation économique. En 1961, il revint à la F.I.B. comme directeur général, puis comme administrateur-directeur général en 1962, et administrateur délégué à partir de 1970. De 1973, date de la fusion de la F.I.B. et de la F.E.N.I.B. (Fédération des Entreprises Non Industrielles de Belgique), à 1989, Raymond Pulinckx fut administrateur délégué de la F.E.B. Comme responsable permanent de la fédération patronale, il a notamment négocié tous les accords interprofessionnels entre 1963 et 1988. Régent de la Banque Nationale de 1970 à 1990, Raymond Pulinckx a été vice-président du Conseil Central de l'Économie et membre du Comité National d'Expansion Économique. Il a aussi présidé le Comité de Contrôle de l'Électricité et du Gaz et le Comité de Concertation et de Contrôle du Pétrole et exercé des mandats dans plusieurs sociétés, notamment Pabeltec, SKF-Belgium, la Cobac (Compagnie Belge d'Assurance-Crédit), la S.N.I., la Sofina, Philips, la Sabena et Nestlé-Belgilux.
Tony Vandeputte (né en 1946) est diplômé en philosophie, droit, notariat et économie de la Katholieke Universiteit Leuven. Il a obtenu ensuite un Master of Science (Economics) à l'Université d'Édimbourg. Il travailla d'abord au Bureau du Plan (1973-1974) puis au Cepess (Centre d'Études Politiques, Économiques et Sociales), où il exerça les fonctions de secrétaire et directeur adjoint (1974-1980) puis de secrétaire général (1978 à 1980). Il entra à la F.E.B. en avril 1980 comme directeur du service des questions économiques. À partir du 1er juin 1984, il y occupa aussi les fonctions de conseiller général. Dès les années 1980, Tony Vandeputte remplit divers mandats liés à ses fonctions à la F.E.B. : vice-présidence du Conseil Central de l'Économie, présidence du comité de direction de l'O.B.C.E. (Office Belge du commerce Extérieur), administrateur de l'U.E.B. (Union des Entreprises de Bruxelles), membre du conseil général de la Caisse Générale d'Épargne et de Retraite, etc. Le 1er janvier 1990, il succéda à Raymond Pulinckx comme administrateur délégué de la F.E.B. Il participa directement à la table des négociations interprofessionnelles de 1990 à 2004. Tony Vandeputte a été longtemps entouré de deux proches collaborateurs : Wilfried Beirnaert (administrateur directeur général) et Guy Keutgen (administrateur secrétaire général). En 2004, la maladie l'obligea à renoncer prématurément à ses fonctions.

Les archives des services, départements et commissions de la F.E.B.

Pour remplir ses diverses fonctions, la F.E.B. dispose d'une administration interne qu'elle a toujours voulue peu nombreuse. Les archives de ses différents départements permettent d'appréhender les nombreuses activités de la principale organisation d'employeurs de Belgique et d'analyser comment s'élaborent ses prises de position en faveur de l'entreprise, de la croissance et de l'emploi.
Les archives regroupées dans la rubrique " secrétariat général " (numéros 479 à 862 de l'inventaire) sont relativement hétérogènes. On y trouvera des dossiers relatifs à l'organisation des instances de direction et des services de la F.E.B., à ses prises de position, à sa représentation dans différents organismes, à ses relations avec ses membres affiliés, à sa politique en matière de relations publiques, aux manifestations qu'elle organise : colloques, journées des entreprises et aux fondations qu'elle anime.
Trois autres départements importants de la F.E.B. ont conservé, à des degrés divers, des dossiers reflétant l'étendue des activités de l'organisation interprofessionnelle patronale : le département économique, qui s'occupe notamment d'intégration économique européenne, de fiscalité, de coopération au développement ; le département social dont les archives seront indispensables pour appréhender le rôle de la F.E.B. dans la concertation sociale ; et le département communication, avec les bulletins et brochures publiés par la F.E.B., une collections de photos et cassettes vidéos, etc.
Soucieuse d'adapter sans cesse son action à l'évolution de la société, la F.E.B. a aussi créé au cours de son histoire de nombreuses commissions et groupes de travail. Ses affiliés y participent en fonction de leurs intérêts spécifiques, contribuant ainsi à la définition de la position patronale sur les sujets les plus divers. Ces instances de la F.E.B. ont souvent une durée de vie limitée mais certaines ont un caractère plus permanent. C'est le cas de la commission des questions économiques (numéros 870-886 de l'inventaire), de celle des questions fiscales (numéros 967-1001) ou de celle des questions sociales (numéros 1104-1195). La perte d'une grande partie des archives de ces commissions se fait cruellement sentir. Celles qui ont été retrouvées ont été insérées dans les archives des départements concernés par leurs activités. C'est ainsi que sous le département économique, on retrouve des archives relatives aux commissions suivantes : commission des questions économiques (numéros 967-1001), commission des statistiques (numéros 887-888), commission pour la régulation des prix (numéro 889), commission intégration économique (numéros 931-944), commission des P.M.E. (numéros 946-948), commission fiscalité (numéros 967-1001), commission transport (numéros 1010-1011), commission coopération avec les pays en voie de développement (numéros 1016-1030).
Les archives du département des relations publiques (ou département communication) méritent deux mentions particulières : on y a classé la plupart des publications de la F.E.B. et des organismes qui l'ont précédée, notamment les différents bulletins et revues qui sont une source incomparable de renseignements ; on y a classé également la collection de photos anciennes de la F.E.B., une belle ressource pour l'histoire économique nationale.

Deuxième partie : les archives du Comité National Belge de la Chambre de Commerce Internationale (C.C.I.)

La présence des archives du Comité National Belge de la Chambre de Commerce Internationale à côté de celle de la F.E.B. s'explique du fait que celle-ci a longtemps abrité le secrétariat de ce Comité. Qu'il s'agisse des archives de la C.C.I. ou de son Comité belge, les archives conservées ne couvrent généralement que la période postérieure à la Seconde Guerre mondiale.

La Chambre de Commerce Internationale (C.C.I.)

La Chambre de Commerce Internationale (C.C.I.) est au service des milieux d'affaires mondiaux et a pour mission d'encourager le commerce, l'investissement et l'économie de marché. Fondée en 1919, elle est une organisation non gouvernementale qui regroupe plusieurs milliers d'entreprises et d'associations économiques dans plus de 140 pays. Dans la plupart des pays où la C.C.I. est active, un Comité National est en contact avec le secrétariat international, installé à Paris, et lui transmet les préoccupations de leur communauté économique nationale. Les archives reprises dans cet inventaire reflètent principalement le travail du Comité National Belge qui fut parmi les fondateurs de la C.C.I., en 1919.

La C.C.I. a un statut consultatif de première catégorie auprès de l'Organisation des Nations Unies et défend devant ses instances spécialisées les intérêts de l'entreprise privée. L'harmonisation des pratiques commerciales est l'une de ses tâches essentielles. Les banques du monde entier appliquent ses règles en matière de crédits documentaires. Les termes commerciaux internationaux qu'elle a définis - les Incoterms - servent chaque jour aux importateurs et exportateurs.

Grâce aux conférences et congrès annuels qu'elle organise, la C.C.I. reste en contact avec ses membres à travers le monde. Elle leur offre nombre de services pratiques, comme la Cour Internationale d'Arbitrage, qui est la plus ancienne institution de la C.C.I. Cette Cour est l'instance internationale de référence en matière de résolution par arbitrage des litiges commerciaux. En 2007, elle a été saisie de 599 affaires.

Le Comité National Belge de la C.C.I.

L'assemblée générale du Comité National Belge, qui réunit tous ses membres une fois par an, nomme un président et des administrateurs pour une période de trois ans et approuve le plan d'action et le budget de l'année qui suit. Au fil des ans, des personnalités remarquables occupèrent le fauteuil de président : Maurice Despret, Georges Theunis (ancien Premier ministre), Albert-Édouard Janssen (ancien ministre des Finances), Maurice Frère (gouverneur de la Banque Nationale de Belgique), etc. C'est Paul Buysse, président de Bekaert, qui occupe le siège de président aujourd'hui.

Le conseil d'administration, composé d'une vingtaine de représentants des entreprises et fédérations membres de la C.C.I. Belgique, se réunit une fois par an pour déterminer les lignes directrices de la politique à suivre par le Comité National. À l'heure actuelle, on trouve parmi ses membres Thomas Leysen et Rudi Thomaes, respectivement président et administrateur de la F.E.B. Et Tony Vandeputte, jusqu'il y a peu administrateur délégué de la F.E.B., en est actuellement le secrétaire général.

Les activités du Comité National Belge sont multiples. Son premier rôle est toujours de relayer les positions du secrétariat général de la C.C.I., à Paris, auprès de ses membres et du gouvernement belge. Il choisit parmi ses membres des délégués chargés de défendre la position des entreprises belges lors des réunions des commissions de la C.C.I. Ces délégués sont actuellement au nombre de 16. En 2007, ils ont participé activement aux commissions " arbitrage ", " techniques et pratiques bancaires ", " EBITT (e-Business, IT & Telecom) ", " propriété intellectuelle ", " anticorruption " et " marketing et publicité ". Ils étaient moins présents au sein des commissions " transport et logistique ", " politique commerciale et d'investissement ", " fiscalité ", " services financiers et assurances " et " entreprises dans la société ". La C.C.I. Belgique organise aussi des conférences et des séminaires réunissant hommes d'affaires et décideurs actifs à l'échelle nationale, européenne ou mondiale autour d'un thème d'actualité sur les grandes tendances internationales du commerce et de l'investissement.

La C.C.I. Belgique est en outre le distributeur exclusif des publications éditées par la C.C.I., outils indispensables et ouvrages de référence du commerce international sur des thèmes comme les Incoterms, les contrats modèles, les crédits documentaires, l'arbitrage international, la contrefaçon. Le Comité National Belge a également publié une série d'études sur la distribution, la publicité, les douanes et des études de marchés et envoie à ses membres un complément belge aux Nouvelles de la C.C.I.

Troisième partie : archives d'associations et organismes liés à la F.E.B.

Diverses associations qui ont gravité dans l'orbite de la F.E.B. ont laissé quelques archives éparses assez peu nombreuses, surtout comptables, mais néanmoins utiles pour retracer le rôle de ces associations. Il s'agit principalement des archives des associations Asbelturc (Association pour l'Expansion des Relations Commerciales entre l'U.E.B.L. et la Turquie) et Cobelexfo (Comité Belge des Expositions, des Foires et d'Expansion Nationale) a.s.b.l.
Asbelturc (Association pour l'Expansion des Relations Commerciales entre l'U.E.B.L. et la Turquie) avait son siège dans les locaux de la F.I.B. Son objet social était de grouper les personnes physiques ou morales qui ont des intérêts commerciaux ou financiers à sauvegarder ou à promouvoir en Turquie. À cette fin, elle s'attacha spécialement à veiller à l'apurement des créances commerciales belges et luxembourgeoises sur la Turquie et ses ressortissants. Elle représentait ses affiliés auprès de l'U.E.B.L. (Union Économique Belgo-Luxembourgeoise) et à l'étranger ainsi qu'auprès des organismes analogues au sien qui existaient à l'étranger. Son président en 1959 était le baron Zurstrassen, sénateur et directeur de la Columeta (Comptoir Métallurgique Luxembourgeois s.a.). Le 15 avril 1955, l'U.E.B.L. et la Turquie signaient un protocole prévoyant que 30% des recettes provenant de l'exportation des marchandises turques seraient affectées à l'apurement des créances arriérées. En août 1958, la Turquie a cependant décrété un moratoire de ces remboursements. L'U.E.B.L. a alors décidé de continuer à prélever 30% sur les importations de Turquie mais en bloquant ces sommes sur un compte d'attente à la Banque Nationale.

Constituée le 26 juin 1947, Cobelexfo (Comité Belge des Expositions, des Foires et d'Expansion Nationale) a.s.b.l. avait son siège social 15, rue des Drapiers, à Bruxelles. Son conseil d'administration tenait ses réunions aux sièges de la F.I.B. et de Fabrimétal. Elle avait pour objet de favoriser l'expansion belge dans tous les domaines, particulièrement dans le domaine économique, par toutes voies et moyens que le conseil d'administration estimait opportuns. Elle organisa la participation nationale à de nombreuses expositions et foires en Belgique et à l'étranger. À sa constitution, ses principaux membres étaient la F.I.B. et plusieurs de ses groupements affiliés : Febelbois, la Fédération de l'Industrie Chimique, Fabrimétal, la Fédération de l'Industrie Textile Belge, la Fédération Nationale des Industries du Vêtement et de la Confection, l'Union Belge de la Couture. Certaines entreprises comme Photo-Produits Gevaert y étaient directement affiliées... comme aussi certaines personnalités telles que le comte Adriaen van der Burch, ancien président du Bureau International des Expositions. Cobelexfo était dépositaire des archives de L'Industrie Belge à l'Étranger s.c., une coopérative active durant l'entre-deux-guerres mais juridiquement non liquidée.

Langues et écriture des documents

La plupart des documents sont rédigés en français et néerlandais. Certains sont en anglais.

Sélections et éliminations

Très peu d'archives ont été éliminées en cours de traitement en raison du fait qu'il s'agissait déjà d'une sélection ayant amené la destruction par le producteur de quantités d'archives au cours de son histoire.

Mode de classement

Les archives de la Fédération des Entreprises de Belgique ont été classées en respectant leur provenance et en fonction des grandes séries retrouvées, telles que décrites ci-dessus au point 3-I.

Conditions d'accès

Les archives de la Fédération des Entreprises de Belgique sont consultables par toute personne munie d'une carte de lecteur des Archives générales du Royaume et Archives de l'État dans les Provinces. Le détail des délais d'ouverture est donné en tête de cet inventaire. En règle générale, les archives sont librement consultables au bout de trente ans.

Conditions de reproduction

Pour la reproduction des documents d'archives, les règles et les tarifs en vigueur aux Archives de l'État sont d'application.

Bibliographie

BRION René, HATRY Paul, MOREAU Jean-Louis et PEETERS T., 100 ans pour l'entreprise. Fédération des Entreprises de Belgique, Bruxelles, Racine, 1995, 304 pages.

Contrôle de la description

Le présent inventaire a été réalisé par René Brion et Annette Hendrick, archivistes indépendants, dans le cadre d'un contrat passé entre la Fédération des Entreprises de Belgique et l'Association pour la Valorisation des Archives d'Entreprises. Il a ensuite été indexé par Jean-Louis Moreau et enfin revu et corrigé par Daniel Van Overstraeten.
L'inventaire a été élaboré conformément aux ouvrages et recommandations suivants:
- PETIT R, VAN OVERSTRAETEN D., COPPENS H. et NAZET J., Terminologie archivistique en usage aux Archives de l'État en Belgique. I. Gestion des archives, Archives générales du Royaume et Archives de l'État dans les provinces. Miscellanea Archivistica, Manuale n° 16, Bruxelles, 1994
- COPPENS H., De ontsluiting van archieven. Richtlijnen en aanbevelingen voor de ordening en beschrijving van archieven in het Rijksarchief, Archives générales du Royaume et Archives de l'État dans les provinces. Miscellanea Archivistica. Manuale n° 21, Bruxelles, 1994
- Directives relatives au contenu et à la forme d'un inventaire d'archives, Archives générales du Royaume et Archives de l'État dans les provinces, Bruxelles, 2008. Télécharger l'inventaire publié- Download de gepubliceerde inventaris

Sigles et abréviations les plus usités

A.G.R. : Archives générales du Royaume
angl. anglais
a.s.b.l. : association sans but lucratif
B.B.C. : British Broadcasting Corporation
B.R.T : Belgische Radio- en Televisieomroep
B.R.T.N.: Belgische Radio- en Televisieomroep Nederlandstalige Uitzendingen
C.C.I. : Chambre de Commerce Internationale
C.C.I. : Comité Central Industriel
C.C.T.I. : Comité Central du Travail Industriel
C.E.E. : Communauté Économique Européenne
C.G.S.L.B. : Centrale Générale des Syndicats Libéraux de Belgique
C.N.T. : Conseil National du Travail
C.S.C. : Confédération des syndicats chrétiens de Belgique
Cie : compagnie
e.u.p. : établissement d'utilité publique
F.E.B. : Fédération des Entreprises de Belgique
F.E.N.I.B. : Fédération des Entreprises Non Industrielles de Belgique
F.G.T.B. : Fédération Générale du Travail de Belgique
F.I.B. : Fédération des Industries Belges
fr. : français(e)
Ltd : limited
n° : numéro
nl. : néerlandais(e)
n.v. : naamloze vennootschap
O.B.C.E. : Office Belge du Commerce Extérieur
O.C.D.E. Organisation de Coopération et de Développement Économique
PAL : Phase Alternate Line
P.M.E. : petites et moyennes entreprises
R.T.B. : Radio-Télévision Belge
R.T.B.F.: Radio-Télévision Belge de la Communauté Française
R.T.L. : Radio Télévision Luxembourg
s.a. : société anonyme
s.c. : société coopérative
s.p.r.l. : société de personnes à responsabilité limitée
U.E.B. : Union des Entreprises de Bruxelles
U.E.B.L. : Union Économique Belgo-Luxembourgeoise
Unice : Union des Confédérations de l'Industrie et des Employeurs d'Europe
Unice : Union des Industries de la Communauté Européenne
u.p. : union professionnelle
U.W.E. : Union Wallonne des Entreprises
V.B.O. : Verbond van Belgische Ondernemingen
V.E.V. Vlaams Economisch Verbond
V.O.B. : Verbond van Ondernemingen te Brussel
V.R.T. : Vlaamse Radio- en Televisieomroep
V.T.M.: Vlaamse Televisie Maatschappij
v.z.w. : vereniging zonder winstoogmerk
VHS : Video Home System

1Rapports annuels du C.C.I. pour les exercices 1918 à 1943 (version fr.). 1919-19441 liasse
 2Exercices 1950 et 1954 à 1964. 1951-19651 liasse
 3Exercices 1965 à 1973. 1966-19741 liasse
 4Exercices 1982-1983, 1983-1984, 1984-1985, 1985-1986, 1986-1987, 1987-1988, 1988-1989, 1989-1990. 1983-19901 liasse
 5Exercices 1991-1992, 1993, 1994, 1995, 1996, 1997, 1998 1992-19991 liasse
 6Exercices 2000-2001 à 2006-2007. 2000-20071 liasse
 7Exercices 1951, 1954-1959, 1961-1963 (1964 manque). 1952-19741 liasse
 8Exercices 1965 à 1968 et 1970 à 1973 (1969 manque). 1966-19741 liasse
 9Exercices 1982 à 1991 (1991-1992 manque). 1983-19921 liasse
 10Exercices 1993-1998 19991 liasse
 11Exercices 2000-2001 à 2006-2007. 2000-20071 liasse
12Rapports annuels du conseil d'administration de la F.E.B. (guide de références et rapport " Axes et actions ") (version angl.). 2000-20021 liasse