Inventaire des archives de la B.B.E. (Banque belge pour l'Étranger) puis Compagnie belge pour l'Étranger et de ses filiales 1902-1977

Archive

Name: Banque belge pour l'Étranger (B.B.E.), puis Compagnie belge pour l'Étranger et ses filiales. - Banque belge pour l'Étranger.

Period: 1902 - 1977

Inventoried scope: 35,8 linear meters

Archive repository: National Archives 2 - Joseph Cuvelier repository

Heading : Businesses

Inventory

Authors: BRION René — MOREAU Jean-Louis

Year of publication: 2006

Code of the inventory: I 385

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Producteur d'archives

Nom

B.B.E. (BANQUE BELGE POUR L'ÉTRANGER) puis COMPAGNIE BELGE POUR L'ÉTRANGER et de ses filiales.

Historique

Le Protocole du 6 septembre 1901, qui consacrait la fin de l'insurrection nationaliste chinoise connue sous le nom de guerre des Boxers, imposa à la Chine le paiement d'une indemnité à la Belgique pour un montant de quelque 31 millions de francs-or. La Banque Sino-Belge fut créée sous le prétexte de faciliter l'encaissement de ces indemnités. En fait, il s'agissait plus généralement de développer les relations commerciales entre la Belgique et l'Extrême-Orient. Le Roi Léopold II, qui ne manquait aucune occasion d'encourager l'expansionnisme belge, avait suggéré à la Société Générale de Belgique de créer sur place un organisme financier susceptible de jouer un rôle moteur dans cette partie du monde. Sans enthousiasme, la Société Générale de Belgique entra dans les vues du Roi : la Banque Sino-Belge fut fondée le 5 mars 1902, au capital initial de 1 million.

Le premier conseil d'administration était constitué de V. Stoclet, président, et d'Auguste Goffinet et de Gustave Boël, administrateurs. Alexis Van Damme fut nommé secrétaire. La comptabilité fut confiée à Auguste Callens.

Une première succursale fut ouverte à Shanghai dans le courant de 1902. Mettant à profit la liberté complète qui existait alors en Chine en matière d'émission de billets au porteur, la Banque créa ses propres coupures, libellées en dollars locaux. Elle pratiquait en outre des opérations de change et d'arbitrage, finançait les opérations d'importation et d'exportation et accordait des prêts sur garanties diverses.

Les moyens de la Banque s'avérèrent bientôt insuffisants, et le capital de la société fut porté successivement à 2 millions en 1903, puis à 15 millions lors de l'absorption de la Société Générale Africaine, en 1905. Le conseil d'administration s'ouvrit à de nouvelles personnalités. Le Baron Ferdinand Baeyens en prit la présidence en 1905. Le conseil comprenait alors le Baron van Eetvelde, le Chevalier de Wouters, Alexis Van Damme, Josse Allard, le Baron Auguste Goffinet, Gustave Boël, Émile Francqui, Ed. Thys... Jean Jadot devint administrateur de la société en 1907.

En 1906, une deuxième succursale fut installée à Tientsin. En 1909, la Banque Sino-Belge ouvrit une agence à Londres. Deux ans plus tard, une nouvelle succursale fut ouverte à Pékin, avec l'intention de participer au financement d'affaires gouvernementales. En 1912 et 1914 respectivement, deux agences furent ouvertes en Égypte, la première au Caire, la seconde à Alexandrie. Il semble que l'idée de s'établir en Afrique du Nord soit née de la volonté de disposer d'un relais vers le Congo ; mais les relations commerciales entre la Banque et la Colonie belge restèrent toujours infimes et pour survivre, les agences égyptiennes de la Banque Sino-Belge durent se tailler une place dans les affaires locales.

En 1913, la succursale londonienne de la Banque fusionna avec l'Anglo-Foreign Banking Cy Ltd, spécialisée depuis sa fondation en 1872 dans les opérations commerciales avec le Continent. La fusion donna un coup de fouet à l'essor de la Banque en Angleterre. Le capital de la société fut porté à 30 millions, et sa raison sociale modifiée en "Banque Belge pour l'Étranger", s.a. La Société Générale de Belgique lui accorda alors le droit de s'intituler officiellement sa filiale - ce qu'elle avait toujours été officieusement. Le Baron Carton de Wiart et Henri Le Bœuf entrèrent au conseil à cette époque, et Jean Jadot succéda au Baron Baeyens comme Président de la société : il devait occuper ce poste jusqu'à sa mort, en 1932.

Pendant la Grande Guerre, la présence d'une banque belge à Londres s'avéra providentielle, notamment pour traiter toutes les affaires dont la Société Générale avait le contrôle hors de Belgique. Pendant quatre ans, la Banque fut dirigée de Londres par un comité formé des administrateurs van Eetvelde, Carton de Wiart et Goffinet. La Banque finança et coordonna quantité d'organismes, comités et oeuvres belges en Angleterre. Elle rendit maints signalés services aux autorités belges en exil, que ce soit en France ou en Angleterre, de même qu'aux réfugiés belges en Angleterre. Elle fut le banquier de la Commission for Relief in Belgium et assura le service financier du "Service de l'Ordonnancement de l'Armée", installé dans ses bureaux. Elle en tira un grand prestige, qui facilita son essor ultérieur.

Durant les premières années de l'après-guerre, la Banque connut une expansion accélérée. Le nombre de ses succursales augmenta rapidement : en 1919, elle en ouvrit une à Cologne ; en 1920, à Bucarest, New York et Paris (où elle absorba la Banque Allard) ; en 1922, à Braïla, Hankou et Manchester ; en 1924, à Constantinople. D'autre part, la Banque Belge pour l'Étranger prit de nombreuses participations dans des organismes financiers amis ou s'intéressa dans la création de banques nouvelles.

Elle pénétra ainsi en Espagne dès 1920, en prenant une participation significative dans le capital de la Banco de Cartagena, qui deviendra peu de temps après Banco Internacional de Industria y Comercio ; cette participation fut réalisée en 1933.

L'extension de la Banque en Europe Centrale doit beaucoup aux relations nouées entre Émile Francqui et Richard Fanta. Les banques de l'ancien empire austro-hongrois étaient sorties considérablement affaiblies de la guerre et cherchaient des appuis étrangers : Fanta proposa à Francqui de faire entrer le groupe de la Société Générale de Banque dans le capital de la Wiener Bank-Verein, à Vienne. Ce qui fut fait. Or, la Wiener Bank-Verein possédait avant la guerre des agences dans toutes les provinces de l'empire désormais éclaté : ces succursales furent transformées en sociétés filiales, dans le capital desquelles la Banque Belge pour l'Étranger et le Wiener Bank-Verein entrèrent conjointement. C'est ce qui justifie les relations suivies entre la B.B.E. et une série de banques créées en Europe centrale à cette époque : l'Allgemeiner Böhmischer Bank-Verein, puis Böhmische Union-Bank, à Prague ; la Banque du Pays de Bosnie-Hercégovine (sic), à Sarajevo ; la Société Générale de Banque en Pologne s.a. (à Lwow puis à Varsovie) ; et la Société Générale de Banque Yougoslave s.a., à Belgrade.

C'est encore Richard Fanta qui introduisit auprès de ses amis belges Anghel Kouyoumdjiski, sujet bulgare et fondateur d'une maison de banque à Sofia qui portait son nom. Cette société en commandite fut réorganisée en 1923 sous le nom de Banque Franco-Belge de Bulgarie, plus tard fusionnée avec la Banque Balkanique sous le nouveau nom de Banque Franco-Belge et Balkanique. La participation belge dans cette société fut vendue en 1937.

Sur les relations entre la Banque Belge pour l'Étranger et ces institutions de crédit amies, le fonds d'archives inventorié ci-dessous est particulièrement riche. De même, les documents sur les rares participations industrielles de la Banque (qui avait concentré de gros intérêts dans le secteur des tabacs en Europe) sont nombreux et parlants.

Les succursales de la Banque connurent des fortunes diverses. Celle de Constantinople fut liquidée au bout de quelques années, faute d'affaires à traiter. Elle fut revendue à la Banque Française des Pays d'Orient, qui liquida trois ans plus tard. Celles de Roumanie furent également liquidées en 1929 et vendues à la Banque Commerciale Roumaine (affiliée à la Banque de l'Union Parisienne). Les succursales égyptiennes furent filialisées la même année sous le nom de Banque Belge Internationale en Égypte, société créée avec l'apport de capitaux français, belges, suisses et égyptiens. La succursale parisienne fut convertie en société française sous le nom de Banque Belge pour l'Étranger (Paris) s.a., modifié plus tard en Banque Belge pour l'Étranger (France) s.a. Cette société sera cédée en 1948 à la Banque Belge de l'Union Parisienne. Enfin, la succursale de Londres fut également filialisée en 1934, sous le nom de Banque Belge pour l'Étranger (Overseas) Ltd. L'agence de New York fut attribuée comme succursale à cette société anglaise (elle en sera détachée en 1950 pour donner naissance à la Belgian American Banking Corporation).

À la fin de 1934, seuls subsistaient sous le label de la Banque Belge pour l'Étranger le siège de Bruxelles et les succursales de Chine.

Après la promulgation de l'A.R. du 9 juillet 1935, qui portait un coup fatal aux banques mixtes, la Société Générale de Belgique réorganisa complètement ses activités bancaires, en Belgique et à l'étranger. La Banque Belge pour l'Étranger lui céda sa clientèle et ses participations. Les succursales de Chine furent apportées à une société nouvelle, la Banque Belge pour l'Étranger (Extrême-Orient). La Banque Belge pour l'Étranger s.a. entra alors en liquidation sous un nouveau nom, celui de Compagnie Belge pour l'Étranger s.a.

La clôture de la liquidation fut retardée par un procès fleuve entre la société et un sujet turc, Kiazim Emin. Les archives de ce procès sont volumineuses.

Le fonds comprend également les archives de trois filiales de la Banque Belge pour l'Étranger actives dans le secteur du tabac.

La société Fumaro (Société Anonyme Belge pour le Commerce des Tabacs) s.a. fut constituée le 20 décembre 1923, mise en liquidation le 10 décembre 1928 et liquidée le 30 octobre 1936

La société Levante (Société Anonyme Belge pour le Commerce des Tabacs) s.a. fut créée le 16 mai 1925. Le capital social fut fixé à 50 millions de francs, divisé en 100 000 actions ; 58 700 titres furent donnés à Kiazim Emin en rémunération de ses apports, à savoir la situation active de la société Levante Glaris, société anonyme de droit suisse. Vingt-cinq mille actions furent souscrites en espèces par la B.B.E. s.a. La société avait pour objet l'achat, la vente, l'exportation et l'importation en tout pays de tabacs en tous genres et toutes opérations liées à la fabrication des produits dérivés du tabac, à la culture du tabac et à son entreposage.

La société Tabeurop (Compagnie Européenne des Tabacs) s.a., dite également E.T.C. (European Tobacco Cy), fut constituée le 12 août 1926 suite à une convention entre la Banque Belge pour l'Étranger s.a., la société Fumaro s.a. et la société Levante s.a., toutes trois sociétés de droit belge. Cette " joint venture " entre Fumaro et Levante, au capital de 1 500 000 francs, avait pour but de centraliser leurs opérations d'achat de tabacs et de mieux assurer leur unité d'action dans les pays producteurs (accessoirement, de diminuer les frais généraux). Tabeurop s.a. achetait aux producteurs turcs, bulgares ou grecs le tabac en feuilles nécessaire à l'activité commerciale de ses deux actionnaires. Des succursales furent constituées à Constantinople, Sofia et Thessalonique. En octobre 1927, le capital fut porté à 50 millions de francs et la B.B.E. s.a. prit un important intérêt direct dans Tabeurop s.a. En 1930, la Banque était devenue propriétaire de 89 600 titres de Tabeurop s.a. sur un total de 100 000. Le 9 décembre 1935, elle était devenue le seul actionnaire de Tabeurop s.a. Le 10 décembre 1936, celle-ci fut mise en liquidation. La société Tabeurop s.a. fut plus ou moins visée par Kiazim Emin lors de ses attaques contre la B.B.E. s.a. et la Levante s.a. La liquidation ne fut clôturée qu'en 1977.

Le fonds comprend enfin les archives d'une dernière filiale de la Banque Belge pour l'Étranger, Unifipo (Union Financière Polonaise) s.a. Cette société à portefeuille regroupait de nombreuses participations dans des sociétés à capitaux belges actives en Pologne.

Sigles et Abréviations

A.G. : Aktiengesellschaft
A.G.R. : Archives Générales du Royaume
A.V.A.E. Association pour la Valorisation des Archives d'Entreprises
a.s.b.l. : association sans but lucratif
B.C.K. : Chemin de Fer du Bas-Congo au Katanga
ca : circa (environ)
Cie : Compagnie
Co. : Company
Cy : Company
Ltd : Limited
NN. : [sigle conventionnel pour un prénom inconnu]
n : numéro
n.v. : naamloze vennootschap
O.P.A. : offre publique d'achat
s.a. : société anonyme
s.a.r.l. : socièdade anónima de responsabilidade limitada
s.c. : société coopérative
s.c.a.r.l. : société congolaise par actions à responsabilité limitée
s.c.r.l. : société congolaise à responsabilité limitée
s.d. : sans date
S.G.B. : Société Générale de Belgique
s.n.c. : société en nom collectif (France)
s.p.r.l. : société de personnes à responsabilité limitée
T.C.L. : Tanganyika Concessions Ltd
U.R.S.S. : Union des Républiques Socialistes Soviétiques

1Statuts, coordination des statuts. Collection des extraits des A.M.B. concernant la société. Signatures autorisées (1919-1935). Registre de Commerce de la B.B.E. s.a. puis de la Compagnie Belge pour l'Étranger s.a., procurations données à des tiers et listes des signatures, transfert du siège social. 1902-1970.1 liasse
2Statuts, coordination des statuts. Collection des extraits des A.M.B. concernant la société. Signatures autorisées (1919-1935). Registre de Commerce de la B.B.E. s.a. puis de la Compagnie Belge pour l'Étranger s.a., procurations données à des tiers et listes des signatures, transfert du siège social. 1902-1970.1 liasse