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Le Tribunal de commerce constitue dès son érection en 1799 une juridiction spéciale héritée de près ou de loin d'institutions consulaires mises en place sous l'Ancien Régime. Malgré les critiques émises dans les cahiers de doléances établis en France en 1789, déjà formulées par les magistrats professionnels dans les années qui ont précédé, le législateur révolutionnaire prescrit par la loi du 16-24 août 1790 de maintenir un tribunal spécifique pour les affaires commerciales alors que l'heure est pourtant à la rationalisation par le biais d'instances ayant des compétences aussi larges que possible suivant une division en ressorts plus cohérente. Le fait trouve sans doute son explication par l'idéologie bourgeoise dominante qui considère d'un bon œil le traitement des affaires commerciales par des spécialistes provenant eux-mêmes du monde des affaires. Si, initialement, le tribunal de commerce est composé de cinq juges élus pour deux ans par tous les commerçants de son ressort ayant payé une patente, à des conditions assez libérales, le Code de Commerce napoléonien du 15 septembre 1807 prévoit une forme de régression en limitant l'accès aux listes électorales aux commerçants et industriels les plus importants.

L'article 105 de la Constitution belge (article 157 de la Constitution coordonnée de 1994) donne aux tribunaux de commerce une légitimité supérieure. Cependant, jusqu'en 1869, leur fonctionnement continue d'être régi par la législation napoléonienne. En province de Namur, comme sur tout le territoire national, un tribunal de commerce fonctionne par arrondissement judiciaire. Tandis qu'à Dinant, c'est le tribunal civil qui exerce la compétence du tribunal de commerce, une instance indépendante fonctionne dans l'arrondissement de Namur. Celle-ci est composée d'un juge-président et de plusieurs autres juges élus pour deux ans par un corps composé de notables. Ceux-ci sont désignés par la Députation permanente de la Province de Namur. Pour pouvoir devenir juge, il faut remplir les conditions suivantes : être âgé de 30 ans et avoir exercé honorablement pendant cinq ans le métier de commerçant. Le Président du tribunal, âgé de 40 ans au moins, doit avoir exercé la fonction de juge. Le juge élu doit être institué par le Roi avant de prêter serment. Le Roi nomme aussi le greffier et les huissiers attachés à chaque tribunal de commerce.

Le thème de la professionnalisation de la juridiction consulaire demeure au centre des débats des XIXe et XXe siècles jusqu'à la réforme du Code judiciaire de 1967. Celui-ci ne donne finalement que partiellement raison aux détracteurs du Tribunal de commerce institué par le droit français, puisqu'il maintiendra à côté d'un juge professionnel le recours à des juges consulaires ayant de très larges responsabilités, formant ainsi ensemble la juridiction dite " échevinée ". Cette option est déjà examinée avant l'adoption de la loi du 18 juin 1869 sur l'organisation judiciaire, qui confirme cependant l'institution consulaire et maintient le système existant. Le texte légal pérennise l'existence du tribunal de commerce à Namur. Il adapte au niveau national les conditions d'éligibilité des juges, essentiellement pas l'abaissement de l'âge minimal (25 ans pour les juges et les juges-suppléants, 27 ans pour le Président et le Vice-Président). Le greffier, nommé par le Roi, doit avoir 25 ans au moins et détenir un diplôme de docteur en droit. Celui-ci reçoit dès 1910 le titre de référendaire ou référendaire-adjoint, ce qui lui confère, donc, un rôle spécifique nettement plus étendu. De la sorte, le greffier-adjoint reçoit en 1920 le titre de greffier et occupe une charge du même ordre que celle de son confrère du tribunal civil. L'aboutissement de ce processus est la reconnaissance du référendaire comme véritable magistrat et, par voie de conséquence, l'introduction d'un professionnel du droit reconnu auprès du tribunal de commerce.

L'une des évolutions majeures que connaissent les tribunaux de commerce intervient après la Première Guerre Mondiale suite à l'introduction du suffrage universel et à la suppression du droit de patente. Ces mesures entraînent une réforme obligatoire de la procédure d'élection des juges. La qualité d'électeur est dorénavant conférée à toute personne jouissant du droit de vote aux élections communales à condition qu'elle soit inscrite depuis deux ans au registre de commerce ou qu'elle travaille à la gestion d'une société commerciale depuis le même laps de temps. En principe, les femmes qui répondent aux conditions peuvent aussi bien être électeurs qu'éligibles. Le Président et le Vice-Président sont dorénavant élus par l'assemblée générale du tribunal parmi les juges effectifs.

Les mutations en cours provoquent en outre la prorogation régulière des mandats des juges. En 1934, la durée de principe de ceux-ci passe de deux à huit ans avec renouvellement tous les quatre ans de la moitié des mandats. L'un des objectifs de ce changement est de développer l'expérience des juges consulaires, en charge notamment de la gestion des dossiers de faillites et de concordats. Après la Seconde Guerre Mondiale, la désignation des juges ne se fait plus que par une procédure accélérée originellement réservée à des cas particuliers. L'on abandonne donc l'élection par le corps électoral des commerçants au profit d'un choix opéré par l'assemblée générale du tribunal. Le système perdurera tel quel jusqu'à la promulgation du nouveau Code judiciaire inscrit dans la loi du 10 octobre 1967.

Le ressort du Tribunal de commerce de Namur est depuis l'origine l'arrondissement judiciaire de Namur. Ceci explique pourquoi l'essentiel des archives produites concerne exclusivement cette zone géographique.