Name: Château de Bonneville
Period: 1503 - 1956
Inventoried scope: 13,5 linear meters
Archive repository: State archives in Namur
Heading : Families and Persons
Authors: Bodart, Emmanuel — Jacquet-Ladrier, Françoise
Year of publication: 2025
Code of the inventory: I258
Château de Bonneville
Le château de Bonneville est une création liée à l'émergence d'une seigneurie au XVIIe siècle, dans le cadre de la politique menée par le Domaine royal en quête de moyens. Le 23 décembre 1637, la seigneurie de Sclayn, Bonneville, Sclaineau et Sclermont est en conséquence engagée au profit de Jacques Zualart, "chairier" (receveur du domaine dans la mairie) de Namur et ancien bourgmestre de la ville, qui avait acquis la cense de Jandrain à Bonneville dès 1617 (voir n° 497 du présent fonds d'archives). Cette installation précoce des Zualart à Bonneville explique que le siège de la nouvelle seigneurie est fixé dans cette localité et non à Sclayn, siège d'un chapitre collégial, peut-être un peu trop "encombrant".
La fortune de la famille Zualart n'est pas de longue durée. Le fils de Jacques, Tilman, relève la seigneurie le 18 février 1657. En difficulté financière, celui-ci continue à grever ses possessions locales de charges afin d'obtenir les crédits nécessaires au maintien de son train de vie. Faute de respecter ses engagements, ses créanciers le poursuivent en justice. Dans l'intervalle, Jean-Hubert de Tignée rachète les rentes en question dès 1689. Des procédures de saisine de la seigneurie étaient déjà engagées. Lui et sa mère, Élisabeth de Fortemps de Loneux, les reprennent à leur compte. Ils prennent possession des biens et Jean-Hubert relève la seigneurie au nom de sa mère le 26 novembre 1692.
Cet épisode donne lieu à un procès à rallonge qui oppose Jean-Hubert de Tignée, puis ses héritiers, au premier rang desquels Jérôme-Paul de Jaminet, son beau-fils, aux neveux de Tilman Zualart et à son beau-fils, le baron François-Eugène de Gaillardy, puis Marie-Anne de Gaillardy. La procédure ne donnera finalement raison aux premiers qu'en 1756 devant le Grand Conseil de Malines (voir le dossier aux n° 406-423 du présent fonds d'archives).
Depuis la prise de possession du château de Bonneville par les Tignée, celui-ci ne fait plus l'objet de vente. Encore aujourd'hui, ce sont les lointains héritiers par alliance de Jean-Hubert de Tignée qui le détiennent et en assurent la conservation.
Comme son nom l'indique, la famille est originaire de Tignée (province de Liège, commune de Soumagne). Au moment de sa naissance en 1650, les parents de Jean-Hubert demeurent à Liège. Son père, Henri, y était actif auprès des échevins en tant que prélocuteur. Jean-Hubert y est lui-même avocat, ce dont les archives conservées font partiellement écho (voir n° 291-295). L'investissement dans des propriétés proches d'Andenne et de Sclayn ne se limite pas à Bonneville. Dès 1688, Jean-Hubert acquiert les seigneuries d'Haltinne et de Faulx. Il abandonne assez vite la première, mais demeure en possession de la seconde. À l'occasion de son mariage avec Anne-Catherine d'Olne en 1690, il reçoit de sa mère les biens de Sclayn-Bonneville. Il développe ensuite son patrimoine en prenant possession de biens dans ces localités, entre autres à Bonneville, les censes de Dhuy et de la Commanderie. En 1709, Jean-Hubert de Tignée accède au rang de chevalier du Saint-Empire.
Les fils de Jean-Hubert de Tignée n'ayant pas de descendance masculine, la seigneurie de Bonneville passe aux mains de son beau-fils, Jérôme-Paul de Jaminet, époux d'Élisabeth de Tignée. En effet, après le décès de Jean-Hubert de Tignée, son fils, Pierre-Hubert, relève la seigneurie le 18 novembre. Lors du partage des biens du premier le 12 février 1725, la possession des seigneuries de Bonneville et de Faulx revient à son autre fils Guillaume-Henri. Pour gérer leurs biens, les Tignée font appel à Jérôme-Paul de Jaminet, leur cousin, avocat. Celui-ci fait la connaissance à Bonneville d'Élisabeth qu'il épouse à Liège le 7 mai 1726. Il s'occupe de la gestion des biens familiaux et finit par recevoir en donation les seigneuries de Bonneville et de Faulx le 8 avril 1735. Il relève la première le 28 juin 1738.
Jérôme-Paul de Jaminet décède le 16 février 1771. Sa veuve relève les seigneuries de Bonneville et de Faulx le 6 février 1772. Élisabeth de Tignée meurt à son tour le 5 avril 1775, laissant ses biens à son fils, Jérôme-Paul junior. Celui-ci avait épousé Philippine de Reul, sa cousine germaine, en 1761. Si la seigneurie de Bonneville est abolie dès 1795, au moment de la réunion des Pays-Bas autrichiens à la France révolutionnaire, Jérôme-Paul de Jaminet conserve ses biens et, notamment, le château de Bonneville. Lui et son épouse rachètent ensuite les biens du vicariat de Bonneville (chapelle, presbytère et terres), vendus aux enchères comme bien nationaux. Après le Concordat, ceux-ci sont mis à nouveau au service du culte dans la localité tout en restant propriété de la famille.
Philippine de Reul décède le 13 novembre 1808, Jérôme-Paul le 12 juillet 1813. Ils sont tous deux enterrés dans l'église de Bonneville. Leurs biens reviennent alors à leur neveu, Gilles-Théodore-Lambert de Reul. Celui-ci avait épousé le 10 septembre 1791 Marie-Anne-Philippine le Gro, fille de François-Joseph, président du Conseil de Limbourg, et d'Albertine-Josèphe Poswick. Il exerce un temps le mandat de bourgmestre de Sclayn. Après leur décès en 1848 et 1850, leur fille cadette, Éléonore, épouse du baron Arnold de Thiriart, hérite des biens de Bonneville. Ceux-ci passent ensuite aux mains de sa fille, Sidonie, épouse de son cousin germain, Guillaume, chevalier de Harlez, jusqu'en 1907. Leur fille, Éléonore, épouse du chevalier de Sauvage-Vercour, en hérite et réunit à nouveau de la sorte ces propriétés et celles du château de Faulx. Sans descendance, ce couple lègue Bonneville à leur nièce, Marie-Louise de Harlez de Deulin, épouse en premières noces de Léon, chevalier de Theux de Meylandt, et en secondes de Robert, baron Capelle.
Les différents propriétaires du château de Bonneville conservent leurs archives personnelles sur place et en amènent au moment de leur arrivée. Il est évident, au regard de l'état de conservation du fonds, que ces documents ont connu des fortunes diverses. Certains ont fortement souffert de l'humidité, ce qui laisse présager que des pertes ont dû intervenir alors que les archives étaient encore à Bonneville. Toutefois, celles-ci ne sont, à notre connaissance, pas documentées.
Le dépôt des archives du château de Bonneville par la famille Capelle aux Archives de l'État à Namur est intervenu le 21 octobre 1952 (registre d'entrées 1952/11) et le 26 octobre 1954 (registre d'entrées 1954/10). Un complément est arrivé en 1966 (registre d'entrées 1966/26). Quelques documents y ont été ajoutés dans les années 1970 et le 24 octobre 2003 (registre d'entrées 2003/19).
Les archives du château de Bonneville contiennent les documents familiaux des différents propriétaires depuis les Zualart au XVIIe siècle jusqu'aux Capelle au milieu du XXe siècle. Elles sont complétées par des documents épars d'institutions civiles au sein desquelles certains membres des familles concernées étaient actifs. Le fonds s'achève par des archives de famille dont le lien avec les propriétaires de Bonneville n'est pas clairement établi et par une petite collection de manuscrits et d'imprimés.
La structure de l'inventaire respecte globalement celle choisie par les deux premières archivistes en charge du fonds. Celle-ci correspond au cadre de classement utilisé classiquement par les Archives de l'État depuis les années 1960. Celui-ci n'a par ailleurs guère évolué depuis, même si les papiers d'office sont généralement intégrés aux archives personnelles des personnalités concernées elles-mêmes plutôt que d'en être séparées pour constituer un chapitre à part entière.
L'ordre d'apparition des archives familiales respecte également le choix de nos prédécesseuses, à savoir celles de la famille donatrice, les Capelle, puis, chronologiquement, celles des familles ayant détenu le château avant elle et, enfin, celles des Zualart dont les possessions furent confisquées à la fin du XVIIe siècle.
Dans la section de la gestion des biens, le classement a été organisé géographiquement en commençant par les généralités, puis par province, d'abord de Namur, puis de Liège.
La très grande majorité des textes sont en français. On note cependant la présence de quelques textes juridiques en latin dans les dossiers de procès et un testament en néerlandais.
Actuellement, le château de Bonneville est toujours occupé par des particuliers. Il n'est donc pas impossible qu'à l'avenir, des documents familiaux en provenant complètent le présent fonds.
Les archives décrites dans le présent inventaire peuvent être consultées et reproduites en salle de lecture des Archives de l'État à Namur moyennant le respect de la réglementation en vigueur.
Une partie notable du fonds a été conservée, comme nous l'avons dit, dans des conditions d'humidité trop importantes au sein du château de Bonneville. Des traces en sont perceptibles sur des documents assez nombreux. Il faudra donc veiller à manier ceux-là avec prudence au moment de les consulter.
CAPELLE, Robert, Litiges nés à l'occasion du droit de seigneurie à Sclayn-Bonneville aux XVIIe et XVIIIe siècles, dans Études d'histoire et d'archéologie namuroises, dédiées à Ferdinand Courtoy, Gembloux, 1952, p. 809-820.
CAPELLE, Robert, La seigneurie de Sclayn-Bonneville, Namur, 1962.
DELOOZ, Roger, A la découverte d'Andenne, 1991, p. 35-47.
DE THEUX, Baudouin, Bonneville. Histoire d'une seigneurie du comté de Namur, 1964 (Mémoire inédit), accessible via : https://www.bibliotheca-andana.be/?p=263390 (consultation le 5 septembre 2024).
DE THEUX, Baudouin, Illustrations héraldiques d'une lignée de châtelains à Bonneville, dans Le Parchemin, 55e année, n° 265, 1990, p. 1-27.
Le fonds d'archives du château de Bonneville fut confié dans un premier temps à Arlette Meynart, épouse Smolar, qui exerça le métier d'archiviste à Namur entre 1970 et 1978 en se spécialisant dans les fonds de famille. Une fois engagée à la Ville de Bruxelles, il semble bien que le fonds du château de Bonneville l'y suivit afin qu'elle puisse en achever l'inventaire. Par des échanges avec Cécile Douxchamps-Lefèvre en 1984, il apparaît que ces archives sont revenues ensuite à Namur en 1979. Toutefois, manifestement, l'inventaire produit n'était pas achevé. Il fut ensuite repris par Françoise Jacquet-Ladrier qui en fit réaliser un encodage informatique au début des années 1990. Cependant, pour des raisons de santé, celle-ci laissa le fonds de côté sans que l'inventaire ne puisse aboutir. Il faut noter qu'une numérotation "définitive" lui avait été appliquée, mais qu'en magasin, les archives étaient encore identifiées par une ancienne numérotation aléatoire.
En 2012, Emmanuel Bodart entreprit le début du contrôle de l'ensemble du fonds avec l'application de la nouvelle numérotation en magasin, puis vint la préparation du transfert vers une nouvelle implantation du dépôt namurois et le dossier fut à nouveau mis de côté. Ce n'est finalement qu'en 2023 et 2024 que les opérations de contrôle, de renumérotation et de reclassement définitif purent aboutir au présent inventaire, avec un accroissement de plus de 200 cotes d'archives rendu nécessaire pour une meilleure identification des archives.
Septante ans ont passé entre le moment de l'entrée du fonds et son inventoriage définitif. C'est certes trop long et le fonds était un peu considéré comme maudit au sein de l'établissement. Il faut dire que son classement initial posait beaucoup de problèmes et nécessitait une refonte importante que seul le troisième archiviste concerné put finalement mener à bien, avec toutes les limites que comporte cet exercice.
Tout en respectant les options de classement choisies par les deux premières collègues actives sur le fonds, Emmanuel Bodart s'est conformé au mieux à la norme ISAD(G) et aux Directives relatives au contenu et à la forme d'un inventaire d'archives des Archives de l'État (août 2012).
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Présence de moisissures. | 1 | Titres sur parchemins relatifs à la gestion de rentes. 1603-1690. | 7 pièces |