Présentation du registre n°4bis à la Société des Bibliophiles liégeois, le 18 juin 2019, par Emmanuel Joos de ter Beest

Ce registre de format allongé (31,5 x 11,5 cm) rassemble 10 cahiers d'inégales épaisseurs et sommairement cousus ensemble, le tout sous une couverture récupérée d'un ancien parchemin dont la face intérieure comporte un texte religieux et des notes de musique. Il y a 134 f° (+ 2 bis) numérotés au crayon.
Le document en cause s'est retrouvé dans les papiers de Jules de Ville de Goyet (1920-1999) et j'ai pu en prendre connaissance pour rédiger mon ouvrage publié en 1984 La famille de Ville de Goyet, Histoire et généalogie où je le cite à sept occasions dans le cadre des deux premières générations.
Ce registre ne figure pas dans l'inventaire des archives de la cure de Ville-en-Hesbaye (1) déposées aux Archives de l'État le 18 avril 1969. Par contre une petite vignette dentelée avec le chiffre XII collée sur la couverture permet d'affirmer qu'il faisait bien partie des papiers de ladite cure autour de 1900. En effet, des vignettes dentelées analogues, avec les chiffres II, III, IV et VII, figurent encore actuellement sur d'autres registres de la cure de Ville-en-Hesbaye aux A.É.L. et dans un cas avec une bandelette ne pas livrer le dimanche niet bestellen op zondag, bandelette annexée aux timbres postaux belges de 1893 à 1913.
Il n'a pas été possible de déterminer comment ce registre est arrivé dans la famille de Ville de Goyet dont le plus lointain ancêtre connu est Jehan Philippar, mayeur de Ville-en-Hesbaye et père dudit Philippe de Ville, curé du même village de 1548 à 1599.
En ce qui concerne les archives de la cure de Ville-en-Hesbaye, le présent registre du XVIe siècle couvre une période antérieure d'un siècle par rapport aux autres documents actuellement conservés pour ladite cure. Il nous est donc agréable de désormais ramener le présent registre aux A.É.L. afin qu'il puisse rejoindre les archives de la cure de Ville-en-Hesbaye et notamment un registre analogue (2) qui couvre cette fois les revenus du curé entre 1644 et 1727.
Ces registres sont rarement exploités car on y trouve, souvent d'une écriture peu soignée, une litanie, répétée années après années, des revenus du curé du lieu avec leurs débiteurs. Cependant avec un peu de patience on finit par y trouver quelques renseignements notamment d'intérêt généalogique (3) .
Notre document débute par un f° ajouté a posteriori par Guillaume de Hemricourt, le nouveau curé de Ville-en-Hesbaye, et où on lit, en écriture calligraphiée, l'épitaphe de son prédécesseur, Philippe de Ville, curé du lieu pendant 52 ans.
Les 13 folios suivants, d'une écriture assez régulière, sont consacrés à un inventaire des revenus du curé, établi en début de son pastorat et classés en trois rubriques :
- f° 3 à 9, les biens qui lui payent des rentes en épeautre, nous sommes en effet au cœur de la riche Hesbaye agricole.
- f° 11 à 12 verso, les biens qui appartiennent au curé, à savoir 24 petites parcelles formant un total d'environ 11 bonniers, soit une dizaine d'hectares,
- f° 13 verso à 15, les héritages qui doivent la dîme au curé qui in fine appose sa signature en bas de page, avec la mention : Phe de Vilhe Pbr (Presbiter) Institus de Vilhe in Hesbania.
Dans chaque cas, le débiteur de la charge est nommément désigné et le bien foncier grevé est précisément localisé notamment par référence à ses voisins situés : vers Brabant, Daval, vers Meuse et Damont çàd, respectivement au nord, à l'est, au sud et à l'ouest. L'aval et l'amont s'en référent sans doute au cours de la Mehaigne qui traverse le village par une pente qui va d'ouest en est.
À partir du folio 16, le curé inscrit au jour le jour et année après année, les revenus qu'il encaisse. De ce fait l'écriture devient moins soignée et donc les données moins aisées à exploiter d'autant plus que plusieurs pages sont fortement délavées. Cela débute donc avec les cens et rente pour l'an 1548 qui sont suivis de 4 rentes en chapons. Si pour les premières années les encaissements recouvrent quatre folios, ensuite ils se limitent à deux folios.
L'année 1594 est la dernière où Philippe de Ville est cité comme curé bénéficiaire des revenus en cause, aucun nom n'est cité pour les années 1595 à 1598, tandis que son successeur, Guillaume de Hemricourt encaisse les revenus de l'année 1599. Cela laisse penser que, en raison de son grand âge, Philippe de Ville, décédé le 11 avril 1599, n'a plus effectivement exercé sont pastorat les dernières années de sa vie.