Name: Société anonyme d'Ougrée-Marihaye
Period: (1799) 1835 - 1955 (1974)
Inventoried scope: 47,85 linear meters
Archive repository: State archives in Liège
Heading : Businesses
Authors: Anne-Catherine Delvaux
Year of publication: 2011
Code of the inventory: V8
Société anonyme d'Ougrée-Marihaye
Anciens noms :
Société anonyme des Charbonnages et Hauts Fourneaux d'Ougrée (1835-1892)
Société anonyme d'Ougrée (1892-1900)
Le 28 décembre 1811, Hoto de Hodiamont, géomètre, et Paquo, propriétaire, sollicitent la concession de mines de houille sous la commune d'Ougrée. Malgré l'absence d'autorisation de l'administration, ils entreprennent des travaux d'exploitation. Charles James et John Cockerill introduisent la même demande le 19 février 1820. L'arrêté royal n° 136 du 31 juillet 1827 leur accorde une concession de 188 bonniers 89 verges carrés et les oblige à payer à Hoto et Paquo la somme de 3000 florins à titre d'indemnité pour les travaux déjà entrepris (1). Deux ans plus tard, le 20 avril 1829, Charles Sauvé, Jacques Louis et Frédéric Louis Behr achètent à John Cockerill la moitié des actions de la concession pour 1000 florins. Ils s'engagent également à payer la moitié de l'indemnité due à Hoto et Paquo ainsi que la moitié des frais déjà engagés par John Cockerill. La société charbonnière dite la " nouvelle fosse d'Ougrée " est fondée trois jours plus tard par acte sous seing privé (2).
Confrontée à la récession économique et à la perte des débouchés hollandais, la " nouvelle fosse d'Ougrée " souhaite adjoindre la fonte des minerais à l'exploitation du charbon mais la transformation des installations nécessite d'importants capitaux. Avec l'appui de la Banque de Belgique, la " nouvelle fosse d'Ougrée " devient, le 17 septembre 1835, la Société anonyme des Charbonnages et Hauts Fourneaux d'Ougrée. Les deux premiers hauts fourneaux sont construits en 1836 et mis à feu en 1837. Dix ans plus tard, les hauts fourneaux 3 et 4 sont mis en service. La Société anonyme des Charbonnages et Hauts Fourneaux d'Ougrée change de nom le 2 août 1892 pour devenir la Société anonyme d'Ougrée. Le 19 décembre 1892, celle-ci absorbe la Fabrique de Fer d'Ougrée (3), société voisine avec laquelle les relations commerciales sont très étroites. Soucieuse de s'assurer d'importantes réserves houillères, la SA d'Ougrée fusionne avec la SA des Charbonnages de Marihaye (4) le 30 avril 1900 et prend le nom de Société anonyme d'Ougrée-Marihaye.
En contrôlant ses approvisionnements (concentration verticale) et en prenant des participations dans des sociétés étrangères ou en fusionnant avec elles (concentration horizontale), Gustave Trasenster (5) fait d'Ougrée-Marihaye un géant de la sidérurgie belge. Sous son impulsion, Ougrée-Marihaye pénètre les marchés très protégés de France (achat de la majorité des actions des Hauts Fourneaux de La Chiers et des Forges de Vireux-Molhain en 1903) et du Zollverein (absorption de la SA des Hauts Fourneaux de Rodange en 1905). Les investissements se succèdent : construction de quatre nouveaux hauts fourneaux (ce qui porte leur total à huit) et d'une usine à oxygène ; installation de trente fours à coke horizontaux ; électrification des installations, etc.
Au sortir de la Première Guerre mondiale, les installations d'Ougrée-Marihaye ont été extrêmement endommagées par les Allemands (quatre hauts fourneaux complètement détruits et quatre détériorés). En 1919, Gustave Trasenster cède son poste de directeur général à son beau-fils Jacques Van Hoegaerden (6) et devient président du Conseil d'administration. Ougrée-Marihaye profite de la reconstruction pour vendre des produits de plus en plus évolués et pour développer son réseau commercial en fondant, en 1924, la Société commerciale de Belgique (7) (Socobelge). Elle multiplie les participations, fonde la Société belge de l'Azote, fusionne avec les Charbonnages de Bray (1928), le charbonnage de Fontaine-l'Évêque (1929) et la Société métallurgique d'Alliance-Monceau (1930). Mais Ougrée-Marihaye est un colosse aux pieds d'argile. Son prodigieux développement s'est construit sur des bases financières peu solides et la crise de 1929 remet tout en question. En 1934-1935, la société est complètement réorganisée et décentralisée afin de retrouver son rôle traditionnel d'entreprise sidérurgique. Cette réorganisation est négociée par le baron Paul de Launoit (8) avec la Banque nationale, la Société nationale de Crédit à l'Industrie (SNCI) et le ministre des Finances. L'ancienne Ougrée-Marihaye est transformée en quatre sociétés : la Compagnie financière et industrielle d'Ougrée (Cofinindus) reprend les participations et les créances non indispensables à l'activité industrielle ; la Société minière et métallurgique de Rodange continue l'activité d'Ougrée-Marihaye dans le Luxembourg ; la Caisse d'Épargne et de Dépôts d'Ougrée est chargée de la gestion de l'épargne du personnel ; et la nouvelle SA d'Ougrée-Marihaye redevient une société à objet purement industriel en reprenant l'activité sidérurgique. La Socobelge est dissoute et remplacée par la Société commerciale d'Ougrée. Jacques Van Hoegaerden, président du Conseil d'administration depuis le décès de Gustave Trasenster en 1931, est évincé au profit du baron Paul de Launoit. De ce fait, le pouvoir ne se situe plus à Ougrée mais bien chez Cofinindus dont de Launoit est également le président.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, l'entreprise fonctionne au ralenti. Les installations n'ayant pas été démantelées par les Allemands, le redémarrage des usines est rapide. Ougrée-Marihaye choisit de faire tourner ses usines à plein régime plutôt que de les moderniser en utilisant les crédits du plan Mashall. En 1947, la Société commerciale d'Ougrée devient la Société commerciale de Sidérurgie (Siderur). Une explosion de grisou, sans doute causée par une lampe défectueuse, provoque la mort de vingt-six mineurs au charbonnage de Marihaye (Many) le 24 octobre 1953. L'exploitation des concessions de Marihaye et d'Ougrée cesse l'année suivante. L'après-guerre est marquée par la création de la Communauté européenne du Charbon et de l'Acier (CECA), vaste marché commun qui assure le libre accès aux matières premières et à la vente des produits finis, et par le regroupement des entreprises sidérurgiques. Le 27 juin 1955, la SA d'Ougrée-Marihaye, la SA John Cockerill et Ferblatil fusionnent pour constituer la SA Cockerill-Ougrée, nouveau géant de la sidérurgie belge.
La Société anonyme d'Ougrée-Marihaye exploite des mines de charbon, de fer et de manganèse. Elle produit et vend du coke, de la fonte, du fer, de l'acier et de l'électricité.
Le siège social de la société était situé quai d'Ougnée à Ougrée.
La Société anonyme d'Ougrée-Marihaye est gérée par un Conseil d'administration dont les membres (de cinq à seize) sont élus pour six ans. Le Conseil d'administration est assisté d'un directeur général nommé et révocable par lui. Le directeur exécute les décisions du Conseil d'administration et gère les affaires courantes. Le Collège des commissaires est chargé de la surveillance de la société. Les administrateurs et commissaires forment le Conseil général qui est chargé de l'examen du bilan et du compte des profits et pertes.
L'assemblée générale, composée de tous les actionnaires, est présidée par le président du Conseil d'administration, assisté de deux scrutateurs. Elle délibère à la majorité des voix des actionnaires présents. L'assemblée générale, entre autres, approuve ou rejette le bilan et le compte des pertes et profits, détermine l'emploi des bénéfices et statue par un vote spécial sur la décharge à donner aux administrateurs et commissaires.
Lors de sa création, la Société anonyme d'Ougrée-Marihaye compte trois divisions d'exploitation : Marihaye (charbonnages), Hauts Fourneaux et Aciéries. La Société des Hauts Fourneaux de Rodange devient, en 1905, la quatrième division d'Ougrée-Marihaye (division de Rodange). La division des Tréfileries (Hemixem et Ruysbroeck) constitue la cinquième division. En 1935, l'organisation d'Ougrée-Marihaye est complètement revue. Seules les trois divisons des Hauts-Fourneaux, Aciéries et Marihaye sont conservées.
La devise d'Ougrée-Marihaye est Summa labore summo.
Les archives étaient conservées par la société Cockerill (qui a absorbé Ougrée-Marihaye) au haut fourneau d'Ougrée et à l'ancienne linière Saint-Léonard. Une partie de ces archives a transité par le Musée du Fer et du Charbon (actuellement Maison de la Métallurgie (9)) et par le Centre d'Histoire des Sciences et des Techniques (10) (CHST) avant d'être versée aux Archives de l'État à Liège.
Cockerill a déposé ses documents aux Archives de l'État à Liège les 24 avril 1979 (référence du registre des acquisitions 1979 (10) 1431), 22 novembre 1985 (mentionné dans le registre des acquisitions mais sans référence), 21 août 2007 (pas de référence) et 10 août 2009 (dossier central, société Cockerill). De son côté, le Centre d'Histoire des Sciences et des Techniques a versé les archives relatives à la société le 5 janvier 1993 (référence 1758 1993-1). Le CHST en a fait don aux AÉL en juin 2004.
Les archives couvrent la totalité de la période d'activité d'Ougrée-Marihaye (1900-1955). Elles comprennent également des documents produits par les sociétés (11) dont Ougrée-Marihaye est issue. Les archives d'Ougrée-Marihaye ne concernent que le Secrétariat général, la comptabilité et le Service minier. Aucun document des divisions n'est parvenu aux AÉL. Les archives produites par le Secrétariat général sont très variées et présentent un grand intérêt pour la compréhension de la gestion de la société. On y trouve, entre autres, les rapports annuels, les documents produits par les différents conseils, comités et assemblées, les dossiers de participations, les demandes de subsides, les dossiers relatifs aux guerres mondiales, etc. Les livres journaux, les comptes, les inventaires et les documents relatifs aux bâtiments constituent les archives de la comptabilité. Enfin, les archives du Service minier sont essentiellement composées de dossiers relatifs aux recherches et exploitations minières en Belgique et à l'étranger et de dossiers documentaires.
Langues et écriture des documents
La plupart des documents sont rédigés en français. Certains documents sont en anglais et en allemand.
Les archives n'appartenant pas à la SA d'Ougrée-Marihaye ont été retirées du fonds. Ces archives proviennent d'autres sociétés du groupe Cockerill Sambre et de charbonnages. Les doubles et les documents qui présentaient un intérêt mineur ont été éliminés. La masse des archives est ainsi passée de 54,40 mètres à 47,85 mètres.
La société ArcelorMittal Liège (12) conserve encore en ses locaux des documents relatifs à Ougrée-Marihaye.
Les archives d'Ougrée-Marihaye déposées par la société Cockerill en 1979 et 1985 ont fait l'objet de deux inventaires (Hansotte G., Inventaire des archives de la société anonyme Cockerill à Seraing, Bruxelles, 1979 et Id., Inventaire des archives de la société anonyme Cockerill à Seraing (supplément), Bruxelles, 1986). Nous avons choisi de fusionner les archives déposées par la société Cockerill et celles versées par le Centre d'Histoire des Sciences et des Techniques pour trois raisons : faciliter la tâche du chercheur (un seul instrument de recherche au lieu de trois) ; éviter les doublons et vérifier l'état du fonds inventorié par G. Hansotte (voir table de concordance en annexe).
Les descriptions de G. Hansotte ont été en partie réécrites afin de correspondre aux Directives relatives à la forme d'un inventaire d'archives. Certains numéros ont été rassemblés en un seul ; d'autres ont été divisés chronologiquement et/ou répartis sous différentes rubriques en raison de l'hétérogénéité des documents contenus dans les portefeuilles. Les documents ont été complètement reconditionnés (nouvelles boîtes anti-acide et nouvelles chemises).
Le cadre de classement élaboré par G. Hansotte a été complètement revu. Nous avons choisi de classer les documents en fonction de leurs différents producteurs (Secrétariat général, comptabilité et Service minier) et de respecter autant que possible le classement des documents établi par la société. Au sein du Secrétariat général, les documents étaient classés sous différentes rubriques : statuts, assemblées générales, conseils, direction, divisions, finances, participations, personnel, guerres, contentieux, documentation, subsides et dossiers divers. Cette dernière rubrique étant très hétérogène, les dossiers ont été triés et répartis selon cinq catégories (production, relations commerciales, relations publiques, infrastructure et outillage, environnement et aménagement du territoire) afin de maintenir une structure cohérente à l'inventaire.
L'inventaire compte deux parties. La première reprend les archives des sociétés qui ont donné naissance à Ougrée-Marihaye (1,85 m.l.) ; la seconde concerne les archives de la SA d'Ougrée-Marihaye proprement dite (46 m.l.).
Pour la consultation de ce fonds d'archives, une autorisation du producteur d'archives est exigée.
Pour la reproduction des documents d'archives, les règles et les tarifs en vigueur aux Archives de l'État sont d'application. Le lecteur sera averti à l'écran lors de la commande si un document ne peut pas être reproduit.
Cet inventaire remplace deux anciens instruments de recherche : Hansotte G., Inventaire des archives de la société anonyme Cockerill à Seraing, Bruxelles, 1979 et Id., Inventaire des archives de la société anonyme Cockerill à Seraing (supplément), Bruxelles, 1986. La concordance avec les anciens numéros se trouve en annexe.
BUSSIÈRE Éric, La sidérurgie belge durant l'entre-deux-guerres : le cas d'Ougrée-Marihaye (1919-1939), dans Revue belge d'Histoire contemporaine, t. XV, 1984 3-4, p. 303-380.
HALLEUX Robert, Cockerill. Deux siècles de technologie, Alleur-Liège, 2002.
HERME Jules, Le livre d'or du centenaire de la SA d'Ougrée-Marihaye, s.l., 1942.
MICHEL Marcella, Contribution à l'organisation des entreprises dans la province de Liège. La Société anonyme d'Ougrée-Marihaye des origines à 1914, mémoire dactylographié, Université de liège, 1958.
PASQUASY François, Les Hauts Fourneaux d'Ougrée. Histoire d'une usine à fonte, Liège, 2008.
Le présent inventaire a été réalisé par Anne-Catherine Delvaux, attachée scientifique aux Archives de l'État à Liège, entre janvier 2010 et juin 2010.
Cet inventaire a été élaboré conformément aux ouvrages et recommandations suivants :
Petit r., Van Overstraeten D., Coppens H. et Nazet J., Terminologie archivistique en usage aux Archives de l'État en Belgique. I. Gestion des archives, (Miscellanea Archivistica Manuale n° 16), Bruxelles, 1994 ;
Coppens H., De ontsluiting van archieven. Richtlijnen en aanbevelingen voor de ordening en beschrijving van archieven in het Rijksarchief, (Miscellanea Archivistica Manuale n° 21), Bruxelles, 1994 ;
Directives relatives au contenu et à la forme d'un inventaire d'archives, Bruxelles, 2008.
Table des abréviations
AÉL : Archives de l’État à Liège
ANIC : Association nationale des Industriels et des Commerçants
CECA : Communauté européenne du Charbon et de l’Acier
CHST : Centre d’Histoire des Sciences et des Techniques
Cie : Compagnie
FGTB : Fédération générale du Travail de Belgique
SA : Société anonyme
UCE : Union des Centrales électriques
UGBE : Union générale belge d’Électricité
UTMI : Union des Travailleurs manuels et intellectuels
Arbre généalogique de la SA d'Ougrée-Marihaye
Présent en six exemplaires. | 1 | Copies de la demande de permission du 27 mars 1809 pour l'établissement d'une fonderie en fer à Ougrée par Charles Hubert Etienne Joseph Quirini-Goreux. |