Inventaire des archives de Sélys Longchamps

Archive

Name: Famille de Sélys-Longchamps

Period: XVe - XIXe siècles

Inventoried scope: 80,41 linear meters

Archive repository: State archives in Liège

Heading : Families and Persons

Inventory

Authors: Bruxelles — Maurice Yans

Year of publication: 1971

Code of the inventory: Y22

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Producteur d'archives

Nom

Famille de Sélys-Longchamps.

Archives

En juin 1959, avec l'accord de sa famille, feu le baron Maurice de Sélys Longchamps a confié à l'État belge, les archives conservées en ses châteaux de Longchamps (Waremme) et de Faulx-les-Tombes.
Ce don s'accompagna de deux conditions: a) le respect de l'intégralité des fonds; b) l'établissement de l'inventaire par les soins des archivistes de l'État.
Prise par un fervent de la recherche historique, la décision avait été favorisée sinon provoquée par les multiples interventions de feu Pierre Laloux, trésorier des Bibliophiles Liégeois, un ami commun. Se situant avant la promulgation de la loi du 24 juin 1955, toutes ces démarches et tractations s'inscrivaient dans la sollicitude que, au hasard de leurs relations, les archivistes ont toujours manifestée vis-à-vis de l'accroissement des collections publiques. Ici, la loi et ses arrêtés d'application ont uniquement permis la réalisation matérielle d'un bel élan bilatéral. J'ai donc obtenu les crédits nécessaires pour lâcher en liberté, dans un immense grenier, six manœuvres soucieux avant tout d'en terminer rapidement, en avance sur la clôture de la seule journée de travail. Une telle hâte ne pouvait qu'augmenter le désordre d'origine à la fois ancienne et récente. Ancienne, parce que les Sélys avaient ramené sporadiquement les archives qu'ils conservaient dans leurs hôtels patriciens de Liège; récente, vu que pendant la dernière guerre, ils avaient dû, pour les préserver de l'occupation militaire, ennemie comme alliée, rassembler en hâte au grenier, les papiers et parchemins conservés dans des armoires des étages. Le baron de Sélys regrettait de ne pas y avoir réussi complètement. Il déplorait plus cet échec partiel que les destructions peut-être légendaires de la Révolution Française: rattaché aux Idées nouvelles, l'ancêtre aurait fait procéder à un autodafé des titres féodaux sur la place publique à Waremme. Bref, de Longchamps sortait une " tapissière " de grand format, contenant de précieuses richesses très bouleversées. C'est ainsi que s'inaugura ce que avec quelque ostentation, louable par ailleurs, feu l'Archiviste Général, Étienne Sabbe, appela la " politique des châteaux ".
En vertu du principe de la territorialité, les archives de Faulx-les-Tombes ont été dirigées vers le dépôt de Namur. La mesure se justifiait d'ailleurs par les alliances contractées au XIXe siècle par les Sélys et si je ne m'abuse, Faulx-les-Tombes était une propriété Sauvage, de la famille liégeoise de l'épouse du donateur. Rien ne dit que n'y apparaîtront pas toutefois des connexions avec Longchamps.

Mode de classement

La profession d'archiviste réclame des connaissances et de la mémoire; pour s'exercer, elle demande de l'espace. Aux prises avec les vieux papiers, l'Archiviste se débat et s'ébat.
Se pose d'abord le problème de l'entrepôt, ensuite celui de la disposition d'un local et de rayons pour étaler les dossiers et réintroduire dans ceux-ci les " papiers extravagants ", sans devoir les analyser, pièce par pièce, par écrit. L'État m'a prêté les rayons, j'ai fourni gracieusement les locaux.
Par priorité, il aurait fallu se consacrer entièrement et exclusivement à ce fonds, car, je le répète, un classement est avant tout une question de mémoire. Or, Quelles que soient sa vivacité et son intensité, faculté humaine, elle est limitée. De la dispersion découlent la fatigue et le travail bâclé ou longuement retardé dans son achèvement.
Sollicité par d'autres rentrées d'archives, absorbé par le classement de Warfusée (à partir de mai 1960), tiraillé par des tâches diverses qu'un non-universitaire aurait pu accomplir, je n'ai pas travaillé comme je l'aurais désiré, encore que la disposition à mon gré des archives Sélys m'ait fait récupérer beaucoup de temps prélevé souvent sur mes loisirs même fériés.
Si je rappelle tous ces faits, c'est uniquement pour justifier le retard que j'ai mis à remplir mes obligations à l'égard de la famille de Sélys et également pour, sans flagornerie, rendre hommage mérité au nouvel Archiviste général qui a compris qu'il était urgent de renverser la vapeur, convaincu de ce que l'agitation - fébrile ou ostentatoire - ne vaudrait jamais l'action calme et concertée dans le cadre des possibilités et dans le respect des engagements pris à l'égard des donateurs. Grâce à sa circonception et à son objectivité, j'ai enfin retrouvé l'atmosphère du début de ma carrière, sous l'égide de DD. Brouwers et d'Emile Fairon.
Les principes d'archivéconomie suivis, semblables à ceux que j'ai appliqués à Warfusée, je les ai exposés dans les Miscellanea Lucienne van Meerbeeck (1). J'y renvoie à la fois le théoricien et l'usager du présent fonds. Mais, ici, pas de notaire Garde Dieu, malgré des conflits successoraux assez vifs et des préoccupations de tutelle importantes.
Le plan de classement dont on trouvera l'exposé synoptique ci-après, fait apparaître la combinaison de la généalogie et de l'histoire domaniale.
Dans le patrimoine Sélys, la rente a joué un grand rôle. Mais au risque de rompre et de compromettre la biographie et la chronologie, j'ai dû garder le juste milieu. Les rentes qui grèvent l'immeuble urbain, ne peuvent pas être rapprochées à la légère. De ce traitement, elles ne pourront bénéficier qu'au terme de monographies approfondies. C'est alors que les antécédents (en jargon de métier, les rétroactes) trouveront leur vraie destination: l'hôtel patricien a souvent englobé des immeubles et des terrains voisins qui tout en recevant une affectation nouvelle, n'en gardèrent pas moins les charges hypothécaires antérieures.
Par la division en sections, en sous-sections, voire en paragraphes, j'ai, en prévision des monographies et des acquisitions ultérieures, assuré l'autonomie la plus grande à chaque poste susceptible d'intéresser l'histoire agraire, domaniale et capitaliste (2). Quiconque voudra procéder à des remaniements hâtifs et partant quelque peu intempestifs, se souviendra de quelques vérités issues de mon expérience Oultremont-Sélys.
Des registres attribués à un personnage ont été continués après sa mort.
Une succession peut appeler un classement au paragraphe du de cujus ou de celui qui la recueille. Par la recherche des arrérages des rentes, un dossier d'administration d'une succession peut commencer avant la mort du de cujus.
Dans le même ordre d'idées, un procès offrira des éléments nettement antérieurs à l'époque de celui qui l'introduit.
Vu l'esprit procédurier de l'Ancien Régime, le litige se poursuit sous les générations ultérieures; en même temps, le recours à divers tribunaux, l'abus de la procédure interlocutoire, la possibilité, par la division des obligations, de tourner le principe non bis in eadem, multiplient les dossiers relatifs à la même affaire dont l'objet réel est souvent dissimulé sous un fatras d'arguties.
Variée sinon bigarrée, la litispendance interminable dépasse souvent les classements biographiques que, par une application trop stricte du classement objectif, elle bouleverserait radicalement.
Pour la facilité du chercheur, le procès peut aussi recevoir une destination géographique ou se placer sous le chef du demandeur ou celui du défendeur, tout comme la rente, cause de fréquentes contestations, peut être classée d'après le bien grevé ou compte tenu de la personnalité du créancier ou du débiteur.
Parmi les dossiers issus de l'exercice d'une profession se rencontrent souvent des papiers relatifs à des biens et à des affaires personnels. La discrimination certaine ne résultera que de l'étude approfondie du patrimoine de l'intéressé.
De la conservation de leurs papiers, les familles ne retenaient que le côté pratique et utilitaire. Fréquemment, des pièces étaient retirées comme antécédentes d'une nouvelle affaire, pour l'instruction des hommes de loi et l'édification des juges. Si la simple recherche de points de comparaison ou la poursuite d'un raisonnement par analogie se sont imposées, il en a résulté l'élaboration d'un dossier factice dont, à première vue, on ne peut saisir l'origine des éléments qui le composent ni surtout les redistribuer à bon escient.
Résultat de la collecte des documents pour établir un arbre généalogique ou pour étayer des prétentions successorales, voire scolaire, maints dossiers, d'aspect hétérogène, pourront être répartis, " dégonflés " progressivement sans que la numérotation et le classement général en soient modifiés. Ce n'est qu'une question d'étude interne et surtout de temps. De celui-ci avant tout, dépend l'efficience.
C'est dans cette optique que j'ai visé à restructurer les fonds dans ses divers composants. Mais peut-on parler de restructuration, alors que, autrefois, les intéressés semblent souvent avoir manqué de ligne de conduite non seulement dans la conservation des documents mais encore dans leur établissement. J'ai l'impression d'avoir souvent remis de l'ordre là où il n'y en a jamais eu. Les bribes d'inventaire qui nous sont parvenues, évoquent plutôt des relevés hâtifs de mortuaire ou des projets de partages mobiliers quelque peu empiriques.
De plus, des changements interviennent dans la gestion domaniale : la maison-mère ou si l'on préfère le siège social, se déplace, des regroupements interviennent plus ou moins fréquemment, d'une façon sporadique. C'est toute l'histoire de la comptabilité de Lonchamps-Celles-Oulhaye, pour ne citer que ces exploitations.
Des comptes de récoltes que l'on serait enclin à rapprocher, ne sont, en réalité, que des annexes de procès, au même titre que de nombreux contrats de mariage et testaments.
La correspondance s'est présentée dans un désordre indescriptible. Grâce à la collaboration bénévole de mon ami, Maurice Ponthir, docteur en philologie classique, professeur honoraire, mon assistant au triage, un ordre appréciable y apparaît déjà. Pourra-t-on faire beaucoup mieux? Car, suivant une des expressions du Comte d'Oultremont, au langage coloré et espiègle, " les ancêtres conservaient leur correspondance dans des boîtes à souliers ". Dès lors, pointant un doigt vengeur sur la petite anomalie découverte, n'aurait-on pas honte à prononcer le fameux " sutor ne supra crepidam " ?
Même le classement biographique pose des problèmes. Il n'est pas toujours aisé de distinguer l'oncle du neveu quand ils sont tous deux chanoines; les douairières, belle-mère et bru, vivent parfois au même moment; le fait peut même se présenter dans deux familles alliées, de sorte qu'elles sont à quatre sur un même patrimoine. Les tuteurs sont au nombre de deux et la gestion du patrimoine du pupille ne bénéficie pas toujours de l'autonomie souhaitable.
Malgré sa facilité apparente, le classement géographique offre aussi des embûches. L'acquisition d'une seigneurie couronne souvent une politique d'accroissements domaniaux poursuivie par les ascendants dans les lignes directe et collatérale. Cette progression ne suit pas toujours une ligne continue. À titre d'exemple, ne citons que Berloz et Petit Axhe.
Que présentons-nous? Un plaidoyer ? Non, simplement la justification d'une méthode soucieuse avant tout de la facilité du chercheur mis sur des pistes fructueuses sans devoir poursuivre les dossiers à travers tout le fonds. À table des noms de lieux et de personnes se trouveront aisément les correctifs et les rectificatifs d'attribution en même temps que se profileront les " passerelles " pour les biens de moindre importance et surtout pour les immeubles urbains.
Du fonds en lui-même, je ne dirai rien. Les tableaux que j'ai dressés de la façon la plus simple possible, parlent d'eux-mêmes et mettent sur la voie, je dirais, sur toutes les voies. Les notes qui accompagnent certains chapitres permettent de compléter utilement la trame successorale, mieux de la tisser définitivement avec, de temps à autre, un recours aux archives officielles, aussi souhaitable que bénéfique.
Il me reste à aborder la question des parchemins. Je m'en suis expliqué dans les Mélanges van Meerbeeck ; j'en ai donné un aperçu convaincant, je crois, par le nombre et par la qualité, à Warfusée, avec la collaboration bénévole de mon ami, le professeur honoraire Nicolas Rouche, docteur en philosophie classique.
Déjà, pour le fonds Sélys Longchamps, j'ai analysé sur fiches de nombreux documents indépendants des dossiers qui en renferment aussi. La moisson se révèle prometteuse: je songe à Cras-Avernas, à Waremme, aux rentes urbaines, de Liège surtout. Ici, la collaboration serait, je le répète, souhaitable et fructueuse : je ne citerai que Montenaeken et sa région. En attendant, je n'ai pas hésité à inclure dans cet inventaire, des analyses plus sommaires destinées à éclairer la biographie des principaux personnages.
Enfin, pourquoi ai-je maintenu le numéro de triage, reproduit à la fin de chaque analyse ? Pour donner une idée du bouleversement primitif du fonds ? Quoique légitime, le procédé paraîtrait assez naïf. Ce maintien vise avant tout à permettre, pour toute vérification, le recours à notre procès-verbal d'inventaire manuscrit, à suggérer et à faciliter d'autres regroupements et à retrouver les références des travaux que divers chercheurs et moi-même avons déjà écrits à partir des premières opérations de triage. Ces travaux représentent un timide mais sincère hommage à la générosité du baron de Sélys. Tous ceux qui à l' avenir utiliseront le fonds, partageront, dans une pensée émue, notre gratitude à la mémoire d'un Mécène, illustre chanoine d'une grande famille liégeoise originaire, en partie, de Maastricht. La richesse d'une documentation historique inédite et remarquable doit les y amener. Toutefois, ils ne pourront s'empêcher de regretter l'absence des papiers politiques du 19ème siècle, comme c'est le cas à Warfusée.

Contrôle de la description

L'inventaire a été rédigé par Maurice Yans, Chef de département en juin 1971.

Tableau général de dévolution

Sélys I : Michel x Boecx.
Sélys II : Jean † 1619. Hellincx - Potesta.
Sélys IIbis : Michel (son frère). Marcelis - Vignette - Sauveur.
Sélys III : Michel (1581-1656). Hocht - Heure - Tindeur.
Arnold-Philippe (1623-1700), seigneur de Vreren (Frère), Wihogne. Les biens passent à V.
Sélys IV : François (1626-1681). Liverlo - Gompar - Berthol. L'épouse Jeanne de Liverlo meurt en 1704. Succession de Martin de Liverlo.
Sélys V : Walthère (1663-1711). Fabricius - Van den Roye - Longchamps - Selles - Vannesse. L'épouse (Fabricius) meurt le 26 février 1748.
Sélys VI : Michel-François (1701-1771). Bormans de Hasselbrouck - Henne.
Succession d'Amand et de l'Official.
Sélys VII : Michel-Laurent (1759-1837). Sa sœur, épouse de Fanson (3).
Sélys VIII :Michel-Edmond (1813-1900), président du Sénat.


1Comptabilité commerciale. Hellincx et cie, à Maastricht. 1560-1583.
2Manuel de rentes de [?]. 1618-1621.
3Revenus de Jean Sélys. 1583-1617.