Inventaire des archives du Comité officiel belge de Secours aux Réfugiés (Le Havre), 1914-1925

Archive

Name: Archives de la Guerre. Comité officiel belge de Secours aux Réfugiés (Le Havre) - WO 1. Officieel Belgisch Comiteit van Hulpbetoon aan Vluchtelingen (Le Havre)

Period: 1914 - 1925

Inventoried scope: 96 linear meters

Archive repository: National Archives of Belgium

Heading : Associations

Inventory

Authors: M. Amara

Year of publication: 2016

Code of the inventory: I 611

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Producteur d'archives

Nom

Comité officiel belge de Secours aux Réfugiés

Historique

Le Comité officiel belge de Secours aux Réfugiés fut créé à Anvers, le 28 août 1914, à l'initiative de la Reine Elisabeth, en vue de venir en aide aux milliers de réfugiés qui commençaient à refluer vers la position fortifiée. Placé sous la présidence conjointe du Président de la Chambre, Frans Schollaert et du Ministre de l'Intérieur, Paul Berryer, le Comité s'attela à organiser l'évacuation des réfugiés hors d'Anvers, à mettre en place des centres de refuge et à pourvoir à l'alimentation et à l'habillement des plus démunis. Le 5 octobre 1914, à la veille de son départ pour Ostende, le COB avait présidé à l'évacuation de plus de 50.000 réfugiés vers l'Angleterre, les Deux Flandres, la Campine et la Hollande.
Après un bref séjour à Ostende, du 6 au 12 octobre 1914, le Comité prit ses quartiers à Sainte-Adresse, lieu qu'il ne quitta plus jusqu'à la fin de la guerre. Au secrétariat du COB fut attribué comme local une des boutiques situées au rez-de-chaussée de l'Immeuble Dufayel, le siège du Gouvernement belge.
A la mort de son président, Frans Schollaert, en juin 1917, le COB subit un remaniement profond. Joris Helleputte, Ministre des Travaux publics, succéda au Président de la Chambre et Emile Goblet d'Alviella, remplaça Berryer. En outre, les députés Charles Gillès de Pélichy et Paul Neven, les députés suppléants Paulsen et Van den Corput et l'aumônier général des réfugiés belges en France intégrèrent le Comité. Vital Pauwels, le greffier de la Chambre, continua à occuper le poste de secrétaire-général dont il était titulaire depuis août 1914.
Avec la fin de la guerre, le Comité perdit sa raison d'être. Ses services furent progressivement rapatriés à Bruxelles à partir de 1919. Son secrétariat fut dès lors installé au Palais de la Nation, d'où Vital Pauwels assura la liquidation de ses différents services. Jamais officiellement dissout, le Comité connut un net regain d'activité en 1924, à l'occasion de l'inauguration du Monument de la Reconnaissance belge, érigé au Havre. A partir de 1925, le Comité cessa petit à petit ses activités.

Compétences et activités

Si les Comités officiels belges créés à Londres et La Haye eurent essentiellement un rôle de représentation des Belges auprès des autorités locales, le Comité officiel belge de Secours au Réfugiés du Havre se concentra davantage sur l'aide aux réfugiés belges installés en France. Ses initiatives furent nombreuses.
A la suite des demandes de main-d'œuvre qualifiée émanant des autorités françaises, le COB fonda une Bourse belge du Travail, le 20 octobre 1914. Celle-ci récolta des demandes et offres d'emplois à travers tout le pays et facilita le placement de milliers de réfugiés. Durant sa première année d'activités, la BBT traita 4.000 offres d'emplois et reçut plus de 11.000 demandes. En 1916, à l'initiative du Ministre de l'Agriculture et des Travaux publics, un Service de la main-d'œuvre agricole fut annexé à la BBT. Sous l'impulsion de son directeur, le Baron Gillès de Pélichy, il trouva un emploi à près de 3.000 réfugiés, dans les campagnes françaises.
Peu après son arrivée en France, le Comité mit en place un Office de Renseignements et de Correspondance dans le but de renseigner les réfugiés sur l'adresse de proches dispersés en France. Au fil des années, ce service rédigea des centaines de milliers de fiches qui constituent la plus grande partie des archives décrites ici. Il s'activa aussi à créer un service de courrier à destination de la Belgique occupée.
Sous les auspices du COB fut créé en juin 1916 " La Famille Belge ". Cette société coopérative de consommation œuvra à procurer aux Belges du Havre des denrées alimentaires aux prix les plus avantageux. En l'espace d'un an, neuf établissements furent fondés : un magasin central d'épicerie, 5 épiceries, 2 cafés-restaurants et 1 boucherie. Dans la foulée, le COB jeta les bases du " Foyer Belge ". Celui-ci loua des logements à bon marché aux réfugiés confrontés à la crise du logement que traversaient Le Havre et sa région.
A partir de novembre 1918, il abandonna l'aide aux réfugiés belges à l'Office du Rapatriement et à l'Œuvre d'Assistance temporaire. Après-guerre, l'essentiel de son action consista à fournir des informations aux autorités en charge de distribuer les distinctions honorifiques au profit de ceux qui s'étaient dévoués en faveur des réfugiés et à organiser l'érection du Monument de la Reconnaissance Belge. Inauguré au Havre en 1924, celui-ci trône toujours dans la cité portuaire.

Organisation

Le Comité officiel belge de Secours aux Réfugiés fut créé à Anvers, dans les locaux de l'Opéra flamand, où il fonctionna jusqu'à l'évacuation de la ville. Après un bref passage à Ostende, il prit ses quartiers dans le principal immeuble abritant les services de l'administration belge en exil, Place Frédéric-Sauvage, à Sainte-Adresse. Il y resta jusqu'à la fin de la guerre.
Dès son installation au Havre, il étendit son action à toute la France, à l'exception de Paris et du département de la Seine où les œuvres en faveur des réfugiés étaient déjà nombreuses. Dans les faits, dès 1915, la plus grande partie de ses efforts porta sur la Normandie et la région du Havre.
Jusqu'à la fin de la guerre, son secrétaire-général, Vital Pauwels, le greffier de la Chambre des Représentants, fut la véritable cheville ouvrière du COB. Avec l'appui de Frans Schollaert et de Paul Berryer, il dota le Comité de plusieurs services parmi lesquels les plus importants furent la Bourse Belge du Travail, l'Office de Renseignements et le Répertoire général des Réfugiés, chargés d'établir les statistiques de la présence belge en France et de tenir à jour le fichier des réfugiés. En outre, le COB fut à l'origine de plusieurs initiatives dont il assura le patronage et une partie de la gestion, parmi lesquelles on peut citer la SC " La Famille Belge " et Le Foyer Belge. Le secrétariat-général supervisait l'action de ces organismes grâce à du personnel détaché des Services de la Chambre et de divers Ministères belges.
Si le Comité n'exerça jamais une véritable tutelle sur les innombrables œuvres belges créées en France, il se dota toutefois d'un réseau de correspondants à travers tout le pays. Il abrita aussi les services de l'Aumônerie générale des réfugiés qui chapeautait l'action des prêtres en exil chargés d'assurer l'encadrement spirituel des exilés.

Archives

Historique

Durant les semaines qui suivirent l'Armistice, les archives du COB furent divisées en deux ensembles. Le premier, composé des archives du secrétariat du Comité et des principaux organes dont il avait initié la création et assuré la gestion (Société coopérative " La Famille Belge ", Foyer Belge, Œuvre de la Layette,...), fut transféré à Bruxelles où il intégra les Archives de la Chambre des Représentants. Entre-deux-guerres, le secrétaire-général du COB, par ailleurs greffier de la Chambre, y adjoignit les archives relatives à l'érection du Monument de la Reconnaissance belge au Havre dont le COB avait été l'initiateur. Un second ensemble, composé des fichiers de l'Office de Renseignements du Comité officiel, fut transféré du Havre vers la capitale française, Rue d'Amsterdam puis Rue Taibout, auprès de l'Office du Rapatriement et des services du Haut-Commissaire du Gouvernement à Paris, afin d'aider les autorités belges dans les opérations du rapatriement des réfugiés.

Acquisition

Conscient de la valeur des archives du COB qui avaient été transportées au Palais de la Nation, le secrétaire de la Commission des Archives de la Guerre, Hubert Nelis, tenta d'obtenir leur versement en avril 1921, septembre 1922 et février 1925 (1). Toutefois, il fallut près de 90 ans avant que son souhait ne se réalise. Durant l'année 2013, elles furent patiemment distraites des archives des Services de la Chambre au Havre (avec lesquelles elles étaient mêlées) par l'archiviste de la Chambre Joris Vanderborght, secondé par une stagiaire, Camille Dohet (2). A la suite de ce travail, il fut enfin décidé de réunir ces archives à celles qui étaient déjà conservées aux AGR. Celles-ci y étaient depuis des décennies. Elles avaient été versées aux Archives de la Guerre le 30 décembre 1922, par l'Office du Rapatriement à Paris, en même temps que les archives de l'Œuvre d'Assistance temporaire (Entrée n°846). Composé de plus de 250 bacs à fiches en bois, le fonds avait été inventorié dans le courant des années 1920. Désormais, conformément au principe du respect des fonds, les archives du Comité officiel belge de Secours aux Réfugiés se trouvent réunies dans un même fonds d'archives.

Contenu

Les archives du Comité officiel belge de Secours aux Réfugiés du Havre constituent une source de première importance sur l'histoire des réfugiés belges en France, durant la Première Guerre mondiale. On y trouvera des renseignements très utiles sur les mécanismes d'aide mis en œuvre par les autorités belges et françaises ainsi que par une multitude d'œuvres privées. On notera aussi la présence d'archives très précieuses sur la propagande menée auprès des Belges en exil et leur encadrement religieux ainsi que de nombreuses statistiques sur la présence belge en France. Les documents concernant les réfugiés au Havre et dans ses environs sont les plus riches. Cependant, si le COB déploya la plus grande partie de son action en faveur des Belges vivant en Normandie, il n'en délaissa pas moins les réfugiés installés dans le reste de la France. Seul Paris et sa banlieue échappèrent à son action.
Le " Répertoire des Réfugiés belges " constitue la partie la plus volumineuse du fonds. Ces centaines de milliers de fiches individuelles, constituées durant la guerre, permettent de connaître les lieux dans lesquels vécurent les 325.000 réfugiés belges que comptait la France en 1918. En outre, les fiches dressées pour le compte de la Bourse du Travail permettent de connaître la profession qu'ils exerçaient durant la guerre. Sur plusieurs milliers de fiches sont reprises des compositions de famille utiles pour reconstituer l'entourage de nombreux réfugiés.
Le fonds se clôture par quelques documents issus des locaux des Services belges à Paris (Office du Rapatriement et Haut-Commissaire du Gouvernement belge à Paris) vers lesquels les archives du COB avaient été transportées en 1918-1919. Probablement joints par inadvertance lors du transfert vers Bruxelles, il a été décidé de les y laisser.

Langues et écriture des documents

Les documents sont rédigés en français et en néerlandais.

Sélections et éliminations

Seuls quelques dizaines de carnets à souches de reçus de loyers issus du Foyer Belge au Havre (n° 203) ont été éliminés lors des opérations d'inventoriage.
Lors du reconditionnement des fichiers en bois, plusieurs lacunes furent constatées. Les casiers et paquets repris sous le n° 9, 10, 18, 19, 31, 45, 47, 73, 78, 240, 243, 244, 248, 251 et 261 de l'inventaire BE 32 ainsi qu'un cahier et une farde repris sous le n° 265 manquaient. Le contenu de ces casiers et paquets fut retrouvé, pour l'essentiel, dans une quinzaine de portefeuilles portant l'indication " Varia 14-18 ". Très mélangées, ces fiches ont toutefois été reclassées et réintégrées dans les fichiers originaux. Seuls les anciens casiers 9 (Baussart - Brécourt) et 10 (Bricourt - Buyle) ainsi que le paquet 265 (secours apportés en vue du rapatriement) n'ont pas été retrouvés.

Accroissements/compléments

Le fonds inventorié peut être considéré comme clos.

Mode de classement

D'emblée, il a été décidé de structurer cet inventaire sur bases de deux sous-fonds : d'une part les archives extraites des archives de la Chambre en 2013-2014 et d'autre part, celles versées aux Archives de la Guerre en 1922.
Au sein du premier ensemble, à la suite des pièces de nature générale (rapports annuels, procès-verbaux de réunions, correspondance du secrétaire et des présidents, circulaires...) ont été placées les archives liées à l'organisation et au fonctionnement du Comité (comptabilité, personnel, gestion des biens). Le reste a été classé en fonction des diverses activités déployées par le COB : aides dans le cadre du ravitaillement et du logement des réfugiés, Bourse du Travail, Bureau de recherches, encadrement spirituel, érection du Monument de la Reconnaissance belge au Havre,...
Le second ensemble est quasi exclusivement composé des fichiers versés en 1922. L'ordre de l'inventaire initial a été globalement respecté. Les fiches individuelles du " Répertoire général " sont suivies des fiches de réfugiés classées par lieux d'origine ou de refuge, par profession et de quelques fichiers, listes ou bulletins de renseignement divers.

Conditions d'accès

Ces archives sont publiques. Leur consultation est libre.

Conditions de reproduction

Pour la reproduction des documents d'archives, les règles et tarifs en vigueur aux Archives générales du Royaume sont d'application.

Caractéristiques matérielles

Les centaines de milliers de fiches qui composent le fonds ont été (re)classées avec le plus grand soin. Il est instamment demandé de les manipuler avec précaution et de ne pas perturber leur classement.

Instruments de recherche

Avant leur intégration dans le présent fonds, les portefeuilles anciennement conservés au Palais de la Nation firent l'objet d'une liste précise confectionnée par les Archives de la Chambre. Dans le courant des années 1920, le second fit l'objet d'un inventaire (BE 32) comptant 270 n°. Sa structure a été globalement conservée.

Recommandations pour l'utilisation

Les fiches du Comité officiel belge de Secours aux Réfugiés ont cette particularité de n'être pas classées dans un ordre alphabétique strict. Vu les nombreuses erreurs faites par les autorités françaises dans la retranscription des noms belges, les employés du Bureau de Renseignements décidèrent d'introduire une dimension phonétique dans leur classement. Si cela ne pose guère de problèmes pour certains noms simples, il s'avère parfois difficile de retrouver rapidement l'emplacement exact où certaines fiches ont été classées.
La prononciation des noms prime sur leur orthographe exacte. Les groupes de lettres " aa " et " ae " sont considérés comme un a ; " ie ", " ei et " y " sont classés au niveau du " i ", " eau ", " au " et " oo ", au niveau du " o " et " oe " et " ou " au niveau du " oe ". Les doubles consonnes " bb ", " dd ", " ll ", " ss ", etc... sont considérées comme des " b ", " d ", " l " ou " s " simples. Quand le " c " se prononce " s ", il est le plus souvent classé sous la lettre " s ". Les " c ", " ck " et " q " se prononçant " k " sont rangés sous " k ". Les " ssch ", " sch " et " z " se prononçant " s " sont classés sous cette lettre. De fait, ce système, censé à l'origine faciliter les recherches, les complique parfois lourdement.

Documents apparentés

Les archives du Comité officiel belge de Secours aux Réfugiés sont d'autant plus précieuses que, parmi les fonds conservés aux AGR, l'exil des réfugiés belges en France est le moins bien documenté. Toutefois, plusieurs fonds peuvent se révéler utiles parmi lesquels on peut citer les archives du Comité belge du Loiret (inventaire T 468), des Consulats belges en France (inventaire T 523), de l'Œuvre d'Assistance temporaire (inventaire T 474) ou de l'Office National Belge du Travail (I 565), toutes inventoriées par Pierre-Alain Tallier.
Si la situation varie fortement d'un département à l'autre, les archives des Services des Réfugiés rattachés aux Préfectures sont souvent conservées au sein des Archives départementales françaises.

Bibliographie

AMARA, Michaël, Des Belges à l'épreuve de l'Exil. Les réfugiés de la Première Guerre mondiale (France, Grande-Bretagne, Pays-Bas), Bruxelles, 2008.
CHATELLE, Albert, L'Effort belge en France pendant la guerre (1914-1918), Paris, 1934.
GABORY, Emile, Les réfugiés chez nous, Nancy-Paris-Strasbourg, 1921.
NIVET, Philippe, Les réfugiés français de la Grande Guerre. Les " Boches du Nord ", Paris, 2004.

Contrôle de la description

Retirées des archives de la Chambre en 2013, les archives du COB ont été transférées aux AGR en janvier 2014. Cet ensemble a ensuite été inventorié dans le courant de cette année par Michaël Amara. A l'été 2015, Laurent Caltabellotta commença le reconditionnement des fiches dans des boîtes non acides. A l'issue de ce travail de longue haleine, Michaël Amara commença l'inventaire définitif de cet ensemble. C'est au cours de ce travail que fut constatée l'absence de plusieurs fichiers en bois. Après quelques recherches, leur contenu fut retrouvé et intégré progressivement à leur endroit originel. Une fois ce travail terminé, le fonds a pu être étiqueté par Chantal Windels en juin 2016 et la description générale du fonds rédigée en juillet 2016.


1" Comité Officiel Belge de Secours aux Réfugiés. Rapport sur son Action et son Œuvre à Anvers (28 août - 5 octobre 1914), à Ostende (6 - 12 octobre 1914) ". 1915.1 volume