Histoire de la famille

Ce fonds, qui s'étend sur près de 200 mètres, présente à bien des points de vue, un grand intérêt. II serait fastidieux d'en faire ici le relevé exhaustif. Je me contenterai de mettre en évidence la richesse de certaines parties du fonds. En ce qui concerne la famille souche, celle des Schetz, notons l'intérêt particulier que présentent tant les papiers personnels, d'affaires ou de succession laissés par le plus illustre membre de cette famille, Gaspar Schetz, seigneur de Grobendoncq. Époux en deuxièmes noces de Catherine d'Ursel, dont il eut douze enfants, il fut sans conteste un personnage important. Institué par Charles-Quint facteur et conseiller des finances à Anvers (1551), il fut nommé par Philippe II conseiller et facteur de ses finances (1555), puis trésorier général des domaines et finances. Il se vit aussi confier plusieurs missions de négociateur, tant par Philippe II que par les États généraux. Ayant assumé la charge de trésorier général du duc Philibert de Savoie lors du séjour de ce dernier dans les pays de par-decà, il se vit attribuer une pension annuelle de 300 florins (1560). Cet homme cultivé ne joua pas seulement un rôle politique, il géra aussi de nombreuses affaires commerciales parmi lesquelles les Sucres de San Jorge, au Brésil, dans la capitainerie et île de San Vincente, acquise par Érasme II Schetz vers 1540 et héritée par ses fils et principalement par Gaspar, son fils aîné. Après le décès de Gaspar (1580), son fils aîné Lancelot, seigneur de Grobendoncq, lui succéda dans la lignée des Schetz. Comme trois de ses frères, Melchior-Nicolas, Jean-Charles et Jean-Conrard Schetz, Lancelot est mort sans postérité. Il avait de son vivant vendu à son frère Antoine, la terre de Grobendoncq. Antoine Schetz, seigneur de Grobendoncq, et sa seconde épouse Marie de Malsen furent à la base de la branche familiale dite de Grobendoncq. Antoine de Grobendoncq fut gouverneur de Bois-le-Duc, puis de Louvain. En récompense des services rendus, la terre de Grobendoncq fut érigée en baronnie par Philippe III (1602) puis en comté par Philippe IV (1637). Le couple eut six fils. Seul leur fils aîné, Lancelot, assurera la descendance de la nouvelle lignée. Lancelot Schetz, comte de Grobendoncq, épousa Marguerite-Claire de Noyelles qui lui donna trois fils : Antoine-Ignace, Joseph-Bonaventure et Charles-Hubert de Grobendoncq, morts tous trois sans postérité, bien que le dernier ait contracté mariage avec Marie-Caroline de Berghes. Ainsi, en 1726, avec le décès de Charles-Hubert, s'éteignit la lignée des Grobendoncq. Enfin, le quatrième fils de Gaspar et de Catherine d'Ursel, Conrard Schetz et son épouse Françoise de Richardot, qui lui donna neuf fils, assurèrent la pérennité des Schetz au prix du changement de leur patronyme et de leurs armes en celui et celles de la famille d'Ursel, et cela après son adoption par sa tante maternelle, Barbe d'Ursel (1617). Conrard Schetz/Ier d'Ursel remplit entre autres la fonction de conseiller des finances. De 1605 à 1609, il dirigea une ambassade en Grande-Bretagne. L'un des fils de Conrard, Philippe, fut également conseiller des finances. Parmi les papiers d'office qu'il nous a laissés, se trouvent les documents relatifs à sa gestion comme administrateur des biens d'Arenberg, suite au décès du duc d'Aerschot. Le fils aîné de Conrard Ier d'Ursel, Conrard II, fut également amman d'Anvers et maître d'hôtel de l'archiduc Léopold-Guillaume. Il avait épousé Anne-Marie de Robles dont il eut plusieurs enfants. Le 22 janvier 1638, il se vit attribuer, par l'empereur Ferdinand III, le titre de comte d'Ursel. L'aîné des fils de Conrard II, François comte d'Ursel, fut le premier d'Ursel qui exerça la charge de grand veneur et haut forestier de Flandre(1 Les archives de la grande vénerie et haute foresterie de Flandre, conservées dans le fonds d'Ursel, seront détaillées dans le t. II de l'inventaire des archives de la famille d'Ursel.). Cette charge héréditaire passa ensuite à ses successeurs - Conrard-Albert, comte puis duc d'Ursel, Charles-Élisabeth et Wolfgang-Guillaume, ducs d'Ursel - pour être ensuite abrogée lors de la Révolution française. L'une des filles du comte François d'Ursel, Angélique-Florence, comtesse d'Ursel, épousa Wolfgang-Guillaume, marquis de Bournonville. Le fils aîné et successeur de François, Conrard-Albert, comte puis duc d'Ursel, fut membre du Conseil d'État et gouverneur de la ville et province de Namur. Il avait épousé la princesse Eléonore de Salm, qui lui donna un fils et une fille. Cette dernière, Bénédicte d'Ursel, épousa François-Albert, comte puis duc de Bournonville, réalisant ainsi une deuxième alliance unissant les deux familles. Quant au fils, Charles-Élisabeth, il fut gouverneur de Bruxelles et épousa Éléonore, princesse de Lobkowitz. Le couple eut sept enfants dont quatre disparurent prématurément. Le seul survivant parmi les fils issus de ce mariage, Wolfgang-Guillaume duc d'Ursel, dernier grand veneur et haut forestier de Flandre, ainsi que son épouse Flore d'Arenberg, connurent à l'époque de la Révolution brabançonne une existence agitée, faite de tracasseries, d'exil, d'assignation à demeure pour la duchesse, voire d'emprisonnement pour le duc. Ce dernier fut dépouillé de son titre après la conquête de la Belgique par les Français (1792). Notons que l'une des deux filles de Charles-Élisabeth, Marie-Henriette, comtesse d'Ursel, épousa François, comte de Ferraris, qui dirigea l'établissement de la carte d'état-major des Pays-Bas. Les époux Ursel-Arenberg eurent trois enfants : un fils et deux filles. Leur fils Charles-Joseph d'Ursel, se vit restituer son titre de duc sous le régime hollandais. Il exerça notamment les mandats de maire de Bruxelles, de commissaire général pour l'Intérieur, puis de ministre du Waterstaat et des Travaux publics. Citons encore, parmi leurs descendants, le comte Hippolyte d'Ursel qui s'intéressa à l'Afrique centrale et au mouvement antiesclavagiste, et le duc Joseph d'Ursel qui fut entre autres gouverneur de la province de Hainaut, président du Sénat et bourgmestre d'Hingene. Notons aussi que parmi les archives des familles alliées qui sont conservées dans le fonds d'Ursel se trouvent des papiers relatifs tant à la famille de Richardot qu'à celle de Bournonville, toutes deux par deux fois alliées à celle d'Ursel. Dans le dernier chapitre, consacré à l'administration générale des biens se trouvent les papiers, parfois fort intéressants, laissés par les intendants, les secrétaires et les maîtres d'hôtel qui servirent la famille d'Ursel depuis la fin du XVIIe siècle jusqu'à 1933.