Inventaire des papiers Carton de Wiart.

Archive

Name: Carton de Wiart

Period: 1408 - 1977

Inventoried scope: 4,9 linear meters

Archive repository: National Archives of Belgium

Heading : Families and Persons

Inventory

Authors: A.-M. Pagnoul

Year of publication: 1981

Code of the inventory: I 223

...

Producteur d'archives

Selon diverses sources, la famille Carton de Wiart jouissait dès le XVIIe siècle, d'une position nobiliaire (1)
.

Le 11 février 1719, Gabriel Carton alors " receveur des ouvrages et fortifications d'Ath ", acquérait la seigneurie de Wiart située sur les bords de la Dendre et relevant de la Cour féodale de Mons. Son petit-fils, Pierre-François-Bonaventure exerça pendant quelques années diverses fonctions dans l'administration des Domaines, puis les quitta en 1766 pour occuper le poste de conseiller auditeur à la Chambre des Comptes de Bruxelles. C'est ainsi qu'à partir de la deuxième moitié du XVIIIe siècle, la famille Carton de Wiart vint se fixer à Bruxelles.

Henry-Joseph-Ghislain, un des fils de Pierre-François-Bonaventure, " seigneur de Wiart par relief du 31 octobre 1782 et licencié in utriusque iuris de l'Université de Louvain comme il était de tradition dans la famille, épousa Catherine-Élisabeth Aerts. Ils eurent entre autres enfants : 1° Pierre-François-Henry, seigneur de Wiart par relief du 20 juillet 1793, qui épousa sa cousine germaine, Marie-Dorothée Aerts, le 3 avril 1784, et créa une branche Carton de Wiart ; 2° Alexandre-Joseph-Ghislain qui participa aux événements de 1830 et qui épousa Isabelle-Josine Van den Elsken dont il eut quatre fils : Adrien-Bonaventure-Ghislain, Zadig-Romuald-Silvestre, Hassan, et Riégo-Benjamin-Constant. Né à Ampsin le 23 janvier 1825, Riégo-Benjamin-Constant Carton de Wiart devint, comme ses frères, avocat à la Cour d'appel de Bruxelles. Il ne prit aucune part à la politique, pas plus sur le plan national que provincial ou communal et partagea son existence entre Bruxelles où il exerçait sa charge et sa propriété d'Hastière-par-delà ". Des six enfants qu'il eut de sa femme Marie-Clémence-Jeanne Cammaerts, deux moururent en bas âge ; Henry était le troisième ; René embrassa la carrière des armes ; Maurice entra dans les Ordres et Edmond choisit le professorat d'où le roi Léopold II allait très tôt le retirer pour en faire son chef de Cabinet.

Henry-Victor-Marie-Ghislain Carton de Wiart naquit à Bruxelles le 31 janvier 1869. II fit ses études chez les Jésuites, au collège d'Alost qu'avaient d'abord fréquenté ses ancêtres et où l'on préparait les jeunes gens " aux carrières supérieures de la vie sociale ", au collège Saint-Michel à Bruxelles ensuite. Des revers de fortune ne permettant pas à ses parents de maintenir la tradition familiale et d'envoyer Henry à l'Université de Louvain, il entra à l'Université libre de Bruxelles, suivit entre autres leçons, celles de science pénale et d'anthropologie criminelle du professeur Adolphe Prins et fut promu docteur en Droit en 1890. Il avait complété sa formation par quelques séjours à l'étranger : à Paris où l'attiraient certains cours de l'Institut Catholique, du Collège de France, de l'École des Sciences politiques et sociales, certains cours aussi de médecine légale du professeur Brouardel, et à Bonn où l'École allemande de Sociologie exposait déjà ses propres théories.

Revenu à Bruxelles, Henry Carton de Wiart s'inscrivit au Barreau ; il allait devenir en 1906, président de la Conférence du Jeune Barreau, en 1907, membre du Conseil de l'Ordre des avocats puis secrétaire de l'Ordre et, en 1923, président de la Fédération des avocats belges. Pour ses débuts dans la carrière, il se voulut stagiaire d'Edmond Picard, sénateur du parti ouvrier belge, dont l'éblouissante personnalité ne pouvait que le séduire et qui lui témoigna bientôt une confiance entière et la plus vive amitié. Là comme au cours de ses études, comme à l'Université, Henry Carton de Wiart noua des relations parfois étroites, toujours fidèles, malgré des options politiques ou philosophiques souvent différentes des siennes et l'on peut y voir une des raisons de son éclectisme, de sa compréhension et de cette tolérance pour autrui qui sont parmi les traits marquants de sa personnalité. Sa correspondance révèle la cordialité des rapports qu'il entretint avec les " anciens " de son collège : son ami Jules Renkin et Léon de Lantsheere dont les carrières allaient être assez parallèles, l'un futur ministre des Colonies, l'autre futur ministre de la Justice, Édouard Van Der Smissen, futur professeur à l'Université de Liège, Raphaël Merry del Val, qui sera secrétaire d'État de Pie X ; ses compagnons d'Université : Émile Vandervelde, Paul Hymans, Jules Destrée et son frère Olivier... ; ou ceux qu'il rencontra chez Edmond Picard, avocats ou magistrats, tels Jules Lejeune, Paul Janson, Alexandre de Burlet, etc. que l'illustre jurisconsulte se plaisait à recevoir à ses soirées, mêlés aux écrivains et aux artistes dont il savait avec tant de perspicacité discerner la valeur.

De la carrière d'avocat de Henry Carton de Wiart, soulignons quelques aspects : son rôle de conseiller juridique de diverses sociétés, son influence sur la jurisprudence notamment en matière d'assurances, ses études sur la procédure pénale, les modifications qu'il apporta à la législation, la formation qu'il donna lui-même à ses stagiaires dont certains seront, sur le plan politique, ses collaborateurs ou ses pairs : Albert Édouard Janssens, Pierre Nothomb, Georges André...

1891 est une date importante dans sa vie. Le 15 mai paraissait l'encyclique Rerum Novarum sur la condition des ouvriers. En septembre, un Congrès général des œuvres catholiques se réunissait à Malines. Henry Carton de Wiart y retrouvait ses meilleurs amis du collège : Jules Renkin et Léon de Lantsheere. Tous trois y défendaient les mêmes positions du catholicisme social que Henry fera triompher en 1912. Le Congrès à peine terminé, il imagina, avec ses deux " frères d'armes ", la création d'un hebdomadaire défendant les classes sociales défavorisées. Le 22 novembre, il lançait L'Avenir Social, " journal de doctrine sociologique et de polémique politique ", qui deviendra, en 1895, La Justice sociale, avec des thèmes d'ailleurs identiques : d'une part la défense de la famille ouvrière : limitation des heures de travail, salaire minimum, assurance obligatoire, protection, par l'État, de la propriété et de l'épargne... ; d'autre part la conquête de certaines réformes politiques : le service militaire personnel, l'instruction obligatoire, le régime électoral. Henry fondait à ce sujet une Ligue pour le Suffrage universel à 25 ans et la Représentation proportionnelle et participait à des meetings sur le suffrage universel avec Émile Vandervelde et Jules Destrée. S'ils ne parvinrent pas à imposer totalement leurs idées, ils contribuèrent cependant à l'établissement du suffrage universel plural dès le 18 avril 1893.

Parallèlement, Henry Carton de Wiart créait des cours du soir ouverts à tous, traitant de sujets politiques ou sociaux, dispensant ainsi une formation de base qui atteignait les milieux les plus divers, suscitant la fondation de coopératives, de mutuelles, de syndicats, etc. ; il publiait des brochures d'information destinées à atteindre une masse encore plus étendue et entrait en relation avec des personnalités internationales pareillement " engagées ", ainsi le comte Albert de Mun, dont la pensée lui était proche et qui l'avait enthousiasmé lors de sa conférence à Louvain en 1886.

Pour un autre public, Henry Carton de Wiart fondait, en 1894, avec Pol Demade et Henri Moeller, la revue Durendal, revue catholique d'art et de littérature. On y rencontrait les meilleurs noms de la littérature du temps, dont plusieurs comptèrent parmi les amis de Henry : Franz Ansel, Thomas Braun, Victor Kinon, Firmin van den Bosch, Georges Virrès, Maurice Dullaert, etc ; Pierre Nothomb, le secrétaire ; Henri Mazel et Tancrède de Visan, les correspondants à Paris ; et parmi les collaborateurs : Émile Baumann, Ernest Closson, Lucien Christophe, le comte Guillaume d'Arschot, Henri Davignon, Jacques des Gachons, Paul Fierens, Joannes Joergensen, Godefroid Kurth, Georges Hamaeckers, etc.

La position de combat de Henry Carton de Wiart allait bientôt s'accentuer encore. Élu en 1895 - il le restera jusqu'en 1911 - conseiller communal démocrate chrétien à Saint-Gilles, " commune à majorité populaire et traditionnellement de gauche ", Henry entrait, le 12 juillet 1896, à l'âge de 26 ans, comme député élu par l'arrondissement de Bruxelles, à la Chambre des Représentants ; il en sera secrétaire du 18 juillet 1900 au 17 juin 1911 et vice-président du 16 décembre 1919 au 20 novembre 1920. Il entamait ainsi cinquante-cinq années de vie parlementaire. Au milieu des cent onze représentants de la majorité de droite, " la forêt noire ", il créa la " Jeune Droite " avec Jules Renkin et Charles Mousset pour Bruxelles, Louis Stouffs pour Nivelles et " un outsider, l'abbé Daens " ; il en sera le leader et, sans tomber dans le piège de scinder son parti, luttera en son sein pour y instaurer toutes les positions du catholicisme social. Son action sur la législation, sociale en particulier, fut considérable, qu'il s'agît d'orientation générale ou d'émanation de lois. Rappelons-en quelques-unes. 1898 : loi concernant les unions professionnelles ; 1900 : le partage des petits héritages ; 1903 : le repos dominical et les accidents de travail ; 1906 : l'alcoolisme ; 1907: la durée du travail dans les mines ; 1909 : le service militaire personnel...

En 1911, Henry Carton de Wiart avait quarante-deux ans. Le 17 juin, il était nommé Ministre de la Justice dans le Cabinet de Broqueville. Il entrait ainsi dans la carrière ministérielle où on le retrouvera à nouveau, quelque 40 années plus tard, en juin 1950, Ministre de la Justice dans le Cabinet Duvieusart.

Pendant les sept années consécutives où il fut Ministre de la Justice, du 17 juin 1911 au 21 novembre 1918, il eut sous ses ordres ce qu'il est convenu d'appeler de " grands fonctionnaires " : Adolphe Prins, son ancien professeur à l'Université de Bruxelles, Isidore Maus, Maurice Dullaert, Victor Kinon, etc. ; tandis qu'à son Cabinet se succédaient Joseph de La Vallée Poussin, Antoine Ernst de Bunswyck, Henri Velge... L'œuvre réalisée est appréciable, tant dans le domaine administratif que législatif. Parmi les résultats les plus connus de cette action législative, citons : " la liquidation de la succession de Léopold II, la personnification civile des Universités libres, la loi sur les sociétés sans but lucratif, la loi sur la protection de l'enfance " loi Carton de Wiart " instituant des tribunaux pour enfants et qui resta une de ses œuvres maîtresses, les diverses améliorations qu'il apporta au Droit pénal : le premier volume de son Code de Procédure pénale lui valut les félicitations du Roi Albert ", sans oublier la création d'un Comité de Législation fonctionnant dans son Département et qui fut un des précurseurs du Conseil d'État, sans oublier non plus la loi sur la protection des sites, etc...

Lorsque éclata la guerre de 1914, combien Henry Carton de Wiart ne dut-il pas se féliciter d'avoir si vigoureusement contribué à imposer le service militaire généralisé ! Lors du Conseil des Ministres qui se tint dans la nuit du 2 ou 3 août 1914, la rédaction de la réponse à l'ultimatum fut confiée à Jules Van den Heuvel, Paul Hymans et Henry Carton de Wiart qui, de sa main, écrivit le texte historique. Mais bientôt les succès militaires allemands chassèrent d'Anvers le gouvernement belge qui s'y était réfugié ; leur campagne de calomnies pour couvrir leur tactique terroriste présentait la Belgique comme un pays arriéré et sanguinaire. Il fallait au plus tôt rétablir la vérité. Dès les premiers jours de septembre, Charles de Broqueville, Premier Ministre, imagina d'envoyer aux Etats-Unis une mission spéciale qui éclairerait l'opinion publique américaine sur l'agression allemande et la réalité des faits qui se déroulaient quotidiennement en Belgique occupée. Parmi les représentants de tous les partis, il choisit pour faire partie de la délégation : Émile Vandervelde, Louis de Sadeleer et Paul Hymans sous la présidence de Henry Carton de Wiart. La mission suscita un mouvement de solidarité enthousiaste et assura à la Belgique l'appui moral des Etats-Unis, en attendant son appui économique et finalement militaire.

Revenu à Ostende, Henry Carton de Wiart suivit le gouvernement au Havre. Il contribua à élargir le Cabinet pour en faire un Cabinet d'union nationale, répondant ainsi aux vœux du Roi Albert. Aux activités normales du Département de la Justice, s'en ajoutèrent d'autres du fait de la guerre. Henry Carton porta ses efforts sur les points particulièrement menacés dans le domaine de la législation et de l'administration. Au point de vue législatif, il s'attacha à sauvegarder le crédit public, à compléter la législation pénale par exemple en matière d'espionnage, de procédure vis-à-vis des militaires, de mesures de défense contre les menées de l'ennemi, à poursuivre aussi la publication des lois et actes du gouvernement... Au point de vue administratif, il assura le fonctionnement des services judiciaires sous le régime d'occupation ennemie, les organisant pour les réfugiés belges dans les divers pays, notamment en France, où il instaura un service des cultes, de la bienfaisance : établissements d'enseignement, asiles pour vieillards, pour enfants, etc. Il créa aussi la Commission d'enquête sur la violation du droit des gens ; présida le Comité gouvernemental de propagande ; constitua et présida la Commission chargée de l'examen des mesures à prendre en vue de réoccuper le territoire ; il créa encore l'office des Dommages de guerre et l'œuvre d'assistance aux prisonniers de guerre, laquelle fonctionna depuis mai 1915. Dans le même but de défendre la cause de la Belgique, il entreprit également l'une ou l'autre mission en France - il fut reçu à l'hôtel de ville de Paris en 1914 et à la Sorbonne en 1916 -, en Italie en 1918, etc.
Tenu à l'écart des pourparlers de Loppem vis-à-vis desquels il manifesta plus d'une réserve, notamment au sujet des initiatives financières et de la reprise des marks allemands, Henry Carton de Wiart ne fut pas impliqué dans les discordes et les intrigues qui finirent par amener la démission du Cabinet de Broqueville en mai 1918. Nommé alors ministre d'État, Carton de Wiart ne fut pas non plus appelé à participer au nouveau gouvernement d'union nationale, en formation dès les 14-15 novembre, avec le Premier Ministre Delacroix. Quelques mois plus tard, en avril 1919, Carton de Wiart fut nommé ministre plénipotentiaire à La Haye. Il s'agissait, entre autres, de liquider les problèmes juridiques et financiers qu'avait pu susciter la présence aux Pays-Bas, pendant la durée de la guerre, de milliers de réfugiés belges. Il s'agissait surtout, mission délicate, d'assurer les relations avec les Pays-Bas pendant que se déroulaient à Paris certaines négociations où la Belgique était représentée par Paul Hymans : négociations en vue, notamment, de revoir le traité de paix signé à Londres le 19 avril 1839 qui précisait la séparation entre la Belgique et les Pays-Bas et décrétait les modalités de navigation sur les fleuves des deux pays.

Le 28 juin, la paix de Versailles supprimait ce traité, tout en reportant à plus tard la mise au point de nouveaux accords internationaux et, en particulier, l'acceptation des desiderata belges concernant l'Escaut et la Meuse. Dès lors, pour Henry Carton de Wiart, le séjour à La Haye perdait de son intérêt. Il demanda à être déchargé de sa mission et vint reprendre à Bruxelles son activité parlementaire. Un incident, inattendu et retentissant, allait bientôt l'appeler à nouveau au premier plan de la vie politique belge.

La Pologne, envahie par les troupes bolchevistes, appelait à l'aide. La France répondit sur le champ par l'envoi de munitions. Sous la pression de É. Vandervelde, le Premier Ministre Delacroix refusa de les laisser passer par la Belgique. Aussitôt Carton de Wiart organisa une campagne de presse et un Comité de Secours Pro Polonia. Celui-ci rencontra un tel succès qu'il réunit en quelques jours les fonds nécessaires pour envoyer en Pologne les secours alimentaires et médicaux attendus. Le Cabinet Delacroix dut démissionner. Le 20 novembre 1920 Henry Carton de Wiart était chargé de constituer le nouveau Cabinet.

Ce fut également un Cabinet d'union nationale. Catholiques : Georges Theunis aux Finances, Aloïs van de Vyvere aux Affaires économiques, Henri Jaspar aux Affaires étrangères, Jacques Ruzette à l'Agriculture ; libéraux : Albert Devèze à la Défense nationale, Xavier Neujean aux Chemins de Fer, Postes et Téléphones, Louis Franck aux Colonies ; parti ouvrier belge : Émile Vandervelde à la Justice, Jules Destrée aux Sciences et Arts, Édouard Anseele aux Travaux publics, Joseph Wouters à l'Industrie, Travail et Ravitaillement.

La tâche du nouveau Cabinet était ardue et périlleuse : des questions essentielles et délicates avaient été ouvertes par le gouvernement précédent. Le Cabinet Carton de Wiart les inscrivit à son programme, dans une optique de concorde nationale et d'action démocratique, comme on put l'entendre lors de la déclaration gouvernementale le 23 novembre 1920.

La première et la principale de ces tâches, l'achèvement de la révision constitutionnelle, était dominée par le problème du Sénat : Carton de Wiart obtient pour celui-ci un nouveau statut. La durée du service militaire était particulièrement controversée, surtout par les socialistes qui prétendaient la réduire à six mois : après examen (2)
par une Commission mixte nommée par le gouvernement et où siégeaient des membres du Parlement, la durée en question fut provisoirement (3)
fixée à dix mois pour l'infanterie, et les modalités du service militaire des ecclésiastiques furent réglées. Le respect des clauses du Traité de Versailles et, entre autres, des réparations dues par l'Allemagne, créait aussi un problème crucial. Devant le refus obstiné de l'Allemagne de payer ses dettes, le gouvernement Carton de Wiart fixa une date ultime : le 11 mai 1921, la troupe occuperait Duisbourg et Dusseldorff. Et " le débiteur récalcitrant s'exécuta "...

La question linguistique avait pris au cours de la guerre 1914-1918 une ampleur inquiétante. " Je vois dans cette question linguistique en général, écrivait alors le Roi Albert, un des grands dangers pour le pays et même pour l'unité du Cabinet (4)
". La loi sur l'emploi du flamand en matière administrative, discutée à la Chambre en février-août 1920 (votée le 6 août 1920 par 95 voix contre 43 et 9 abstentions) devait encore passer au Sénat. Celui-ci consacra le droit des minorités par la loi du 31 juillet 1921 que remplacera d'ailleurs celle du 28 juin 1932. Un des points les plus chauds de la question linguistique était, à l'échelon de l'enseignement supérieur, la flamandisation de l'Université de Gand. Le discours du Trône du 29 novembre 1918 avait promis l'établissement d'une Université flamande. Le 6 août 1919, une Commission était chargée d'en étudier l'organisation. Avec Jules Destrée, Henry Carton de Wiart proposa le dédoublement graduel des cours. Le 29 juin 1923 fut acceptée une sorte de compromis proposé par le ministre des Sciences et des Arts, P. Nolf, partageant l'Université en deux sections.

Quant à la législation sociale, elle était en Belgique, depuis longtemps déjà, une des plus complètes du monde. Henry Carton de Wiart s'attacha à la parfaire, notamment en ce qui touchait à la condition de l'ouvrier : la journée de travail, la réparation des dommages résultant des accidents de travail, la santé physique, morale, intellectuelle des travailleurs. C'est alors aussi que furent promulguées la loi garantissant la liberté d'association (24 mai 1921) et celle accordant la personnalité civile aux associations sans but lucratif et aux établissements d'utilité publique (27 juin 1921). C'est alors également que furent prises diverses mesures concernant le relèvement économique et financier du pays : loi sur les impôts, loi concernant le contrôle de la gestion financière des départements, ouverture de crédits aux industries, réparation des dommages de guerre, restauration des régions dévastées, etc.

Malgré ces résultats positifs, le Cabinet Carton de Wiart sombra bientôt sur les écueils. En octobre 1921, Édouard Anseele, ministre des Travaux publics, présidait à La Louvière la remise à des jeunes gens, de drapeaux rouges où figurait un soldat belge brisant son fusil. Albert Devèze, ministre de la Défense nationale, avertit de l'incident Carton de Wiart alors en mission à Paris et lui remit sa démission. Le Premier Ministre la refusa, revint aussitôt à Bruxelles, demanda à Anseele des explications qui lui parurent insuffisantes et l'invita à démissionner. Les quatre ministres socialistes quittèrent le gouvernement : Anseele, Destrée, Vandervelde, Wouters. Pourtant le Cabinet, ainsi réduit aux représentants des deux partis traditionnels, garda la confiance du Parlement et Carton de Wiart remplaça Anseele par Ernest Mahaim, extraparlementaire, professeur à l'Université de Liège. La crise était écartée. Mais peu après, un nouveau péril fut décisif pour le gouvernement. En novembre, malgré de vives oppositions, Carton de Wiart persista à nommer au poste de bourgmestre d'Anvers, alors vacant, Frans Van Cauwelaert dont il garantissait le patriotisme quoique ses options extrémistes fussent notoires. Louis Franck et Albert Devèze donnèrent leur démission.

Cette fois, il fallut de nouvelles élections (novembre 1921). Le parti catholique en sortit raffermi. Il avait gagné 7 sièges : 80 au lieu de 73. Il insista auprès de Carton de Wiart pour qu'il restât à la tête du gouvernement. Mais sans doute Carton de Wiart sentait-il trop de mésintelligence parmi les ministres ? Ou peut-être estimait-il que les tâches du nouveau Cabinet seraient surtout économiques ? Il souhaita qu'elles fussent assumées par un financier et c'est en effet Georges Theunis, son ministre des Finances, qui prit sa succession (1921-1924). Elle était lourde : en 1924 seulement s'apaisa la première grande crise économique, pour reprendre quelque deux ans plus tard, puis aux alentours de 1930. Pendant toute cette période, Henry Carton de Wiart continua à lutter, dans le cadre du Parlement, pour la défense des principes démocratiques chrétiens : la famille, la moralité publique, la petite propriété, le suffrage féminin, etc...

Le 22 octobre 1932, le gouvernement de Broqueville succédait au gouvernement Renkin. Le nouveau Cabinet, catholique-libéral, comptait plusieurs anciens Premiers Ministres de la droite : à côté de Charles de Broqueville lui-même, Henri Jaspar, Georges Theunis, Prosper Poullet... Henry Carton de Wiart y reçut le portefeuille du Travail et de la Prévoyance sociale, créé le 17 décembre de cette année et qui réunissait les attributions distraites du Ministère de l'Industrie, du Travail et de la Prévoyance sociale, et du Ministère de l'Intérieur et de l'Hygiène (5)


L'activité que Carton de Wiart put exercer dans ces fonctions correspondait à ses préoccupations constantes. Les lois et arrêtés émanés pendant cette période nous en conservent l'écho : ils visent à l'amélioration du secteur social. Ils concernent les accidents du travail, le Fonds d'allocation pour employés, les Sociétés mutualistes, la réparation des dommages résultant des accidents du travail ; le redressement financier et la réalisation, par l'État, de son équilibre budgétaire, ce qui entraînait diverses mesures de contrôle et de réduction de crédits en faveur de sociétés, etc. ; l'assimilation des sujets néerlandais et des sujets belges au point de vue de l'assurance invalidité-vieillesse, la réforme du régime des pensions de vieillesse ; diverses mesures de salubrité publique, mesures prises au sujet de la fabrication et du trafic des stupéfiants, campagne contre la pollution des rivières et pour l'épuration des eaux...

Pourtant H. Carton de Wiart ne rencontra pas les appuis parlementaires qu'il aurait souhaités. Le 10 janvier 1934, un arrêté royal acceptait sa démission ainsi que celle du ministre de l'Intérieur, Prosper Poullet. Ce même 10 janvier, un autre arrêté royal nommait Carton de Wiart délégué permanent auprès de la Société des Nations, " le nombre et l'importance des problèmes internationaux soumis aux délibérations de la Société des Nations exigeant une continuité de la représentation de la Belgique ". Le nouveau délégué était, pour ce faire, la personnalité toute trouvée. Depuis longtemps, il fréquentait l'Assemblée ; en 1925 déjà, il avait été chargé par elle d'établir une Convention internationale à propos des armements. Aussi longtemps que cela fut possible, il fit confiance à la SDN. en 1939, il présidera sa dernière séance - et, tout au long de sa charge, il s'efforça de poser " les problèmes de l'heure sur un plan supérieur et ... de concilier l'intérêt de son pays avec le progrès du Droit international ".

Lors de la guerre de 1940 - il avait alors 71 ans - il fut avec les ministres d'État Paul Hymans et Émile Brunet, choisi par le Gouvernement belge " pour l'assister de leurs conseils ". " Délié de ce service ", il rentra en Belgique occupée et continua, par son action et ses écrits, à éclairer et soutenir l'opinion publique. Un de ses ouvrages fut saisi par l'occupant : Les Cariatides. Lui-même peu après fut pris comme otage, suite à un attentat à la dynamite d'un établissement fréquenté par les Allemands, et il fut incarcéré à la prison de Louvain avec d'autres personnalités : l'avocat F. Bastin, le commissaire en chef de la Police judicaire, F. Franssen, le général Goethals, le général Jacovleff, le Dr. A. Dejase, le chanoine Goffoel, le professeur Gustave Charlier, le professeur Vauthier, F. Canivez, etc.

II avait reconnu "ouvertement qu'à Limoges, il avait été induit en erreur" et en exprima officiellement ses regrets. Il n'épargna aucun effort pour défendre la monarchie : obtenir la libération de Léopold III incarcéré par les Allemands au début de juin 1944, son retour sur le trône, puis une solution acceptable de la " question royale " qui, très vite avait pris des allures de crise et, finalement, le recours à une consultation populaire. Devant l'irréductibilité de la gauche, il savait déjà la partie perdue pour Léopold III, mais non pour la monarchie, et si le Cabinet Duvieusart dont il détint le portefeuille de la Justice du 8 juin au 16 août 1950, dut démissionner, Henry Carton de Wiart eut néanmoins la joie de voir le prince Baudouin revêtu des pouvoirs royaux dès le 3 août 1950, " gage de ralliement autour du Trône " et de raffermissement de l'unité nationale.

La personnalité de Henry Carton de Wiart avait un " relief étonnant " auquel contribuaient sa vitalité, son ouverture d'esprit et de cœur. Son caractère, ses études, l'exercice de sa profession d'avocat l'avaient orienté vers un souci de justice, de réalisme, de compréhension, de constructivité. Son œuvre législative l'exprime abondamment : réforme de la législation pénale - son premier volume du Code pénal lui valut les compliments du Roi Albert - prévoyance sociale ; défense de la santé publique à tous les niveaux, moral, intellectuel, physique.. ; protection de l'enfance : la loi du 15 mai 1912 qui porte son nom, le mouvement international de protection de l'enfance dont il fut l'âme, l'Association internationale de la protection de l'enfance qui fut élaborée lors du Congrès de 1913 qu'il présida et qui fut le premier de ce genre à avoir une portée universelle.

La nature de son esprit l'entraînait vers les problèmes posés à l'échelle des nations : la justice et la paix mondiales. Dès 1900, il participait aux Conférences de l'Union interparlementaire dont le but était d'intéresser les Assemblées législatives au règlement pacifique des conflits internationaux ; en 1934, il était élu président de son Conseil, poste auquel il renonça en 1947. Nous avons dit plus haut sa participation à la Société des Nations comme délégué permanent de la Belgique ; dès 1920 il militait pour l'Europe unie et, toute sa vie, il œuvra pour le règlement pacifique des conflits et le développement des relations entre nations.

Homme d'État, juriste, sociologue, il fut aussi ouvert aux arts et aux lettres, " à la fois un créateur et un serviteur de beauté ", intervenant en faveur des musées, des monuments historiques ou de valeur, des sites, de la cité elle-même. Membre, honoraire depuis 1912, du Corps académique de l'Académie royale des Beaux-Arts d'Anvers, il était Président des Amis de la Forêt de Soignes, ligue créée à l'initiative de Charles Buls, bourgmestre de Bruxelles, Président du Comité de patronage et de la Commission de la Peinture ancienne, Président de la Commission royale des Musées des Beaux-Arts, Président de la Commission officielle de l'Abbaye de la Cambre, etc.

Élu le 3 juillet 1915 membre correspondant à la section de Législation, de Droit public et de Jurisprudence de l'Académie des Sciences morales et politiques à l'Institut de France, il fut aussi membre effectif, depuis le 4 mai 1925, de l'Académie Royale de Belgique, Classe des Lettres, Section des Sciences morales et politiques ; il y siégeait depuis le 1er décembre 1919. II faisait partie de l'Académie royale de Langue et de Littérature françaises de Belgique depuis sa fondation en 1920.

Nous ne reprendrons pas ici la liste de ses publications. Lors de son jubilé parlementaire, en 1946, on en avait calculé le nombre et Frans Van Cauwelaert, alors président de la Chambre, notait dans son allocution : " ...cinquante-neuf ouvrages et études littéraires qui firent l'objet d'une publication séparée et trente-neuf travaux indépendants sur des objets de sociologie, de politique, d'histoire et de droit..., collaboration à cinquante-quatre revues littéraires et à vingt-trois revues de droit ou de sociologie et je n'ai pu songer à faire le dénombrement des articles... (6)
".

La personnalité de Henry Carton de Wiart donna de l'éclat aux causes qu'il fit siennes et cet éclat rejaillit sur son pays. Il est certain aussi que son rôle dura une période exceptionnellement longue. " Dans toute notre histoire parlementaire, lui écrivait Charles Terlinden, je ne vois que de Theux, entré dans un ministère en 1834 et y rentré en 1871, qui puisse rivaliser avec toi comme longévité politique... Tu apportes à tes jeunes collègues non seulement le trésor précieux de ta longue expérience, mais également une inlassable puissance de travail et un esprit toujours en éveil... (7)
". Le Roi Albert, dont le jugement était sûr et qui n'était pas prodigue de compliments, lui écrivit à plusieurs reprises des paroles élogieuses : " ... combien j'ai estimé le talent, l'activité, le patriotisme que vous avez déployés à des heures particulièrement difficiles... (8)
".
" Dévouement, tact, souci des intérêts vitaux, exacte compréhension des besoins d'un pays tourmenté par les maux d'après-guerre ... (9)
", le comte Carton de Wiart " ... donna un inoubliable exemple de conscience, de fidélité à son idéal, de patriotisme agissant et intransigeant et, pendant plus d'un demi-siècle, il hanta le Parlement, entouré de l'estime de ceux qui, s'ils ont été parfois ses contradicteurs, n'ont jamais songé à être ses adversaires... (10)
".

Henry Carton de Wiart avait épousé le 21 avril 1897, Eugénie-Juliette Verhaegen. Née à Bruxelles le 30 décembre 1872, fille aînée de Jean-Georges et de Marie Rommel, elle était la nièce de Arthur Verhaegen, chef de la Démocratie chrétienne en Belgique et fondateur, à Gand, des œuvres Démocratie-chrétienne du " Volk " ; elle était aussi l'arrière-petite-fille de Théodore Verhaegen, fondateur de l'Université libre de Bruxelles.

Très attentive aux questions sociales, elle découvrit, lors d'un voyage en Amérique, l'intérêt de la législation juvénile des " Childrens Courts ". Elle fut conquise et, à partir de 1905, approfondissant le sujet, elle rédigea divers rapports, créant un courant d'opinion qui aboutit à l'adoption de la loi du 12 mai 1912, " créant les premiers Tribunaux pour enfants sur le continent européen (11)
". Après la guerre de 1914-1918, elle s'occupa de l'Institution royale de Messines pour filles d'officiers et de soldats et créa le Home familial pour jeunes gens, établi à Uccle, et destiné aux mineurs placés en régime de liberté ; elle fonda, avec le comte Henry Carton de Wiart, un " Prix Carton de Wiart " pour récompenser l'enfant de Justice le plus méritant.

Membre de la Commission royale des Patronages depuis le 27 mars 1911, Présidente de la Commission permanente des Congrès d'Assistance publique et privée, Présidente de l'Union internationale des Juges des Enfants, elle s'intéressa vivement aux arts et à la culture ; elle eut le souci d'en répandre le goût et d'en développer la compréhension, organisant des conférences populaires dans les musées de Belgique et fondant, entre autres, avec M. Fierens-Gevaert, la " Diffusion artistique des Musées royaux des Beaux-Arts ".

Son attitude pendant la guerre de 1914 lui avait valu une incarcération de 3 mois dans les prisons de Berlin.

Elle mourut à Bruxelles le 15 novembre 1955, à l'âge de 83 ans.

Archives

Acquisition

En 1972, la baronne Albert Houtart, née Carton de Wiart, décidait de confier aux Archives Générales du Royaume un lot d'archives qui porterait le nom de Papiers Carton de Wiart (12)
et resterait la propriété de la famille ; la consultation en serait réservée.

Contenu

Les Papiers Carton de Wiart sont d'une valeur inégale.

La personnalité de Henry Carton de Wiart, le rôle qu'il joua sur la scène politique pendant plus d'un demi-siècle, expliquent en partie l'attrait qu'exercent ses Papiers. Mais leur intérêt réside sans aucun doute dans deux catégories de documents : 1° la collection de procès-verbaux des séances du Conseil des Ministres - ou du Conseil de Cabinet - du 20 novembre 1920 au 9 décembre 1921, période durant laquelle H. Carton de Wiart assuma les fonctions de Premier Ministre et Ministre de l'Intérieur ; 2° la correspondance d'ordre politique, religieux, littéraire, artistique, etc... adressée en ordre principal à Henry Carton de Wiart et à son épouse Juliette Verhaegen, de 1896 à 1955.

La collection des procès-verbaux des séances du Conseil est strictement et absolument inconsultable. La collection de correspondance s'ouvre par une trentaine de lettres du Roi Albert, qui s'étendent de 1912 à 1921 (13)
. Elles montrent - ce que chacun sait - l'intérêt du Roi pour tous les secteurs de la vie politique, mais aussi l'estime en laquelle il tenait le comte Carton de Wiart pour son action dans ces divers domaines : œuvre révisionniste, protection de l'enfance, problème du haut enseignement flamand, temps du service militaire, attitude vis-à-vis de la classe ouvrière. A la veille de la démission de Carton de Wiart de ses fonctions de Premier Ministre et Ministre de l'Intérieur, il lui écrivait entre autres, cette parole élogieuse : " ... Je considère que vous avez lieu d'être très satisfait de ce que vous avez pu accomplir comme chef du gouvernement en des temps aussi difficiles (14)
... ".

L'ensemble de la correspondance réunie ici émane généralement de personnages connus, en Belgique ou à l'étranger, dans le domaine des arts ou des lettres, la diplomatie, le monde politique ou administratif, judiciaire ou religieux, ou simplement dans la société. A côté des invitations et remerciements, on y trouve un nombre considérable de lettres souvent substantielles, parfois confidentielles, d'intellectuels, d'artistes, de personnalités " engagées ". Citons par exemple, les lettres de Jules Destrée, d'Edmond Picard, d'Émile Vandervelde, de Godefroid Kurth, ou celles - qui forment une correspondance suivie - du littérateur danois Joannes Joergensen et du peintre Jacob Smits.

Mode de classement

Cet inventaire comprend deux Parties, suivies d'une Annexe.

Les papiers de famille

Ils comportent :

des papiers personnels : lettres de faire part, souvenirs, catalogues, papiers relatifs à l'une ou l'autre activité : administration de sociétés, présidence d'associations, participation à diverses commissions, voyages, invitations et réceptions, etc., correspondance familiale, portraits et photos, distinctions et décorations, manifestations diverses... Nous y avons joint les papiers relatifs aux activités de Juliette Verhaegen qui ont été répartis sous trois rubriques :
Activités patriotiques ou la guerre de 1914-1918. Il s'agit là, en ordre principal, de l'arrestation de Juliette Verhaegen par les Allemands, en mai 1915, et de son incarcération à la prison de Berlin, de la correspondance à ce sujet et des démarches diplomatiques mises en œuvre pour sa libération le 14 septembre, sa peine de cachot étant arrivée à son terme.
Activités sociales. La comtesse Carton de Wiart se consacra particulièrement à l'œuvre de la Protection de l'enfance et collabora à l'élaboration de la loi du 15 mai 1912 sur cet objet.
Activités artistiques et littéraires. Ses ouvrages sur Brand Whitlock et ses conférences sur des sujets artistiques.

des papiers se rapportant aux fondations de bourses d'études, fondations dont certains membres de la famille Carton furent les auteurs ou, surtout, les bénéficiaires.

Nous nous sommes efforcé de classer les Papiers personnels selon les principes énoncés par E. Lejour dans son étude sur les archives de famille (15)
. Les Papiers relatifs aux bourses d'études ont été classés suivant l'ordre chronologique des fondations.

Les papiers politiques et littéraires de Henry Carton de Wiart et de Juliette Verhaegen

Sous ce titre, nous avons groupé les papiers se rapportant aux activités publiques de Henry Carton de Wiart et la correspondance, principalement politique et littéraire qui lui fut adressée ainsi qu'à la comtesse Carton de Wiart.

Correspondance politique et littéraire

Pour éviter la multiplication des rubriques, nous n'avons établi qu'une seule liste alphabétique des correspondants, en indiquant, en note, si la pièce était adressée aux deux époux ou à la comtesse Carton de Wiart uniquement. Dans cette liste sont également insérées, au nom du destinataire, les minutes ou copies de lettres rédigées à son intention, par Henry Carton de Wiart ou par Juliette Verhaegen. Étant donné l'intérêt de cette correspondance qui, par ailleurs, constitue une remarquable collection d'autographes, nous avons donné un numéro de classement à chaque correspondant et indiqué le total de ses lettres ainsi que leurs dates précises. Soulignons aussi qu'une abondante correspondance se retrouve dans les dossiers tant politiques que littéraires. Nous l'avons traitée de la même façon : listes par ordre alphabétique des correspondants dont chacun a été pourvu d'un numéro.

Papiers relatifs aux activités publiques de Henry Carton de Wiart

Le classement de ces Papiers suit, dans la mesure du possible, le cours de la carrière de Henry Carton de Wiart, aux niveaux du barreau, de la politique, de la vie littéraire.

L'activité proprement politique concerne

la politique intérieure dans le parti catholique, le Parlement, le Gouvernement, et face à trois problèmes auxquels H. Carton de Wiart fut confronté et qui s'étendirent sur plusieurs ministères : la question linguistique, la question royale, la réforme administrative et celle de l'État ;
la politique extérieure de la Belgique : en 1919, au poste de ministre plénipotentiaire à La Haye ; tout au long de sa carrière, dans différentes Assemblées ou Commissions internationales : à la Société des Nations où il fut, depuis 1934, le délégué permanent de la Belgique ; à l'Union interparlementaire dont il fut président du Conseil de 1934 à 1947...

Les papiers se rapportant aux œuvres littéraires ou politico-littéraires, historiques, juridiques, etc. de Henry Carton de Wiart, ont été groupées par catégories : ouvrages, articles et conférences, discours etc., critiques, prix. Pour chaque catégorie, nous avons suivi l'ordre chronologique qui nous mène de 1897 à 1951, réunissant autour de chaque œuvre les manuscrits, les ilotes, les comptes rendus et la correspondance à son propos.

Pour terminer, diverses publications classées par ordre alphabétique des auteurs. Il s'agit

de publications sur Henry Carton de Wiart, soit qu'il en soit l'objet, ou qu'il y soit question de lui ;
de publications sur divers sujets : ouvrages et coupures de presse.

Annexe : papiers de familles

En annexe, nous avons placé les papiers provenant de la famille Navez, parente de la famille Carton de Wiart. L'arrière-grand-père de Henry Carton de Wiart, Henry-Joseph-Ghislain, avait en effet épousé, en 1778, Catherine-Élisabeth Aerts dont un frère, Joseph-Jacques, épousait Marie-Thérèse Speeckaert. De ce mariage naquit une fille, Anne-Catherine (4e enfant) qui contracta un premier mariage avec Nicolas Navez, père de Victor, auteur de trois enfants dont Palmyre et Clémentine, détentrices des Papiers en question.

Ils concernent principalement les familles de Bournonville et de Mansfelt. Tout au long de l'histoire de France, de Bourgogne ou des Pays-Bas, on rencontre des Bournonville jouant un rôle éminent dans la politique, la diplomatie ou les opérations militaires. Ceux dont il s'agit ici sont, principalement, des Bournonville de la fin du XVIe et du XVIIe siècles : Oudart de Bournonville ; Alexandre, son fils, premier duc de Bournonville ; Alexandre-Hippolyte, fils d'Alexandre, tous hommes de guerre, doublés de politiciens. Marie-Chrétienne d'Egmont, fille de Lamoral, épousa Oudart de Bournonville, puis Guillaume de Lalaing, enfin Charles de Mansfelt.

Les Papiers ici inventoriés se rapportent à des titres, des hauts-faits, des successions, des nominations, des comptes, ou aux affaires militaires du temps. Souvent il s'agit de copies postérieures. Nous les avons groupés sous deux rubriques :

Archives personnelles,
Actes relatifs aux biens, classés par ordre alphabétique des localités.

En annexe, documents sans rapport apparent avec ces Papiers.

Nous n'avons pas retrouvé le lien qui unirait la famille Navez à la maison de Bournonville. Un fait est certain. Au début du XIXe siècle, les Papiers de Bournonville furent dispersés et acquis par divers collectionneurs. C'est ainsi qu'on en trouve, d'ailleurs fort semblables à ceux qui figurent ici, dans les Autographes du Baron de Stassart. Un petit Fonds, Archives de la Famille de Bournonville (16)
, réunit certains documents datant du XVe au XVIIIe siècles, retirés des Varia des Archives de Familles, de divers Accroissements, et des Manuscrits divers où d'ailleurs il en reste encore. On trouve également des dossiers concernant Bournonville dans les Papiers Roose. Signalons qu'aux Archives de l'État à Beveren-Waas, des Papiers de la Famille de Bournonville (Tamise) comportent environ 6 mètres courants d'archives dont une soixantaine de registres : ils se rapportent aux XVIIe - XVIIIe siècles. Ils ne sont pas classés.

Quant aux Mansfelt, il existe aux Archives Générales du Royaume, un certain nombre de documents dans les Manuscrits divers, se rapportant à l'un ou l'autre Mansfelt : Pierre-Ernest, gouverneur et capitaine général du duché de Luxembourg et du comté de Chiny, qui fut gouverneur général des Pays-Bas après la mort de Alexandre Farnèse et jusqu'à l'arrivée de l'archiduc Ernest en janvier 1594 ; Charles de Mansfelt, un de ses fils, qui épousa Marie-Chrétienne d'Egmont, fille de Lamoral.




1 /AGénéralités. Généalogies : Colonel DE PATOUL, Notice généalogique de la famille Carton de Wiart dans Annuaire de la noblesse belge, 1910. Transcription dactylographiée et photocopiée.1 pièce
1 /BNotice généalogique de la famille Carton de Wiart, extrait de l'État présent de 1a noblesse du Royaume de Belgique, t. III, 1961. Transcription dactylographiée et photocopiée.1 pièce
1 /CJean-François HOUTART, Les 64 quartiers du comte Henry Carton de Wiart (1869-1951) dans L'Intermédiaire des Généalogistes, n° 194, A°XXXIII, mars 1978. Photocopie.1 pièce
2Généralités. Armoiries, devise, ex-libris de Carton de Wiart.4 pièces
3Généralités. Souvenirs de famille : notes de cours, fondations de messes pour la famille Carton de Wiart (1924, 1930, 1936, 1958) ; poème (1824) ; photos de famille et de tableaux de famille, XVIIe-XXe siècles.1 liasse
4Dorothée-Pétronille-Ghislaine Carton : Faire-part de décès, le 12 octobre 1806.1 pièce
5Gilles-Marie-Ghislain Carton : Faire-part de décès, le 9 octobre 1807.1 pièce
6(Henry-Joseph-Ghislain Carton et) Catherine-Élisabeth Aerts : Faire-part de décès de Catherine-Elisabeth Aerts, le 10 mai 1810.3 pièces
7(Pierre-François-Henry Carton de Wiart et) Marie-Dorothée Josèphe Aerts : Faire-part de décès de Marie-Dorothée-Josèphe Aerts, le 5 janvier 1838.2 pièces
8Louis-Joseph-Ghislain Carton de Wiart : Faire-part de décès, le 14 septembre 1842.1 pièce
9Henri-Joseph-Guilain-Jacques Carton de Wiart et Clotilde-Eulalie Van den Elsken : Faire-part de décès de Henri-Joseph-Guilain-Jacques Carton de Wiart, le 17 juin 1852.1 pièce
10Victor-Joseph-Ghislain Carton de Wiart : Faire-part de décès, le 16 février 1846.4 pièces
11Marie Carton et Gustave Ghyon : Faire-part de mariage, le 13 novembre 1835.1 pièce
12(Alexandre-Joseph-Ghislain Carton de Wiart et) Isabelle Josine-Van den Elsken : Souvenirs mortuaires de Isabelle-Josine Van den Elsken.18 pièces
13Adrien-Bonaventure-Ghislain Carton de Wiart et Zoé-Marie-Isabelle Ryan : Souvenir mortuaire de Adrien-Bonaventure-Ghislain Carton de Wiart.2 pièces
 14Faire-part de décès, le 27 septembre 1849.6 pièces
 15Catalogue des livres de sa bibliothèque. Un volume manuscrit. in 4°.1 pièce
 16Souvenirs scolaires du Collège de la Compagnie de Jésus à Alost, 1836-1843.1 liasse
 17Carnet de mariage de Riégo-Constant avec Marie-Clémence-Jeanne-Ghislaine Cammaerts, le 22 avril 1865.1 pièce
 18Correspondance reçue : Lettres de Henry Carton de Wiart, 6 décembre 1878, 28 août 1884.2 pièces
 19Faire-part de décès de Riégo-Benjamin-Constant Carton de Wiart, le 22 juin 1895.1 pièce
 20Correspondance reçue par Marie-Clémence-Jeanne-Ghislaine Cammaerts : Lettres de Henry Carton de Wiart : 27 mai, 16 juillet, 23 et 27 septembre, 20 décembre 1913 ; 4 janvier, 14 avril, 12, 15 et 27 mai 1914 ; 24 avril, 5 et 6 mai, 6 juin, 5, 8, 10 et 29 juillet, 10 et 18 août, 9 octobre, 26 décembre 1915 ; 1923 (?).23 pièces
 21Correspondance reçue par Marie-Clémence-Jeanne-Ghislaine Cammaerts : Lettres de Juliette Verhaegen : 9 juillet 1913 ; 22 septembre 1915.2 pièces
 22Riégo-Benjamin-Constant Carton de Wiart et Marie-Clémence-Jeanne-Ghislaine Cammaerts : Correspondance reçue par Marie-Clémence-Jeanne-Ghislaine Cammaerts : Lettres de Ghislaine Carton de Wiart : 13 juillet, 19 août 1915 ; ler septembre (1915 ?).3 lettres
 23Photocopie d'une lettre écrite par Marie-Clémence Cammaerts à ses enfants, quelques heures avant son décès, le 17 février 1925.2 pièces
 24Faire-part de décès de Marie-Clémence-Jeanne-Ghislaine Cammaerts, le 17 février 1925.2 exemplaires
 25Succession : frais divers, droits divers, 1925.1 liasse